« Plutôt la mort que la honte » telle était la devise écrite en fond d’écran dans le dortoir du Lycée Technique le 22 septembre 1960 lorsque Modibo KEITA, en qualité de Président du parti Union Soudanaise du Rassemblement Démocratique Africain (US-RDA) signait la déclaration de proclamation de l’indépendance de la République du Mali.

Dès le lendemain le commandant de bataillon, les membres de l’Etat-Major en République soudanaise et le Président Modibo KEITA ont créé et organisé, un bataillon commandé par le Capitaine Pinana Drabo et un État-major commandé par le Capitaine Sékou Traoré qui avaient à leurs côtés comme officiers d’Etat-major : le capitaine Tiemoko Konaté, les lieutenants Demba Diallo et Malick Diallo et le sous-lieutenant Boukary Sangaré. Le 29 Septembre 1960 (jour de l’adhésion du Mali à l’ONU), un accord a été conclu avec Paris en vue du regroupement sur la base de Kati, près de Bamako, de diverses troupes françaises stationnées à Gao, Tombouctou, Kayes, Ségou et Nioro ainsi qu’en d’autres lieux du pays.
C’est après qu’est intervenue la naissance de l’armée malienne c’était le 1er octobre 1960 (soit 8 jours, seulement après la proclamation et de l’indépendance et 2 jours après l’adhésion du Mali à l’ONU comme 98ème membre), le président Modibo Keïta, à travers une allocution radiodiffusée, a annoncé la naissance de l’Armée malienne. Ce même 1er Octobre 1960, le Chef d’État-major de l’armée malienne, le Capitaine Sékou Traoré, après l’allocution du Commandant en Chef, ministre de la Défense, Modibo Keïta, a rassemblé ses hommes et leur a tenu le premier discours d’un Chef militaire malien en ces termes: « Officiers, sous-officiers, caporaux et soldats de l’Armée du Mali. La journée du 1er octobre 1960 fera date dans notre histoire, car elle a vu la naissance de notre Armée nationale. C’est avec une joie et une fierté bien légitimes que je vous adresse le salut fraternel de celui que le gouvernement a bien voulu désigner pour vous commander. Je mesure dans toute son ampleur le redoutable honneur qui m’échoit. Le peuple de la République du Mali et le gouvernement qui en est authentiquement l’émanation vous font confiance et sont convaincus que par votre tenue, votre discipline, votre dévouement exemplaire et votre sens élevé du devoir vous serez les dignes héritiers de nos pères, de nos anciens qui nous ont légué tant de traditions d’honneur, de loyauté, de fidélité et d’héroïsme. Maintenant que vous avez une armée nationale, un drapeau et une patrie retrouvée vous avez la tâche de défendre la Patrie contre les ennemis de l’intérieur et ceux de l’extérieur, vous saurez, j’en suis persuadé, utiliser pleinement votre bravoure légendaire. La noble et exaltante mission qui vous incombe exige le don total de soi-même allant jusqu’au sacrifice suprême. L’esprit d’abnégation qui vous caractérise tous et dont vous avez toujours fait preuve en d’autres circonstances et en d’autres lieux, vous le manifesterez, ici, sans défaillance pour que la République du Mali vive libre et prospère. Officiers, sous-officiers, caporaux et soldats de l’Armée du Mali, aujourd’hui plus qu’hier, ici, plus qu’ailleurs, le peuple et le gouvernement comptent sur vous. Je suis convaincu que vous ne les décevrez pas quoiqu’il arrive. Je salue vos drapeaux et étendards. »
“Mali sordassiw
An yan yerè ta bi,
An ka wili,
An ka na malo…”
Avant ce discours, le 12 Octobre 1960, l’armée malienne fut présentée au président Modibo Keïta à travers une cérémonie solennelle sur la Place Maginot, l’actuelle Place du Souvenir en face du Ministère de l’Éducation nationale et de la mairie.
Trois mois plus tard, le 20 janvier 1961, après avoir été adoubé par l’Assemblée nationale et investi à l’unanimité comme Chef de l’État, le président Modibo Keïta a invité le corps diplomatique accrédité dans son pays et leur a tenu ce discours sans ambigüité : « Je vous remercie de vous être distraites de vos augustes occupations et de vos nombreuses préoccupations pour répondre à mon invitation.
L’importance de la communication exige que je vous la fasse moi-même.
À l’heure qu’il est, l’Ambassade de France en République du Mali est informée par mes soins de la décision de mon parti et de mon gouvernement de voir la France évacuer les bases militaires de Bamako, de Kati, de Gao et de Tessalit, qu’elle occupait du fait des accords franco-maliens signés à Paris le 22 juin 1960, entre elle et la Fédération du Mali et qui deviennent caducs après les événements du 19 au 20 août 1960 et l’acte de reconnaissance par la France du gouvernement du Sénégal, acte qui consacre la dislocation de la Fédération du Mali.
La République du Mali a affirmé sa volonté de coopérer avec la France sur la base de la non-ingérence dans nos affaires intérieures et du respect de notre souveraineté. La décision de mon parti et de mon gouvernement ne met nullement en cause cette volonté. Elle est l’expression de notre conviction qu’à moins d’abandon volontaire de souveraineté de la part d’un État jeune ou d’accords particuliers dans le domaine de la défense, les troupes de l’ex-puissance coloniale ne peuvent stationner sur le territoire de l’ex-colonie aux côtés des troupes du jeune État. D’autre part, le peuple du Mali, l’Union Soudanaise-R.D.A., et le gouvernement de mon pays ont toujours affirmé leur option en faveur de la politique de non-alignement sur l’un ou l’autre des deux blocs. Cette attitude est en contradiction avec la présence, sur son territoire, des troupes d’une puissance étrangère et à laquelle ne le lie aucun accord et qui d’autre part est engagée dans le pacte militaire d’un bloc. Je prie vos Excellences d’informer vos gouvernements respectifs et d’attirer leur attention sur notre ferme décision de l’évacuation rapide des troupes stationnées en République du Mali. Je vous remercie. Les troupes françaises sont donc priées de plier bagage, telle est la volonté et la position clairement affirmées des nouvelles autorités souveraines de Bamako. Volonté de matérialiser l’indépendance ? Affirmation de la souveraineté ? »
Que vaut aujourd’hui, cette détermination fictive des autorités actuelles, qui ont préféré la honte à la mort ? L’Indépendance de l’Azawad est fêtée chaque 6 avril au vu et su de tout le peuple malien y compris l’armée malienne sans aucune réaction. Les congrès des mouvements armés au nord soutenu, conseillé et piloté par la France sont devenus des occasions pour intimider non seulement le pouvoir, mais aussi, nos FAMA et les maliens à travers des défilés militaires, le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA) a même organisé une parade de ses combattants devant le domicile d’Alghabass Ag Intalla. On notait la présence du gouverneur de Kidal, Sidi Mohamed Ag Ichrach, le chef de bureau MINUSMA, Christophe Sivillon, Ousmane Sy, et plusieurs autres invités venus d’Algérie et du Niger. Pendant 2 heures, ce fut une démonstration de force avec plus de 150 pick-up armés. En plus du défilé des combattants, il y avait de la musique et des chameliers qui ont agrémenté la cérémonie.
Le peuple malien a-t-il encore du cœur pour dénoncer l’accord d’Alger et le remettre au goût des maliens et non de la France ?
Comment qualifier autrement notre outil de défense qui se trouve désormais géré par deux types de règlement ? Comment nos dirigeants vont-ils nous convaincre en nous faisant croire que le Mali est un et indivisible ? Et dans tout cela, le peuple docile du Mali qui accepte tout sans aucune réaction va-t-il être encore le dindon de la farce ?

Badou S KOBA

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