Certains membres du directoire de l’entité rebelle, tel Bilal Ag Chérif, présenté comme le président de son conseil transitoire, restent irréductibles sur la question de l’indépendance : « Si nous renonçons aujourd’hui à l’indépendance de l’Azawad, ce n’est que partie remise car tôt ou tard, la question reviendra sur la table. Depuis longtemps, le MNLA réclame des négociations mais les autorités maliennes entendent récupérer la totalité du territoire dont Kidal. Ce qui constitue une déclaration de guerre ».

Bilal Ag Chérif

Bilal Ag Chérif

D’autres se veulent plus conciliants et réalistes. C’est le cas de Mohamed Ag Intalla qui déclare : « Abandonnons l’exthnicisme et le tribalisme. Le Mali vaut mieux que les Français et AQMI réunis. Il n’y a aucun espoir dans ce désordre. Tout le monde en a marre de nous. Il est temps d’arrêter ».
D’intéressantes révélations, mais guère surprenantes ont été faites. Ainsi Bilal Ag Chérif affirme : « Les autorités algériennes voulaient me rencontrer de façon informelle, chose que j’ai catégoriquement refusée jusqu’au jour où elles m’ont invité en ma qualité de président du MNLA. L’Algérie nous envoyait des vivres et du carburant à Tinzawaten… ».
Voilà qui conforte ce que l’Indépendant a toujours écrit à savoir que l’Algérie est derrière toutes les rébellions au nord Mali même lorsque celles-ci entrent en collusion avec les groupes terroristes dont AQMI qui est une création algérienne, comme il est de notoriété publique.
Au Mali d’en tirer les conséquences en distinguant ses amis de ses ennemis.
Ont pris part à cette rencontre, dont nous avons reçu une copie du rapport, Baba Ould Sidi El Moctar, chef de tribu Kounta, Choguib Ag Attaher, chef de fraction Idnane, Attaher Ag Inguida, chef de fraction, Mohamed Ali Ag Albessati, Dr Zak, coordinateur de MDM-B, Mohamed Ag Jidou, Titta Agbacrene ( conseiller pédagogique), Dr Moussa Ag Mohamed, pharmacien régional, Moussa Maïga, enseignant, Cheick Ag Baye, coordinateur solidarité…
S’agissant des futures négociations, Bilal Ag Chérif déclare ce qui suit : « L’objectif premier du MNLA était l’indépendance de l’Azawad mais depuis le déclenchement des hostilités, toute la communauté internationale s’est prononcée contre la remise en cause de l’intégrité territoriale du Mali et appelle à lutter contre le terrorisme, ce qui nous oblige à faire des concessions ». Il ajoute : « Si nous renonçons aujourd’hui à l’indépendance de l’Azawad, ce n’est que partie remise, car tôt ou tard la question reviendra sur la table. Depuis longtemps, le MNLA réclame des négociations mais les autorités maliennes entendent récupérer la totalité du territoire dont Kidal. Ce qui constitue pour nous une déclaration de guerre ».
Le président du conseil transitoire du MNLA, qui a salué la médiation burkinabé,  dit ne pas préférer celle du Niger. Parce que, fait-il savoir, les autorités nigériennes ont un discours : va-t-en guerre. Avant de poursuivre : « les autorités algériennes voulaient me rencontrer de façon informelle chose que j’ai catégoriquement refusé jusqu’au jour où j’ai été invité en ma qualité de président du MNLA. L’Algérie nous envoyait des vivres et du carburant à Tinzawaten alors que nous avions besoin d’un appui politique clairement affiché. Les émissaires français des Affaires étrangères que nous avons reçus à Kidal nous ont demandé d’engager un dialogue avec les autorités maliennes sans que l’intégrité, la laïcité soient négociables. Il n’a jamais été question que la France nous aide et aucun pays ne s’est engagé à nous aider. Trouvons une sortie honorable dans un Mali uni garanti par une puissance étrangère pour éviter les accords du passé ».
Concernant le terrorisme, Bilal Ag Chérif rend responsable le régime ATT qui a cautionné l’installation des trafiquants de tout genre. Il rend aussi responsable ceux qu’il a appelés « les fils de l’Azawad » qui collaborent avec les bandits. « Pour arriver à bout du terrorisme, la seule action militaire ne suffira jamais quels que soient les moyens, il faut soustraire de ces groupes les enfants de l’Azawad et tout cela n’est possible que dans une administration de l’Azawad » dit-il.
Après cette introduction du président du MNLA, de nombreux participants ont tenu à exprimer leurs opinions. M’Beïry d’indiquer : « Nous sommes en face de deux parties, le MNLA et le Mali, Intalla et Baba ont rencontré les Français et les ont rendu responsables de cette situation créée depuis l’indépendance. Il revient à la France de la régler pour de bon ». Il sera suivi du colonel Mohamed Najim qui, dans son intervention précise : «  nous sommes partagés en deux groupes, ceux qui attendent le retour du Mali et les autres. La France veut nous faire retourner dans un Mali corrompu et tous ces attentats ne visent qu’à dénoncer cette réintégration au Mali ». Mohamed Ag Intalla s’est voulu raisonnable : « Abandonnons l’exthnicisme et le tribalisme, le Mali vaut mieux que les Français et Aqmi réunis, il n’y a aucun espoir dans ce désordre, tout le monde en a marre de nous, il est temps d’arrêter ».
« Tous les pays  connaissent nos problèmes, ils nous ont tous rejeté, nous ne respectons pas aussi nos accords, revenons à nous-mêmes et pensons aux réfugiés » a déclaré Mohamed Ag Egleze. Baba Ahmed Atlag d’insister : « Il ne faut pas continuer à se tromper soi-même malheureusement c’est ce à quoi, nous assistons ». Et Rhissa Ag Ghatbou indique : «  Au Mali, on dit que le MNLA ne représente rien, mais le Mali tiendra difficilement la région après le départ des Français. Il est intéressant de trouver une forme d’administration plus poussée dans un Mali uni où nous administrons nos espaces comme dans une décentralisation plus poussée. N’accusons pas seulement le Mali, nous devons nous aussi nous remettre en cause car nous détruisons beaucoup. Il faut éduquer nos membres et mettre les porte-paroles  du MNLA en garde dans leurs déclarations ».
Il est à préciser que ces discussions à Kidal avaient pour objet de recueillir les suggestions des chefs de tribus, de fractions et des responsables du MNLA pour servir de support dans les négociations éventuelles entre les autorités maliennes et les séparatistes touareg.

ABDOULAYE DIARRA