A Bamako, comme dans de nombreuses autres localités du Mali, il est fréquent de voir des agents de sécurité nationale en train de jouer avec leurs appareils portables, souvent, tout au long de leurs heures de service, au mépris, non seulement, de leur mission régalienne de protection des personnes et leurs biens, mais aussi, au péril de leurs propres vies. Cette manipulation quasi-obsessionnelle des téléphones portables et autres appareils électroniques, est, des fois, à l’origine de nombreuses attaques surprises.


Dans la capitale malienne où les enjeux sécuritaires sont multiples, il n’est point rare d’apercevoir les téléphones portables entre les mains des policiers, gardes, gendarmes et autres agents de sécurité assermentés, aux heures de travail devant des institutions ou structures privées où ils montent la garde. Ces appareils personnels, plutôt que d’être carrément maintenus hors de leur attention en lieu et place de la concentration sécuritaire nécessaire dont ils doivent faire preuve pour qu’aucune infraction n’échappe à leur vigilance, leur servent malheureusement de moyen de distraction durant leurs heures de service.
Devant quasiment toute les grandes institutions de la République du Mali, où l’on verra des agents postés pour des missions sécuritaires d’usage, y compris, la Présidence, l’on est, très souvent, à la fois, surpris et déçus de les voir se divertir avec leurs appareils portables et, dans bien des cas, en train de naviguer sur les réseaux sociaux plutôt que de rester concentrés sur de potentiels dangers attentatoires à leurs propres vies. Souvent, ces agents obsédés par la manipulation de leurs téléphones, ont difficilement le temps de s’occuper même des visiteurs qu’ils négligent ou qu’ils banalisent à force d’être absorbés par leur passion électronique. Dans les bases militaires, postes de contrôle ou check-points, commissariats de police, camps de gendarmerie, il est bien courant de se rendre compte de l’imprudence dangereuse des agents de sécurité toujours distraits par leurs téléphones dont ils ne se débarrassent presque jamais lorsqu’ils sont de garde, de surcroît, dans un Etat officiellement déclaré « pays en guerre ». A Bamako, les grandes institutions hôtelières et établissements bancaires, ne sont pas réellement en sécurité à cause du manque de professionnalisme de bons nombres d’agents de surveillance constamment distraits aux heures de service.
Par ailleurs, de nombreuses fois où diverses postions des forces loyalistes maliennes ont fait l’objet d’attaques surprises de la part des djihadistes armées, l’incident a trouvé certains agents en pleine manipulation de leurs téléphones au détriment de leurs propres vies ainsi qu’au péril des équipements de guerre surplace, lesquels sont ensuite incendiés ou emportés. Pourquoi s’oublier à ses propres passions dans un contexte où l’ennemi n’est l’objet d’aucun critère direct d’identification et où le pire pourrait survenir à tout moment ? Pourquoi la hiérarchie sécuritaire ne prendrait-elle pas des mesures draconiennes contre toute utilisation évasive de téléphones personnels durant les heures de service ? Jusqu’où allons-nous persister dans ce laisser-aller périlleux alors que l’insécurité asymétrique, dans le pays, ne baisse toujours pas d’un seul iota ?
A titre de prévention et, de manière formelle, il faudrait désormais interdire aux forces de sécurité et de défense, la manipulation distractive ou opportuniste de téléphones personnels lors des missions sécuritaires d’usage ou d’urgence. La sécurité n’est point à négocier !
Moulaye Diop

Source: Journal le Point du Mali