Me Virginie Taelman a plaidé, lundi, devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, une certaine clémence pour Abid Aberkane, qui ne conteste pas ce qui lui est reproché dans le dossier “Paris bis”, soit avoir caché Salah Abdeslam alors que ce dernier était recherché par toutes les polices. Selon la pénaliste, son client a paniqué et a fait un mauvais choix face à ce cousin qui lui réclamait de l’aide.

Me Taeleman a sollicité une peine clémente, qui ne soit pas de nature à faire tomber le sursis qui a été octroyé à son client dans une autre affaire. Pour appuyer sa demande, l’avocate a rappelé qu’Abid Aberkane ne conteste pas avoir aidé un individu recherché pour des faits extrêmement graves et qu’il regrette son choix. Elle a expliqué au tribunal que son client avait été comme pris de court, car Salah Abdeslam est un membre de sa famille et qu’il s’était présenté chez lui, en demandant de l’aide.

Concernant les nombreuses images de propagande djihadiste retrouvées dans le téléphone d’Abid Aberkane, l’avocate a estimé que ce seul élément n’était pas de nature à prouver qu’il avait l’intention d’apporter une aide à un groupe terroriste. Il était “intéressé” par l’actualité en Syrie et par les ambitions de l’État Islamique, mais il n’était pas prêt à soutenir des actes terroristes, d’après Me Taelman.

La procureure fédérale a requis, le 29 avril, une peine de quatre ans de prison à l’encontre d’Abid Aberkane, soit la peine la plus sévère parmi celles requises à l’encontre des prévenus présents.

Ce n’est pas “un vague cousin qui vient du néant”

Abid Aberkane est poursuivi dans ce procès “Paris bis” pour avoir caché, le 15 mars 2016, Salah Abdeslam et Sofien Ayari dans la cave de l’immeuble de sa mère, rue des Quatre Vents à Molenbeek-Saint-Jean. Les deux hommes venaient alors d’échapper à la police, qui les avait débusqués dans leur planque de la rue du Dries à Forest. Salah Abdeslam, seul membre des commandos terroristes du 13 novembre 2015 à Paris encore en vie, était recherché activement depuis quatre mois. Le prévenu a logé les fuyards pendant trois jours, a passé plusieurs heures avec eux et leur a apporté des vêtements et de la nourriture. Le 18 mars, les unités d’intervention de la police ont procédé à leur arrestation.

La procureure a précisé, lors de son réquisitoire, qu’Abid Aberkane n’était pas “un vague cousin qui vient du néant”, mais que son nom était apparu dans le dossier bien avant mars 2016. “Il fait partie du relationnel très proche des auteurs directs des attentats à Paris” et a lui aussi “prêté allégeance à Daesh”, a-t-elle dit.

Les plaidoiries de la défense se poursuivront mardi.