Dans cet entretien, le président du Mouvement Populaire pour le Changement (MPC), nous parle de l’état de santé du parti, de la nouvelle loi électorale, la désignation des représentants des partis politiques et de la société civile par tirage au sort à l’AIGE, de la montée en puissance des FAMa, de la nomination d’un Premier ministre intérimaire et les relations entre le Mali et la France. Pour dire Dr Mahamdou Abdoulaye Doumbia, la seule façon de sauver le Mali, c’est l’union sacrée de tous les Maliens.

Le Malien : Aujourd’hui quel est l’état de santé du parti ?

Dr. Mahamadou Abdoulaye Doumbia : Bonjour monsieur le journaliste. Aujourd’hui l’état de santé du Mouvement Populaire pour le Changement (MPC) va très bien. Aujourd’hui nous sommes en phase de l’implantation du parti sur l’ensemble du territoire national. Dans ce sens, je peux dire que le Mouvement Populaire pour le Changement est presque représenté dans toutes les régions du Mali et à l’extérieur du Mali.   

Quelle est votre lecture sur la nouvelle loi électorale adoptée et promulguée par le Président de la transition ?

En fait, ma lecture sur la nouvelle loi électorale, vous savez environ 92 articles ont été amendés. Mais je dirai que ces amendements n’ont pas été effectivement vus positivement de ma part parce qu’avant l’élaboration de la loi, je crois que lors des Assises Nationales de la Refondation, les recommandations ont été formulées pour cette loi électorale. Malheureusement ces recommandations n’ont pas été prises en compte par le Conseil National pour la Transition (CNT) pour motif de lecture. En réalité, la non prise en compte des recommandations des Assises Nationales de la Refondation a amené des frustrations au sein des participants. 

Il faut reconnaître que la nouvelle loi électorale a été soumise à des gens qui ont refusé de participer aux Assises Nationales de la Refondation pour motif qu’ils n’ont pas été consultés. Alors que la date de la tenue des ANR a été repoussée afin que l’ensemble de la classe politique et des organisations de la société civile puissent massivement participer aux Assises Nationales. Voilà la raison pour laquelle je ne suis pas d’accord que les résolutions formulées par les Assises Nationales de la Refondation soient mises à l’écart par le CNT.        

La sécurité est la préoccupation de tous les Maliens. Au sein du parti, quelle a été votre contribution dans ce sens ? Comment voyez-vous la montée en puissance des Forces Armées Maliennes (FAMAS) ? 

En guise de contribution à la sécurisation du pays, les militants et sympathisants du Mouvement Populaire pour le Changement (MPC) ont eu à organiser beaucoup d’évènements dans le sens de soutenir nos forces de défense et de sécurité.  D’abord pour nous, la meilleure façon d’aider les FAMAS passe forcément par des renseignements. A notre niveau, nous sensibilisons quotidiennement la population à fournir plus de renseignements à nos forces de défense et de sécurité afin de pouvoir mener à bien leur mission régalienne. 

Aussi, le parti a organisé des dons de sang et plusieurs autres activités pour soutenir les FAMa. Actuellement le MPC salue la montée en puissance des FAMAS. Mais, il faut aussi appeler la population à s’engager plus aux côtés de cette montée en puissance des forces de défense et de sécurité. Car, cette montée en puissance dépend à 60% des renseignements fiables fournis par la population. Et je profite de l’occasion pour dire bravo à l’Armée malienne pour les différents exploits réalisés sur le terrain au dépend des forces obscurantistes.

La désignation par le tirage au sort des représentants des partis politiques et des organisations de la société civile n’aura-t-elle pas des conséquences sur le bon fonctionnement de l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections (AIGE) car, en violation de la loi électorale ?

Bon je dirai à ce niveau, qu’il n’aura pas question de violation et il doit avoir de problème. Vous voyez, si nous sommes venus jusqu’au tirage au sort c’est parce que les partis politiques n’ont pas pu s’assumer. Je vous rappelle qu’en son temps, le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maïga avait donné deux semaines aux partis politiques de choisir ses quatre (04) personnes pour l’AIGE. Faute de choix dans ce délai que lui-même va prendre sa responsabilité. Et pourtant tous les partis politiques ont accepté cette proposition du Ministre Abdoulaye Maïga. 

Les deux semaines sont arrivées à terme sans que les partis politiques n’aient pu proposer de noms. Donc, cela sous-entend que les partis politiques ne sont pas créés pour défendre la population malienne et non même le Mali. Sinon normalement, deux semaines devraient suffire. Partant de la maturité des acteurs politiques que je pensais devrait permettre de faire le choix des quatre représentants de la classe politique pour l’AIGE. 

Pour tout dire, je dirai que les partis politiques ont montré à l’opinion nationale et internationale que ça ne va pas entre eux. Et je remercie le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Premier Ministre par intérim aujourd’hui, pour cette décision courageuse et patriotique et, pour moi, en réalité, ça a été une très bonne chose.

Par dérogation, le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du Gouvernement, le Colonel Abdoulaye Maïga a été nommé Premier Ministre par intérim. Cela vous-a-t-il surpris ? 

Le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation est choisi pour assurer l’intérim du Premier Ministre, je salue cette nomination parce que le Colonel Abdoulaye Maïga a la tête sur les épaules. C’est lui qui a pu rassembler les partis politiques. Je crois qu’il peut facilement rassembler les Maliens pour permettre à la transition d’atteindre ses objectifs. Je ne vois pas en mal sa nomination à ce poste de Premier Ministre. Je suis persuadé qu’il peut trouver un dénouement heureux aux problèmes du Mali.

Pensez – vous que la nomination d’un Premier Ministre militaire par intérim sera sans réaction de la part de la CEDEAO car, la transition malienne est en train de militariser ?

Vous savez, la CEDEAO, c’est un autre problème. C’est nous les Maliens qui feront ce pays de ce que nous voulons. Si nous attendons tout de la CEDEAO, de l’Union Africaine ou même de la communauté internationale, on ne va pas bouger. Celles-ci ne veulent pas que leurs pays bougent à fortiori le nôtre. Donc il est temps que les Maliens prennent leur responsabilité pour pouvoir aller de l’avant. Un militaire où un civil à la tête du gouvernement, je crois que ça n’a pas d’importance. L’essentiel pour nous est de conduire bateau Mali à bon port et à la satisfaction de tous les Maliens. 

Le Mali a décidé de libérer, pour des raisons humanitaires, les trois femmes des 49 militaires ivoiriens détenus à Bamako depuis le 10 juillet dernier. Est-ce à dire que notre pays veut mettre à côté la justice dans la résolution de cette affaire ?

Bon ce n’est pas pour mettre à côté la justice. Avant la libération, le Procureur général Près de la Cour d’Appel a rendu public une lettre concernant la libération de ces trois femmes. En réalité, l’Etat Malien a montré à la CEDEAO, l’Union Africaine et à la Communauté Internationale qu’il est responsable. Nous avons eu la chance d’avoir à la tête du Mali un homme qui écouté les Maliens et qui réagi au moment opportun. C’est après sa grande capacité d’écoute et ses observations que le Président de la transition, le Colonel Assimi Goïta, a accepté la libération de ces trois dames ivoiriennes. Nous saluons cette décision du Président de la transition. L’occasion pour nous de lui souhaiter bonne chance pour la continuité de cette affaire.

Le Mali accuse la France d’être en complot avec des groupes terroristes à travers la fourniture des informations, des minutions et des armements. Peut-on compter sur le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour gérer cette affaire au moment où notre pays va-t’en guerre contre la force onusienne qu’est la MINUSMA ?

Les textes des Nations Unies sont faits sur une base négative, seulement pour balancer les pays africains. Personnellement, je ne compte pas sur le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour trancher cette plainte du Mali. Le moment est venu pour les forces du changement de prendre leur responsabilité et de réagir contre l’esprit néocolonialiste, impérialiste et condescendant de la France envers le Mali. Il faut que les autorités maliennes parviennent à se débarrasser de la France. Je tiens à vous dire que tant que la MINUSMA est présente sur le sol Malien, il sera difficile pour le Mali de lutter efficacement contre ces narcotrafiquants, djihadistes et tout ce qui s’en suit. Il est clair aujourd’hui que la France se sert de la MINUSMA pour faire du mal au Mali.

Le dernier mot !

Mon mot de la fin c’est d’appeler tous les Maliens à se donner la main pour soutenir cette transition, qui est une chance sinon une opportunité offerte aux Maliens par la grâce du bon Dieu. Pour moi, seule l’union sacrée autour du Mali est la seule façon pour sauver la patrie. 

Propos recueillis par Y. MARIKO

Source: Le Malien