Des échauffourées ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre, le mercredi 7 septembre 2022 à Manantali.  Les manifestants exigent le départ immédiat du Directeur Général du Barrage, un Sénégalais. Motif invoqué par les jeunes en colère : lors d’un très récent recrutement et lors des précédents, le DG a tout simplement ignoré les jeunes de la localité, préférant donner leurs chances à des postulants sénégalais et mauritaniens. Parmi les jeunes en colère qui ont décidé de manifester violemment leur indignation, au moins 29 ont été arrêtés puis conduits à la Brigade judiciaire de Bafoulabé.

Des affrontements accompagnés de jets de pierres ont éclaté entre forces de l’ordre et jeunes au chômage, à Manantali, le mercredi 7 septembre. La manif s’est soldée par l’arrestation musclée de 29 jeunes. Joint par nos soins au téléphone, le Commandant de Brigade de Manantali, Amadou Maïga, parle d’une marche non autorisée qui constitue une violation des textes de la République du Mali : « Nous avons mis la main sur 29 manifestants. Ils ont été conduits à la Brigade de Bafoulabé. Ils ont marché sans autorisation et ont empêché les agents du Barrage de travailler. Ce qu’ils ont fait, est une opposition à l’autorité. La marche n’a pas été autorisée, et nous sommes dans un Etat de droit. »

 

 Quant au sort des jeunes arrêtés, il appartient au juge d’en décider, selon les propos de notre interlocuteur. « Nous avons fait ce que nous devrions faire. C’était de les empêcher de manifester et de les arrêter. Et c’est ce que nous avons fait ; donc, les juger ou les libérer ne relève pas de notre ressort. Cela appartient au juge », a précisé l’officier. Avant de reconnaître la légitimité de la lutte des jeunes tout en condamnant leur manière d’exprimer leur mécontentement.  « Les faits que les manifestants dénoncent sont réels, mais il faut une autorisation de marche, puisque nous sommes dans un Etat de droit », a-t-il fait savoir.

  A sa suite, Kaladjoula Kouyaté, une des têtes de proue de la manifestation est revenue sur les raisons qui ont poussé les jeunes à se révolter contre le DG : « Les populations exigent le départ du DG du barrage de Manantali. C’est un Sénégalais qui, souvent, ne vient passer que 4 jours à Manantali pour repartir aussitôt. Il peut faire 5 mois sans mettre les pieds à Manantali ». Notre interlocuteur a poursuivi en affirmant que la majeure partie de ceux qui travaillent sur ce barrage sont des Sénégalais et des Mauritaniens. « Il refuse de recruter les jeunes de Manantali qui sont pourtant presque tous au chômage. Ils préfèrent recourir aux compétences de jeunes de nos pays voisins. Pour nous, cela est inacceptable », a-t-il déploré. C’est pourquoi, a-t-il défendu, les jeunes de Manantali sont sortis hier matin dans la rue pour manifester leur mécontentement. Acte qui s’est soldé par l’arrestation d’une cinquantaine de jeunes. Et le jeune griot de préciser ceci : «   Au moment où je vous parle, les arrestations sont en cours, les forces de l’ordre sont descendues en ville pour traquer les manifestants qui se sont cachés ».

Kouyaté a appelé à l’apaisement en disant que rien ne vaut la paix et l’unité. « A ce titre, je demande aux dirigeants du barrage de Manantali de faire de la jeunesse sur place leur priorité absolue. Les jeunes ont besoin d‘emploi pour subvenir aux besoins de leurs familles. Mais si les dirigeants du barrage ne réagissent pas après cette manifestation, nous allons reprendre la rue. Cela est clair et net.  Je demande aussi la libération de nos camarades arrêtés », a-t-il conclu.

Seydou Fané  

Source: Les Échos- Mali