L’organisation internationale des droits de l’homme, Amnesty international a publié son rapport sur la peine de mort dans le monde au titre de l’année 2021. A cet égard, Amnesty international- Mali a animé une conférence de presse, ce jeudi 24 mai, à son siège pour présenter ce rapport. Les responsables de la structure ont indiqué que 48 personnes ont été condamnées à mort par contumace au Mali en 2021.

Au Mali, il y a un moratoire sur la peine de mort depuis plusieurs décennies. Ce qui fait qu’on n’entend pas parler d’exécution de la peine de mort dans notre pays. La dernière exécution au Mali date de 1981. C’est ce que les défenseurs des droits de l’homme appellent un abolitionniste en pratique. Cependant, ce moratoire n’empêche pas les condamnations à la peine capitale.

Selon le coordinateur d’Amnesty international Mali, Mohamed Elbechir Singaré, les tribunaux maliens ont condamné 48 personnes à mort par contumace en 2021. Au-delà du Mali, les conférenciers ont donné des chiffres concernant les condamnations et les exécutions de la peine de mort à travers le monde.

D’après le directeur exécutif par intérim d’Amnesty international Mali, Hamane Touré, au moins 579 exécutions ont eu lieu dans 18 pays l’an dernier, à la connaissance d’Amnesty International. Ce qui représente, selon lui, une augmentation de 20 % par rapport au total enregistré en 2020. A ses dires, l’Iran est le pays qui a le plus contribué à cette hausse, avec au moins 314 exécutions recensées en 2021 (contre au moins 246 en 2020), un total qui n’avait jamais aussi été élevé depuis 2017. Cela résulte, en partie, d’une augmentation sensible du nombre d’exécutions liées à des infractions à la législation sur les stupéfiants qui constituent pourtant une violation flagrante du droit international, lequel interdit le recours à la peine de mort pour les infractions autres que l’homicide volontaire. Parallèlement à cela, informe Hamane Touré, en Arabie saoudite, le nombre d’exécutions a plus que doublé (65 en 2021 contre 27 en 2020). Cette triste tendance s’étant poursuivie en 2022 avec l’exécution de 81 personnes en l’espace d’une seule journée en mars.

Amnesty indique également dans son rapport que le nombre d’exécutions a considérablement augmenté en Somalie (21 contre au moins 11), au Soudan du Sud (neuf contre au moins deux) et au Yémen (14 contre au moins cinq). Avant d’ajouter que le Bélarus (au moins une), le Japon (trois) et les Émirats arabes Unis (au moins une) ont procédé à des exécutions en 2021 alors qu’ils s’en étaient abstenus en 2020.

Concernant les condamnations à mort, Amnesty international a recensé au moins 2 052 condamnations à mort dans 56 pays, soit 39 % de plus qu’en 2020, où elle en avait enregistré au moins 1 477 dans 54 pays. Amnesty a également noté une hausse considérable du nombre de condamnations à mort, par rapport à 2020. Ainsi, il a été enregistré en République démocratique du Congo (au moins 81 contre au moins 20), en Égypte (au moins 356 contre au moins 264), en Irak (au moins 91 contre au moins 27), au Myanmar (au moins 86 contre au moins une), au Viêt-Nam (au moins 119 contre au moins 54) et au Yémen (au moins 298 contre au moins 269). À la fin de l’année 2021, au moins 28 670 personnes se trouvaient sous le coup d’une condamnation à mort, à la connaissance d’Amnesty International.

Des avancées dans l’abolition de la peine de mort

Malgré ces statistiques préoccupantes, des signes ont continué à mettre en évidence pendant toute l’année 2021, une tendance mondiale allant dans le sens de l’abolition de la peine de mort. Pour la deuxième année consécutive, le nombre de pays ayant, à la connaissance d’Amnesty International, procédé à des exécutions a été le plus bas jamais enregistré par l’organisation depuis qu’elle a commencé à établir des statistiques.

En Sierra Leone, un projet de loi visant à abolir la peine de mort pour tous les crimes, a été adopté à l’unanimité par le parlement en juillet dernier. Ce texte n’est toutefois pas encore entré en vigueur. En décembre, le Kazakhstan a adopté une loi abolissant la peine de mort pour tous les crimes, qui est entrée en vigueur en janvier 2022. Le gouvernement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a engagé une consultation nationale sur la peine de mort qui a abouti à l’adoption en janvier 2022 d’un projet de loi sur l’abolition, lequel n’est pas encore entré en vigueur. À la fin de l’année, le gouvernement de la Malaisie a annoncé pour le troisième trimestre de 2022, des réformes législatives portant sur ce châtiment. En République centrafricaine et au Ghana, le corps législatif a entamé un processus législatif, toujours en cours, visant à l’abolition de la peine capitale.

La Virginie est devenue le 23ème État abolitionniste des États-Unis et le premier dans le sud du pays. Et pour la troisième année consécutive, l’Ohio a différé ou suspendu toutes les exécutions qui étaient prévues. Le nouveau gouvernement des États-Unis a instauré en juillet, un moratoire provisoire sur les exécutions fédérales. Le nombre d’exécutions recensées aux États-Unis en 2021 n’a jamais été aussi faible depuis 1988.

La Gambie, le Kazakhstan, la Malaisie, la Russie et le Tadjikistan ont, pour leur part, maintenu leur moratoire officiel sur les exécutions.

Yves Sangaré

Source: L’Oeil du Mali