Fanto Doumbia est « voyante » à Tiakadougou Faramba. Elle explique comment elle pratique, comment se fait l’initiation.

 

Mali Tribune : Qu’est-ce que la géomancie ?

Fanto Doumbia : C’est une science d’initiés qui consiste à prévoir les choses et à y parer au besoin.

 

Mali Tribune : Comment se fait l’initiation à la géomancie ?

F.D. : Auparavant, dans nos sociétés traditionnelles, les 16 cases de la géomancie étaient étudiées d’abord par les initiés chez un maître. Ses instructions étaient prescrites sur une calebasse. Après la maîtrise de ces instructions, l’impétrant était ainsi initié à la géomancie.

 

Mali Tribune : Comment se fait la pratique de la géomancie ?

F.D. : Une fois consulté par un client pour des problèmes quelconques, le géomancien approche sa science pour voir le sort du client dans ses situations ou comment remédier aux problèmes du client.

 

Mali Tribune : Quels sont les différents problèmes qui motivent les gens à venir vous voir ?

F.D. : il y a plusieurs problèmes qui renvoient les gens vers les géomanciens tels que : affaire de cœur, d’argent, santé, etc. Par exemple, si un homme veut se marier, il consulte un géomancien. Souvent le géomancien peut prévoir l’impossibilité de l’union mais peut apporter des solutions pour la rendre possible.

 

Mali Tribune : Quels sont les problèmes auxquels les géomanciens sont confrontés ?

F.D. : Pratiquement tous les géomanciens ont des problèmes avec les clients vu que certains n’arrivent pas à tenir leur promesse après le travail. C’est le cas d’un client pour qui j’ai égorgé un mouton à mes frais, qui devrait me rembourser, et que je n’ai plus vu.

 

Mali Tribune : Pourquoi il y a beaucoup de géomanciens aujourd’hui ? 

F.D. : Selon moi, il y a plutôt beaucoup d’affabulateurs. Ils sont nombreux à n’avoir aucune science. C’est juste pour leur pain quotidien. C’est pourquoi la réputation de la géomancie est aujourd’hui en jeu. L’imposture ne paye pas. Elle ternit l’image et la réputation.

 

Mali Tribune : Y-a-t-il une crise de clientèle ?

FD : Oui. Il y a une crise de clientèle. En plus, aujourd’hui, la majorité des consultations se fait au téléphone. On s’en sort bien.

 

Propos recueillis par 

Ba Nema Sogoba

(stagiaire)

 

 

MICRO TROTTOIR

Safiatou Coulibaly (étudiante) :

« Les cauris ne sont pas contre la religion. Ce n’est pas mauvais car on dit que ça prédit l’avenir. Quelqu’un qui a une maladie très grave, il ne sait pas s’il doit mourir ou pas. Il peut aller voir celui qui sait lire le cauri pour qu’il le guide avec ses mots et des sacrifices ».

 

Fatoumata Keïta (femme au foyer) :

« Les cauris permettent de s’informer sur son avenir. Lorsque je désespère ou que je veux en savoir plus sur ma famille, je pars voir un jeteur de cauris. Ce n’est écrit nulle part que sa consultation est interdite ».

 

Sankofa Touré (enseignant) :

« Je pense que les jeteurs de cauris représentent une sorte de pont entre hier et aujourd’hui. Malgré le temps qui passe, les cauris gardent toujours (peut-être plus ou moins) leur attrait ».

 

Salif Mariko (géomancien) :

« Le cauri est une création de Dieu. Nos personnes qui savent lire, utilisent environ 12 pour prédire l’avenir. Le cauri existait bien avant les prophètes. Avec l’arrivée des religions, son utilisation est interdite d’une part. Mais, cela dépend de ce que les gens pensent car, le cauri est utilisé même de nos jours. Il faut une bonne formation pour se servir de cet art. Les gens disent que celui qui utilise les cauris pour ses propres problèmes est maudit mais, pour d’autres, tel n’est pas le cas car. C’est Dieu qui voit tout. Tout art divinatoire à ses principes ».

 

Marthe Kamaté (étudiante à la FESG) :

« Je ne crois pas aux pratiques de la géomancie. On dit que c’est de la divination. Pour moi, les géomanciens sont des imposteurs. En plus c’est une pratique mystique et c’est contre ma foi ».

 

Tante Adissa (coiffeuse) :

« Pour moi, tous ceux qui pratiquent la géomancie aujourd’hui à Bamako sont des menteurs. Les vrais sont dans les villages. Ma tente a été victime d’un géomancien. Elle a duré sans se marier. Elle voulait un mari. Elle est donc allée chez un géomancien. Après la consultation, il lui a donné rendez-vous dans un endroit éloigné de la ville. Ma tente devait se laver avec des médicaments que le géomancien avait préparés. Elle est donc allée avec le géomancien. Sur place, celui-ci lui a tenté de coucher avec elle. Elle a refusé et s’est enfuie ».

 

Zenab Cissé (ménagère) :

« Consulter ou pratiquer la géomancie, c’est associer une autre divinité à Dieu, par exemple de contredire ce qui a été dit dans le saint Coran ou dans la Bible ».

 

Ba Nema Sogoba

(stagiaire)

SourceMalijet