juge antiterroriste français Marc Trévidic entretien

Selon le magistrat, la montée en puissance de l’Etat islamique et les flux de jihadistes entre la France et la Syrie, bien qu’inquiétants, ne détrônent pas encore l’ex-GIA.

Les profils des jihadistes revenant de Syrie en France sont «inquiétants» mais «la principale menace» pour la France vient d’Aqmi (Al-Qaeda au Maghreb islamique), estime le juge antiterroriste Marc Trévidic, dans un entretien publié mercredi dans Le Parisien. Alors que le gouvernement présente mercredi un projet de loi renforçant les mesures antiterroristes concernant les jihadistes ou candidats au jihad en Syrie, le juge d’instruction admet qu’actuellement «ces dossiers-là submergent le pôle antiterroriste».

«Ces profils sont inquiétants, c’est vrai, et doivent être surveillés de près», dit-il. «Mais, à court terme… la menace la plus directe pour la France demeure Aqmi.» La création de l’Etat islamique (EI) n’a «pas encore» changé la donne en la matière, explique-t-il. «Pour l’instant, au pôle antiterroriste, on compte une trentaine de dossiers relatifs à des départs de Français pour l’Etat islamique», précise-t-il. «Leur nombre va fatalement s’accroître, car [Abou Bakr] Al-Baghdadi, qui ose tout et à qui tout semble réussir, jouit d’un fort pouvoir d’attraction auprès des candidats au jihad. Mais sa priorité, pour l’instant, consiste à consolider son califat. Menacer la France, cela viendra sans doute, mais plus tard», analyse le juge d’instruction au pôle antiterroriste.

«Même si Aqmi n’a plus le vent en poupe, elle demeure, à court terme, notre principale menace», insiste Marc Trévidic. «La France, aux yeux de cette organisation terroriste, reste l’ennemi numéro un. C’est une vieille histoire, entre eux et nous. Cela remonte aux années 1990, au GIA [Groupe islamique armé] et au GSPC [Groupe salafiste pour la prédication et le combat].»

L’arsenal législatif antiterroriste français, déjà fourni, doit être complété par une loi, présentée mercredi en conseil des ministres, prévoyant (…)