JUSSY (02). Richard Trépant, le maire, a-t-il attaqué la mémoire des soldats tombés pour la France ? L’élu le conteste. Mais il avance ses idées.

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Il se serait bien passé de ce titre de gloire, à quelques mois des municipales. En effet, à en croire nos confrères du Courrier picard, Richard Trépant, maire UMP de Jussy, aurait choqué les esprits en tenant des propos peu consensuels lors de la cérémonie de commémoration de l’Armistice, le 11 novembre dernier, dans sa commune. L’homme aurait traité de « cons » les anciens combattants des deux guerres et qualifié de « mercenaires » les sept soldats français tués au Mali et dont le Ministère entendait aussi saluer la mémoire. Cerise sur le gâteau, Richard Trépant aurait tout simplement refusé la minute de silence qui devait leur être consacrée…

« C’est abominable de m’attribuer de tels propos ou agissements ! » commentait hier matin, l’édile stupéfait. « J’ai l’impression que quelqu’un s’est vengé de je-ne-sais-quoi en téléphonant à vos confrères… ! » Le président de l’association locale des anciens combattants, Daniel Carpentier, ne s’étend pas sur le sujet mais Richard Trépant lui, tient à recadrer le tir. Première salve, sur les « mercenaires »  : « Les soldats qui sont intervenus au Mali n’ont rien à voir avec les pauvres bougres massacrés pendant la première guerre mondiale », estime l’élu. « Au Mali, ce sont des soldats professionnels et, je suis désolé, mais cela s’appelle des mercenaires. Voilà pourquoi j’ai employé ce terme. » Deuxième ajustement, la connerie des anciens. « Il suffit de se reporter à ce qu’on lisait dans la presse dans les années 70 ou de consulter les travaux des historiens. Après le 2e conflit, dans les associations d’anciens combattants aussi, on traitait de vieux cons et de bornés les soldats et leurs supérieurs qui avaient gagné la guerre mais pas préparé la paix. » Richard Trépant l’assure, nulle intention maléfique dans ses propos. « Je n’ai pas reçu le discours que le ministère nous adresse habituellement alors j’ai rédigé le mien. Nous avons fait trois haltes devant les trois monuments et pour la première fois, devant la tombe des Anglais enterrés au cimetière » (photo) « et à chaque fois, nous avons observé le silence. » La guerre appartient aux historiens, résume en substance le maire de Jussy. Il assure : « Le deuil commence seulement depuis que tous les Poilus sont morts. Ce qu’il faut désormais, c’est commémorer la paix. »