Depuis le début de ce second mandat d’IBK et malgré les immenses efforts déployés par nos FAmas sur le terrain, le pays est constamment en proie à des attaques meurtrières perpétrées, par-ci par-là, par des terroristes sans foi ni loi. Alors même que de l’avis de nombreux observateurs, l’unique solution à cette crise est l’union sacrée de la classe politique autour du chef de l’Etat pour vaincre l’ennemi. Ce serait alors un choix éclairé et une décision hautement responsable et patriotique, si le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéïta, invitait le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, à prendre les rênes de la primature. Ce tandem – si cela se matérialisait – IBK-Soumaïla Cissé sera à même de travailler pour l’intérêt supérieur du Mali et sortir ce pays de l’ornière en déjouant tous les complots venant de l’extérieur et visant son intégrité territoriale.

Le Mali en crise depuis 2012 aura tout essayé afin de pouvoir sortir de cette situation déplorable, presque sans issue, dans laquelle le pays continue de s’enfoncer, cela chaque jour que Dieu fait. Quant au chef de l’Etat lui-même, Ibrahim Boubacar Keïta, il ne sait plus à quel saint se vouer, dépassé qu’il est aujourd’hui par la tournure prise par les événements alors même qu’il avait promis de rétablir la paix et la sécurité dans ce pays meurtri, cela lors de sa toute première prise de fonction en 2013.
Face aux attaques terroristes meurtrières, principalement contre nos forces de défense et de sécurité et confrontés aux conflits intercommunautaires que le Mali n’avait jamais connus, nos compatriotes semblent aujourd’hui plus que jamais désemparés voire totalement déboussolés.
A part peut-être les deux personnalités précitées elles-mêmes, personne ne saurait dire combien de fois elles se sont rencontrées, dans les salons feutrés du palais de Koulouba, depuis l’arrivée d’IBK aux affaires, pour cogiter autour de la crise malienne et des éventuelles solutions qui permettraient au pays de retrouver la paix, la tranquillité et de recouvrer sa pleine et entière souveraineté sur l’ensemble de son territoire. Comme personne ne saurait dire aussi avec précision le nombre des éléments des forces de défense et de sécurité morts pour la patrie dans cette guerre asymétrique imposée à notre vaillante armée et à notre peuple. Encore moins le nombre de personnes ayant été été victimes des conflits intercommunautaires qui ont, en un moment ou un autre, embrasé tout le centre du Mali.
En six ans, le président de la République a eu à « remercier» combien de Premiers ministres, de ministres de la Défense et de chefs d’états-major ? Cela, le plus souvent à la suite d’attaques djihadistes ayant entraîné la mort de plusieurs dizaines de militaires, pour ce qui est du limogeage des derniers cités.
Comme il est facile de le constater, IBK aura tout tenté pour sauver ce pays…mais en vain. Va-t-il laisser le Mali, où ce qu’il va en rester, dans un état pire qu’il ne l’a trouvé en 2013? Son mandat terminant en 2023, qui est si loin et en même temps si proche, personne ne souhaite envisager une telle éventualité encore moins le chef de l’Etat lui-même.
En effet, une telle éventualité serait la pire des situations mais elle n’est pourtant pas à exclure. Quand on sait que le chef de l’Etat lui-même ne cesse de dire qu’« on est en guerre », il y a lieu de paniquer et de chercher à savoir si cette guerre, nous la gagnerons ou pas. Malgré ce que les uns et les autres peuvent en penser, la question vaut son pesant d’or.

Que faire pour éviter le chaos et sauver le pays ?

Si la victoire du peuple malien sur les forces rétrogrades est plus que certaine, il y a toutefois le prix à payer pour que cette victoire soit. Nos autorités doivent désormais se fixer un objectif dans ce sens avec un délai qui ne devrait point aller au-delà de 2023, à savoir la fin du mandat d’IBK. Sinon bien avant.
Car la détresse, qui a déjà gagné une bonne partie de la population active malienne des villes et des campagnes, est telle qu’il faudrait aujourd’hui un puissant levier pour que celle-ci puisse réapprendre à croire et à espérer en ses dirigeants, en leur capacité à pouvoir «sauver ce pays» qui est aujourd’hui menacé dans son existence même. D’où ces manifestations tous azimuts de soutien des populations à l’armée ou de colère et de désaveu vis-à-vis du régime en place.
Nous avons aujourd’hui un pays divisé, dont une frange importante de la population vit dans une précarité sans nom et une totale insécurité, dans des zones où même le président de la République, chef suprême des armées, ne peut mettre pieds sans une armada de militaires autour de lui. Encore moins son Premier ministre Dr Boubou Cissé dont il va falloir négocier, certainement en espèces sonnantes et trébuchantes, l’éventuelle visite à Kidal annoncée avec fracas depuis Paris par…Emmanuel Macron.
Comme on le voit, il faudra un effort exceptionnel du peuple malien tout entier pour sauver ce pays, asseoir l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. Faudrait-il alors en vouloir au seul chef de l’Etat au vu de l’énorme gâchis, du haut degré de corruption et des multiples rendez-vous manqués dans le cadre du développement du Mali ? Et surtout dans l’accentuation de la crise que nous vivons depuis 2012? Que nenni!
En effet, le chef de l’Etat n’est pas le seul responsable de la situation mais il est le seul qui pouvait (qui peut) prendre la décision d’enclencher une véritable lutte contre les fléaux qui minent notre armée, notre démocratie, notre économie. C’est aussi lui seul qui peut procéder au choix des hommes et des femmes qui auront comme seule ambition de relever ce pays.

Le Mali pillé et affaibli par ses propres fils et filles, par ses cadres dirigeants

Certes la responsabilité de sauver et relever ce pays incombe en premier au président de la République, cela conformément au serment qu’il a prêté devant la nation malienne toute entière. Mais plus de six ans déjà que IBK est à la tête de l’Etat, la situation sécuritaire va de mal en pis avec, en plus, aucune perspective de sortie de crise.
En plus donc de la crise sécuritaire s’y ajoutent le chômage, le sous-emploi, la famine, la misère…Le mal-vivre des réfugiés dans les pays voisins et les déplacements massifs et forcés des populations du centre du pays vers les grandes villes du sud sont autant de défis qui sont si difficiles à relever à cause principalement de la rareté des ressources (les caisses de l’Etat seraient vides), des détournements à la pelle des deniers publics…En un mot, on a laissé la mauvaise gouvernance s’installer confortablement dans notre pays et dans nos mœurs, cela depuis bien avant IBK. Et maintenant nous en payons le prix fort. C’est dire que nous sommes tous coupables. Certains pour avoir pillé le pays, sucé son sang pour par finir le mettre à genou; d’autres pour avoir assisté sans réagir aux dérives qui nous ont amené là où nous sommes aujourd’hui. Mais il y a lieu de dire aussi que certains ont tout le temps dénoncé mais n’ont jamais été écoutés. Ce pays a été longtemps, malheureusement, délaissé aux sangsues qui continuent encore à le traire avec cupidité et en toute impunité. C’est en tous cas une situation qui ne saurait continuer indéfiniment.
Mais si c’est vrai que ce sont les hommes et les femmes de compétence réelle et non factice, d’honnêteté avérée et de patriotisme engagé et non mièvre (j’emprunte l’expression à IBK lui-même) qui sont capables de relever les défis auxquels nous faisons aujourd’hui face, il y a lieu de changer urgemment d’attelage pour emprunter la voie vers une véritable sortie de crise. Avec des hommes et des femmes qui ne viendront pas pour se faire les poches mais pour se sacrifier au nom de l’intérêt général, pour sauver ce pays.
Le dialogue national dit inclusif, auquel le chef de l’Etat attache tant d’importance, ne servira à rien dans la résolution de la crise multidimensionnelle que le pays vit si durement dans sa chair. Il s’agit plutôt d’un dialogue – où l’on se bousculait en certains endroits pour des perdiems – entre la majorité et une partie de la société civile et qui ne suscite aucun intérêt auprès de nos compatriotes. Il ne conduira nulle part. Cela dans la mesure où les maux dont souffre le Mali sont connus de tous et cela depuis belle lurette. Mais à défaut de véritables guérisseurs, de dirigeants capables de relever ces défis, les populations ont fini par sombrer dans la déchéance voire dans une sorte de schizophrénie. Cela en regardant tout simplement ce beau pays, auparavant si fier…aller maintenant à la dérive comme un bateau ivre en perdition. Hélas!
D’ailleurs comme solution (une parmi d’autres certainement), l’ancien Premier ministre Moussa Mara proposait dans une récente publication dans L’Indépendant que IBK et Soumaïla Cissé se concertent pour s’entendrent sur le nom d’un prochain Premier ministre. À mon humble avis, ce Premier ministre ne saurait être que Soumaïla Cissé lui-même. Si bien évidemment IBK le veut.

De l’urgence de relever ensemble le pays pour éviter sa dislocation, sa partition

Au vu de l’état de peur pour l’avenir des générations futures – la nôtre étant désormais perdue- et l’insécurité dans laquelle nous vivons, il appartient au président de la République d’œuvrer réellement dans le sens de «sauver ce pays» en confiant, cela malgré ce que ses proches et ses thuriféraires et bien d’autres pourraient en penser ou en déduire, les rênes de la primature au chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé. Qui semble, aux yeux de très nombreux observateurs tant nationaux qu’étrangers, comme étant l’homme politique le mieux outillé présentement à même de conduire le bateau Mali vers une zone de sécurité, de paix et de tranquillité. Surtout que l’intéressé bénéficie également d’une assise populaire incontestable. Quitte alors à Soumaïla Cissé nommé Premier ministre de s’entourer de toutes les compétences nationales, de la diaspora et internationales pour relever les multiples défis auquel le Mali est confronté. Il faudrait alors commencer par équiper nos forces de défense et de sécurité et faire de la bonne gouvernance une règle absolue dans la conduite des affaires de l’Etat. Cela, naturellement, sous l’autorité incontestée du chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Kéïta, qui aura alors un chef de gouvernement qui est connu tant au Mali qu’à l’étranger pour ses réelles capacités en matière de gestion au sens large du terme. Et dont les compétences sont reconnues dans tous les pays de l’espace Uemoa et Cedeao, au sein de l’Union européenne et au-delà.
Il ne s’agit point de faire là l’apologie d’un homme qui, en tout cas, n’en a pas besoin. Mais connaissant IBK autant que Soumaïla Cissé pour avoir eu à travailler sous leur autorité à l’époque où ils militaient tous au sein de l’ADEMA-PASJ, je peux témoigner du profond respect et de la considération que ces deux personnalités ont l’un pour l’autre. Et de dire également qu’elles sont capables, ensemble, de faire sortir ce pays de la crise actuelle et de le faire avancer dans la voie d’un développement durable.
En tout cas, IBK ne sera pas le premier chef d’Etat à tenter une telle expérience qui fut d’ailleurs concluante sous d’autres cieux.
Il s’agira alors pour le chef de l’Etat de le vouloir tout simplement et au chef de file de l’opposition d’accepter tout simplement la proposition du président IBK allant dans cette direction. En laissant pour cela tous les intérêts mesquins de côté et ne voyant que les pleurs et douleurs d’un peuple éprouvé qui cherche à être sauvé.
C’est aussi le moment, pour le président de la République de mettre fin aux interminables, futiles et budgétivores conciliabules et aux tête-à-tête inutiles et sans lendemain, dont il a lui seul le secret, pour s’engager réellement dans la voie de la vraie réconciliation et de l’unité pour l’intérêt exclusif du peuple malien.
IBK doit passer maintenant à l’action vraie afin de sauver, ensemble avec le chef de file de l’opposition, notre mère-patrie du risque de partition qui la guette, et la soustraire du joug des forces obscurantistes et rétrogrades qui assaillent au quotidien nos populations laborieuses.
Ce tandem IBK-Soumaïla Cissé- s’il se matérialisait- au sommet de l’Etat pourra incontestablement conduire le bateau Mali à bon port.
Espérons qu’il en soit ainsi.

Mamadou Fofana

*Journaliste diplômé de l’université d’Etat Lomonossov de Moscou, collaborateur extérieur du quotidien malien « L’Indépendant »
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