INTERVIEW (PRESQUE) IMAGINAIRE,VEDETTE

Notre analyse sur son manifeste, publié récemment, ne lui a pas plu. En tout cas, pas du tout. Malgré tout, le Khomeiny malien nous a reçu, la semaine dernière, à la mosquée de Badalabougou. Après avoir prié, partagé quelques dates et verres de thé à la menthe, il s’est prêté, volontiers, à nos questions. Interview imaginaire. Ou presque.

Imam, salamou Aleïkoum.

Alleye Koumma Salam, Warahamatoulaye Wabarakatouhou, Le Mollah Omar.

Comment vous portez-vous, après cette longue traversée du désert ?

Je me porte comme un charme, en dépit de tout ce qui a été dit sur moi et sur la CMAS.

La CMAS, parlons-en, comment se porte t-elle ?

Dans la vie, il y a des hauts et des bas. Après ses hauts, qui ont fait partir IBK, la CMAS est en train de vivre ses bas.

A qui la faute, selon vous ?

Je ne veux incriminer personne. Je constate, juste, les faits.

La CMAS est-elle en train de vivre ses derniers moments ?

Il est prématuré de le dire. Elle vivra si ceux qui en sont membres se donnent la main.

Cela est-il possible après la cascade de démissions qu’elle a enregistrées ?

C’est possible. D’ailleurs, nous y travaillons déjà.

Imam, nombre de leaders du M5-RFP et de Maliens tout court vous accusent d’avoir trahi les idéaux de nos concitoyens, portés par le M5-RFP, au profit de la junte militaire dans le but de pouvoir caser vos proches au gouvernement et au CNT. Que leur répondez-vous ?

J’attendais cette question avec impatience. Car, elle me donnera l’occasion de préciser les choses. D’abord, contrairement à ce que racontent ces personnes, je n’ai jamais quitté le M5-RFP et je n’ai jamais dit à qui que ce soit que je quitterai le mouvement de contestation. Ensuite, après la chute d’IBK et de son régime, j’avais déclaré que je retournerai dans ma mosquée. Ce qui ne signifie pas, quitter le M5-RFP. C’est une mauvaise interprétation de ma déclaration.

Donc, vous êtes toujours membre du M5-RFP ?

Hakkhane !

C’est à dire ?

Cela veut, simplement, dire une vérité immuable en arabe.

Imam, votre manifeste n’a pas, visiblement, produit l’effet escompté. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Parce que des individus malintentionnés l’ont qualifié de tous les noms d’oiseau ; d’autres en ont même vu, comme c’est le cas de votre journal que je lis chaque semaine, un moyen de me remettre en selle, politiquement s’entend.
Mais pour moi, le manifeste est un message au peuple malien.

Quel message voulez-vous faire passer à travers ce manifeste ?

Dire aux Maliens que je partage leurs souffrances et que la gestion actuelle de notre pays n’est pas celle à laquelle aspirent nos concitoyens. Et que si rien n’est fait pour changer cela, les prochains mois risquent d’être durs pour les autorités de la Transition.

Pour Konimba Sidibé, leader du parti MODEM, ce manifeste n’a d’autre but que de vous constituer une base populaire sur laquelle vous pouvez surfer pour atteindre vos objectifs politiques.

Konimba Sidibé, pour lequel j’éprouve un grand respect, n’a pas menti ; mais il n’a pas, non plus, dit la vérité.

Il n’a pas menti, il n’a pas aussi dit la vérité. Quelle différence ?

Comprenne, qui pourra !

Imam, pensez-vous au Palais de Koulouba, les matins, quand vous taillez votre moustache ?

Pas seulement quand je taille ma moustache.

Donc, vous y pensez tout le temps, même quand vous faites prier les fidèles de votre mosquée ?

N’exagérons rien, Le Mollah. Tu viens de prier avec moi, m’as-tu entendu parler d’élection présidentielle ou du Palais de Koulouba ?

Non !

Alors, ce n’est, ni plus, ni moins, qu’une invention des politicards qui ont peur de me voir faire acte de candidature.

Allez-vous le faire en 2022 ?

J’attends le signal d’Allah Soubhana Wattallah. C’est lui qui décide, pas moi.

Votre porte-parole et non moins beau-fils, le sulfureux Issa Kaou Djim a déclaré, récemment, sur les antennes d’une radio de la place, qu’il ne « partage pas vos idées contenues dans votre manifeste ». Que lui répondez-vous ?

Ma réponse est claire : je ne lui réponds pas par presse interposée. S’il a des choses à me dire, il sait où me trouver. Car, il sait qu’il me doit du respect pour un million de raisons.

Propos recueillis par Le Mollah Omar /Canarddechaine.com