Le policier blanc Derek Chauvin a été déclaré coupable mardi du meurtre de George Floyd, une “victoire pour la justice” selon la famille du quadragénaire noir, dont l’homicide l’an dernier à Minneapolis est devenu le symbole des brutalités policières contre les minorités aux États-Unis. Il sera condamné pour trois chefs d’accusation: meurtre non-intentionnel au deuxième degré, meurtre au troisième degré et homicide involontaire. Il risque jusqu’à 75 ans de prison. 

 

À l’issue de trois semaines d’un procès sous haute tension dans cette ville du nord des États-Unis, les 12 jurés d’origines ethniques diverses, qui délibéraient depuis lundi, ont conclu à la culpabilité de l’accusé sur les trois chefs d’accusation qui le visaient.

 

Déjà renvoyé des forces de l’ordre, l’agent de 45 ans, masque sur le visage, n’a pas montré d’émotion particulière à l’énoncé du verdict. Il a été immédiatement menotté et conduit en prison, où il attendra la décision du juge Peter Cahill concernant la durée de sa peine. Le verdict devrait être connu dans huit semaines.

 

Les peines pour les trois accusations peuvent en théorie être additionnées. Pour le meurtre non-intentionnel au deuxième degré, l’ex-policier encourt jusqu’à 40 ans de prison, pour meurtre au troisième degré, jusqu’à 25 ans de prison et pour l’homicide involontaire, jusqu’à 10 ans. Chauvin risque donc de passer 75 ans sous les verrous.

 

À peine 30 ans de prison? 

 

Mais dans les faits, l’homme pourrait échapper à cette peine maximale. Comme il n’a pas de casier judiciaire, les directives de l’État du Minnesota autorisent une réduction de la peine de prison pour les deux premiers chefs d’accusation à 12 ans et demi. La peine pour l’homicide involontaire pourrait être réduite à 4 ans, ce qui porterait le total à un peu moins de 30 ans de prison.

 

De plus, le juge peut également additionner les peines, ou les faire purger “en même temps”. Dans la pratique, ce dernier point signifierait que Chauvin n’aurait à purger que la durée de la peine la plus longue.

 

Le juge Peter Cahill profitera des prochaines semaines pour faire d’abord un rapport sur les antécédents et le passé de Chauvin. Il doit ensuite examiner s’il existe des circonstances aggravantes entourant le crime qui justifient une peine plus élevée. Par exemple, les procureurs ont cité le fait que l’homicide de Floyd s’était produit devant des enfants, que Chauvin avait agi d’une “manière particulièrement cruelle” et qu’il avait abusé de sa position de pouvoir. Ce n’est que lorsque le juge Cahill aura pesé toutes ces questions qu’il pourra décider de la punition finale.

 

L’affaire en appel?

 

Chauvin et ses avocats peuvent encore faire appel du verdict, et selon toute vraisemblance, ils le feront. Selon les avocats de Chauvin, la forte exposition médiatique de l’affaire a porté atteinte à son droit à la défense et a empêché le jury de prendre une décision indépendante. Ils avancent aussi le fait que la désignation d’un jury impartial était impossible à Minneapolis même, la ville où Floyd a été tué. Mais selon les experts, ces arguments ne sont pas assez significatifs pour faire changer d’avis les jurés en appel.

 

Source : 7sur7.be