Convié comme tous les autres groupes armés du Nord à de « consultations exploratoires » à Alger, le week-end dernier, le MNLA s’est de nouveau illustré par une volte-face spectaculaire qui, au-delà des apparences, cache mal d’autres intérêts infâmes.

 

MNLA NEGOCIATION AZAWAD ACCORD CADRE kidal

 

Remise en cause des accords, provocation militaire, propagande…, le MNLA aura usé de tous les subterfuges et artifices pour torpiller toutes les initiatives de règlement définitif de la crise au Nord de notre pays. Fidèle à ses habitudes, le Mouvement vient de remettre ça, à l’occasion d’une invitation adressée par la république sœur d’Algérie à l’ensemble des groupes armés du Nord de notre pays pour des « consultations exploratoires » dans le but de booster le dialogue inclusif qui est le vœu de toutes les parties prenantes de la crise dans le Septentrion.

Les faux-fuyants

À l’origine, a-t-on appris de sources autorisées, il s’agissait d’une démarche des mouvements armés du Nord qui ont demandé à l’Algérie de les aider à « élaborer » et « peaufiner » une plateforme en vue de préparer des négociations inclusives entre Maliens. Ce à quoi le pays hôte a donné une suite favorable, en prenant le soin d’en informer au préalable les autorités nationales qui n’y ont vu aucun inconvénient dès lors que le problème malien se résoudra au Mali et entre les Maliens.

Le ministre des Affaires étrangères, Zahaby Ould Sidi Mohamed, a tenu à lever toute équivoque quant à cette rencontre : «Il n’y a ni négociations secrètes ni agenda caché. C’est une initiative de nos frères algériens qui a reçu l’assentiment du gouvernement malien en vue d’aboutir à des négociations inclusives. La démarche vise à pacifier le Mali et parachever le processus de Ouagadougou».

Les autorités algériennes ont alors réuni, le jeudi 16 janvier dernier, plusieurs groupes armés du Nord pour faire avancer le dialogue.

Curieusement, le MNLA qui crie urbi et orbi depuis plusieurs semaines, pour réclamer la reprise du dialogue était le premier à boycotter la rencontre, suivi en cela par le MAA qui, lui, obéit au doigt et à l’œil ainsi que d’une aile du HCUA.

Ainsi, si le MNLA a carrément refusé de prendre part aux débats, les deux autres mouvements ne reconnaissent pas la plateforme signée et dans laquelle les responsables des différents groupes armés demandent à Alger de prendre en main la médiation pour le règlement de la crise au Nord.

Outre cet alibi, les MNLA et ses complices du HCUA et du MAA ont remis en cause la représentativité des délégations qui ont effectué le déplacement.

La rançon de la trahison

À l’analyse de ces faits, certains constats s’imposent.

Primo, la rencontre d’Alger n’était qu’une rencontre informelle, non contraignante, qui par conséquent ne nécessitait aucune épreuve de force de la part d’aucun des participants.

Secundo, cette rencontre a été souhaitée par les groupes armés eux-mêmes et à laquelle ils se devaient de prendre part par respect pour eux-mêmes les demandeurs et pour le médiateur choisi par eux.

Tertio, en prenant pour prétexte le choix de l’Algérie comme médiateur éventuel ; alors que ses services ont été sollicités par l’ensemble des groupes armés pour la préparation d’une plateforme préparatoire aux discussions inter-Maliens, l’on se rend coupable d’un flagrant manque de logique et de cohérence.

À l’évidence, c’était la faute de trop à ne pas commettre par le MNLA et ses Spoutnik.

Cette faute, en plus des deux autres, lève totalement le voile sur un travail au corps de ces groupes armés en vue de les détourner de leur objectif initial et de leur en fixer un nouveau.

Cette volte-face a eu un coût financier pour ses commanditaires, s’accorde-t-on à soutenir dans des milieux bien introduits (les rebelles du MNLA ne sont pas des enfants de cœur, encore moins des kamikazes nippons prêts à mourir pour la défense de la Patrie).

Combien ont-ils exactement perçu pour bons et loyaux services rendus, à savoir torpiller la dynamique amorcée par l’ensemble des mouvements ?

Nul ne saurait le dire en raison de la nature de la transaction et des acteurs secrets qui y sont y sont impliqués jusqu’au cou.

Ce qui ne souffre l’ombre d’aucun doute, c’est que pour le moment, le MNLA a joué à la perfection sa partition : créer les conditions d’isolement de l’Algérie, en permettant à d’autres de continuer à détenir les cartes maîtresses du dossier du Nord.

Mais jusqu’à quand durera ce boulot de mercenaire de la part de certains rebelles dépositaires des intérêts étrangers sur le territoire national ?

 

 Des certitudes

La certitude dans cette affaire, c’est que le MNLA ne pourra jamais faire le beau devant l’Algérie. Et pour cause, s’il a de nouveaux alliés de circonstance aujourd’hui ; il lui sera par contre très difficile de s’émanciper de l’Algérie, à fortiori le combattre. C’est à ce pays qu’il doit ses vivres, son carburant… En clair, un pays sans lequel, il ne saurait tenir au-delà de quelques semaines.

De sources bien informées, les autorités algériennes sont pleinement conscientes de cette donne. D’où leur confiance totale du retour dans leur giron des rebelles qui viennent de claquer avec fracas la porte des consultations exploratoires.

Une autre certitude, c’est que si cela relevait d’une certaine aberration de jeter le bébé avec l’eau du bain de la médiation de la communauté internationale ; il serait tout autant indiqué que l’intervention algérienne ne pourrait être que la cerise sur le gâteau dont il serait aussi insensé de se priver.

Pourquoi se priver d’une recette qui ne ferait que mieux assaisonner la sauce ?

Il n’y en a pas lieu, à moins que certains ne voient leur intérêt menacé par un renfort de médiation qui ne s’inscrit que dans le prolongement des discussions engagées à Ouaga et qui ont abouti à la signature d’un Accord préliminaire. Le vendredi dernier le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, en visite à Alger, n’a-t-il pas salué le rôle de l’Algérie en faveur de la paix et de la réconciliation dans notre pays; tout en soutenant: “On a besoin de toutes les bonnes volontés pour faire répartir le processus ” ?

En définitive, ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est la position officielle du Mali sur cette question du Nord. Le ministre des Affaires étrangères, Zahaby  Ould Sidi Mohamed l’a rappelée à Alger.

«Nous ne sommes pas encore arrivés à une phase permettant de dire que le dialogue inter malien est bel et bien relancé», a-t-il affirmé, soulignant que l’Algérie et le Mali «sont d’accord» sur le fait que le dialogue inter malien doit être abrité par la capitale Bamako.

 

Par Bertin DAKOUO
Source: Info-Matin