Ibrahim Boubacar Kéïta, le président de la République du Mali a signé, le jeudi 30 janvier dernier, un décret instituant une opération militaire dénommée « Maliko ». Objectif : rétablir l’Etat du Mali dans ses fonctions régaliennes dans le centre et le Nord du pays. La décision a été prise moins d’une semaine après l’attaque meurtrière contre un camp de militaires malien à Sokolo qui a fait une vingtaine de morts au sein de l’armée.

Selon le décret présidentiel, l’Opération « MALIKO » couvre l’intégralité des Régions de Gao, Kidal, Tombouctou, Taoudénit, Ménaka, Mopti et Ségou. Pour mener à bien l’opération, les autorités maliennes veulent s’appuyer « sur l’action des Forces Armées et de Sécurité maliennes, soutenue et accompagnée par une administration publique disponible et performante, afin de répondre aux aspirations légitimes du peuple malien. »

Le nombre de militaires qui doit prendre part à cette nouvelle opération n’est pas précisé. Mais le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, a annoncé, mardi, à Ansongo le recrutement de 10.000 hommes pour renforcer la présence des Forces armées maliennes (FAMa) sur l’ensemble du territoire, dans le cadre du nouveau concept opérationnel adopté par le Conseil supérieur de la défense

L’Opération « MALIKO » comprend deux théâtres d’opérations: le théâtre Est qui couvre les régions de Gao, Ménaka et Kidal ; le théâtre Centre qui couvre les régions de Ségou, Mopti, Tombouctou et Taoudénit avec son PCIAT à Sévaré.

Le commandement de cette opération est confié au Chef d’Etat-major général des Armées. A cet effet,  précise le décret, il reçoit les moyens nécessaires pour la conduite de l’Opération et est chargé de fixer les dispositions complémentaires permettant l’application correcte du présent décret. « Il propose les moyens supplémentaires qu’il estime indispensables à l’atteinte de objectifs assignes. » Les forces engagées sur les théâtres, selon le décret présidentiel, seront commandées respectivement pas des Officiers généraux ou supérieurs qui prennent le titre de «Commandant du Théâtre ». Ces derniers seront  sont secondés par des Officiers généraux ou supérieurs appelés « Commandant en second du Théâtre » qui les remplacent en cas d’absence, d’empêchement ou de vacance.  « En coordination avec les Représentants de l’Etat, les Commandants de Théâtres prennent toutes mesures correspondant aux besoins de la défense et de la sécurité, y compris les restrictions de liberté de circulation, l’interdiction de certains moyens de déplacement, les limitations d’accès à certaines zones du Théâtre ainsi que les actions de bouclages et de fouilles de tout ou partie des localités situées sur le Théâtre de l’Opération « MALIKO ». », détaille le décret présidentiel.  « Par ailleurs, les Commandants des Zones de Défense sur les Théâtres relèvent de l’autorité des Commandants des Théâtres. Les Commandants de Zones commandent les secteurs au sein des Théâtres d’opérations dont ils relèvent. »

Sale temps pour l’armée malienne

Les camps des forces armées du Mali sont régulièrement pris pour cible par les djihadistes. Face à cette agression terroriste quasi-quotidienne, les autorités maliennes invitent « les populations à plus de vigilance, et les appelle à plus de collaboration et de soutien à nos Forces Armées de Défense et de Sécurité, dans leur mission sacrée de défense de l’intégrité territoriale et de protection des populations civiles ainsi que dans leur combat sacré contre les forces obscurantistes qui œuvrent à mettre en mal notre cohésion sociale et à annihiler tous nos efforts de développement. »

Le mois de janvier passé fut particulièrement éprouvant pour l’armée malienne.  Dans la nuit du mercredi 29 janvier, les terroristes ont réoccupé, durant des heures, le camp de la gendarmerie de Sokolo. «Ici c’est la panique, ils ont réinvesti le camp et planté leur drapeau », a indiqué un habitant de Sokolo. Quelques heures plus tard, le jeudi 30 janvier, très tôt le matin,  à Sarakala, à cinq kilomètres de Markala, un check-point de la gendarmerie a été attaquée par des présumés terroriste. Bilan : des véhicules et des armes emportés.

D’autres  localités de la zone sont aussi sous la pression des djihadistes  qui  ont occupé  Sokolo. Une  source locale a indiqué que les villages de Diabaly et Guiré seraient encerclés par des hommes armés circulant à motos entre les localités qu’ils visitent. Selon l’armée malienne, «  un PC tactique a été installé à Diabaly où les Famas ont appréhendés six suspects.»

Le dimanche 26 février dernier, tôt le matin, le camp de la gendarmerie malienne de Sokolo, dans le cercle de Niono, région de Ségou, a subi une attaque terroriste. Le bilan provisoire de l’attaque du poste, selon l’armée malienne, est le suivant : vingt militaires tués, cinq blessés et 60 rescapés, des véhicules et des armes emportées.

L’attaque a été revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Pour rappel, dans la nuit du 22 au 23 janvier 2020, six militaires maliens ont été tués et plusieurs autres blessés lors d’une attaque à Dioungani, à 52 km de Koro, région de Mopti. Une journée avant, le mardi janvier, deux militaires maliens ont été tués, le mardi 21 janvier dernier, par l’explosion d’une mine à Dalla, dans le cercle de Douentza.

Le pourrissement de la situation sécuritaire dans le centre et le nord, en plus de faire des morts et des déplacés civils, a fait, selon l’ONU, entre octobre et décembre, 193 morts dans les rangs de l’armée malienne.

Madiassa Kaba Diakité

Source: Le Républicain