Eternelle routine à l’approche de la saison des pluies, le curage des caniveaux devient de plus de plus une épine dans les pieds des autorités administratives et politiques de Bamako. Cette opération devant servir de facteur de prévention des inondations n’a pas bonne presse dans la capitale aux trois caïmans.

En dépit de l’installation de l’hivernage, le niveau de curage des caniveaux laisse à désirer. En cette période, il s’agit de faire un simple constat auprès de soi, aux abords des voies publiques, des grandes artères et des collecteurs pour s’imprégner de cette triste réalité. Un peu partout, ce sont des opérations de curage de caniveaux qui sont à la traine. Ceci est sans doute la résultante que la ville de Bamako est confrontée à un véritable problème d’assainissement. De ce fait, le suivi du processus de curage constitue l’un des points d’ombre de ce dysfonctionnement. A l’absence d’une robuste politique de gestion du processus, s’ajoute l’insuffisance des ressources allouées à ce sous-secteur. Et la situation devient de plus en plus compliquée, surtout pendant l’hivernage. Pendant que les autorités essayent de trouver les moyens pour le curage, des populations continuent de déverser des déchets d’ordures dans les caniveaux. Devant l’impunité de ces actes, l’utilisation des maigres ressources dans cette opération est vouée à l’échec. Pourtant, l’objectif recherché est de pallier les multiples inondations, occasionnant des pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants.
Pour ce faire, la mairie du District lance chaque année un programme de curage de caniveaux et des collecteurs à l’approche des saisons de pluies, sous la supervision de la Cellule technique d’appui aux collectivités (Ctac), cheville ouvrière de ces opérations. En 2015, suite à l’opération curage qui s’est avérée insuffisante, la mairie a pris la décision de faire de vastes programmes de curage de caniveau.

Ainsi, en 2017, il a été lancé un très vaste programme de curage de 227 km de caniveaux, de collecteurs et autres traversées de chaussés, pour un coût de 1,141 milliard de FCFA. En 2018, le programme a été exécuté en trois phases : les points noirs et très sensibles, susceptibles de provoquer des inondations ; les caniveaux et collecteurs ; l’entretien de certaines localités, soit 377 à 378 km de linéaire pour une somme de 2 181 409 000 FCFA.
En 2019, malgré les contraintes budgétaires, le curage des caniveaux et collecteurs a été fait et a concerné les endroits critiques, ainsi que les autres endroits. Le coût de ce programme 2019 a été estimé à plus de 972 millions de FCFA. Toutes ces opérations n’ont pas suffi à éviter des inondations dans la ville. L’arbre ne doit pas cacher la forêt, car au-delà des discours, l’apport de l’Etat manque. En plus des problèmes de décharge des déchets solides, il y a l’incivisme de certains citoyens.

Il faut aussi souligner l’insuffisance et le mauvais dimensionnement des ouvrages d’assainissement. Il se trouve que de façon générale, les cours d’eau naturels ne sont pas aménagés et sont très souvent transformés en dépotoirs d’ordures. L’insuffisance au niveau des infrastructures. Cela sous-entend que le drainage ne peut pas se faire correctement. Autre insuffisance, c’est que les caniveaux ne sont construits qu’à travers des constructions des routes. Egalement, à plusieurs endroits, les routes ne sont pas revêtues. Pour une capitale qui se développe et se modernise à l’image de Bamako, la gestion de l’assainissement en général et du curage des caniveaux pendant l’hivernage doit être une affaire qui interpelle plus l’Etat.
Présentée par Jean Goïta

Source: la lettre du Peuple