Le Reggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly publie un nouvel album à RFI, « Le Monde est chaud », enregistré, cette fois-ci, à Abidjan, comme un retour aux sources.

 

Avec Tiken Jah, on sait à quoi s’attendre : du reggae africain solide. Et quatre ans après « Racines »où il reprenait une dizaine de classiques du reggae, l’Ivoirien, à la voix chaleureuse, ouvre son nouvel album avec un duo, le second qu’il enregistre avec le rappeur marseillais Soprano après « Ouvrez les frontières »,en 2007.

« Le Monde est chaud »donne son titre au disque et le morceau dénonce l’inaction des gouvernements face à l’urgence de la situation mondiale. Une chanson ne changera pas le monde, mais ne vaut-il pas mieux dire les choses que de se laisser endormir par des ritournelles sans fond ?

Tiken Jah fait partie de ces artistes qui n’ont pas renoncé à utiliser la devise de Fela, « La musique est l’arme du futur ». Tout au long des dix morceaux de ce disque engagé, il explore quelques sujets brûlants et termine par Écologie, histoire d’enfoncer le clou.

Tiken Jah a ouvert, en 2017, le studio Radio libre à Abidjan, dans le quartier de Yopougon, et c’est là, ainsi qu’à Dakar, au studio BNTH, qu’il a réalisé cet album, un retour sur le continent africain après Racines, enregistré à Kingston, en Jamaïque. ‘‘Le Monde est chaud »est un disque puissant qui sait aussi être étonnant.

Ainsi « Pourquoi nous fuyons », qui met en avant les désillusions attendant les candidats africains à l’exil dans les pays riches de la froide Europe, « Qui va mener la lutte à notre place ? Tu vas chercher l’or, mais l’or est sous tes pieds là-bas ce n’est pas le paradis ».

« Kodjougou »s’éloigne du modèle jamaïcain pour accélérer le tempo tandis que le final ‘‘Écologie »,avec ses guitares aériennes et ses chœurs féminins, est un dialogue avec la nature « J’ai consulté le désert pour savoir ce qu’il en pensait, j’ai peur pour la nature, auriez-vous de bonnes nouvelles ? ».

Loin des sirènes matérialistes, Tiken Jah ne se contente pas du mysticisme rasta. Quand il évoque le Très haut sur « Dieu nous attend », c’est pour ajouter « Nous, on attend Dieu ».  Si le duo avec Soprano permet d’envisager une ouverture vers le jeune public, cet album reste un disque à l’ancienne, avec des arrangements soignés et intemporels. Le disque d’un homme intègre, qui met son art au service de causes justes.

Source: l’Indépendant