Dans le cercle de Goundam, les villages de Tihigrène et Toucabangou se sont tournés vers la pisciculture. Cette alternative vient combler le vide laissé par l’assèchement du lac Faguibine. Avec les étangs, l’espoir renait.

Depuis plus de deux décennies, on assiste à l’assèchement progressif du lac Faguibine, principale source de production de la population du cercle de Goundam. Cet assèchement a durement impacté les conditions socio-économiques des populations essentiellement agro-sylvo-pastorales.

Dans la foulée, plusieurs bras valides et pêcheurs sont partis vers d’autres destinations. Tihigrène et Toucabangou approvisionnaient plusieurs autres localités du cercle de Goundam en poisson. Aujourd’hui, le constat est alarmant : ils se sont presque vidés de leurs habitants, les marchés dépourvus de poissons.

Soulagement

Les deux villages ont désormais, chacun, deux étangs piscicoles. Ces espaces aménagés ont été acquis grâce l’ONG WHH-BMZ en partenariat avec l’Association malienne pour la survie au Sahel (AMSS). Les populations, qui ne comptent plus sur le fleuve pour se nourrir, se sont tournées vers la pisciculture.

« Aujourd’hui, tout ce qui est alimentation à base de protéines commence à diminuer. La brousse est vide maintenant. La pisciculture est devenue une activité principale, source de revenus dans certaines zones », souligne Hamadine Sadou Ongoïba, chef de projet à WHH-BMZ. Les deux étangs de 100 mètres carrés chacun peuvent produire jusqu’à 100 kilogrammes de poissons, selon Moro Kamissoko, un agent de la direction régionale de la pêche et spécialiste en pisciculture.

« Résultat est vraiment acceptable et encourageant »

Le 27 septembre 2020 était jour de la récolte des étangs sur les deux sites. L’attente a été longue mais, selon l’agent de pêche, M. Moro, le résultat est acceptable en moins de six mois de cycle. « Ils se retrouvent avec des poissons à la taille de trois à quatre doigts. Le poids moyen de ces poissons est au moins de 200 g et ils sont commercialisables déjà. Le résultat est vraiment acceptable et encourageant. »

C’est avec le sourire aux lèvres qu’Ousmane Mama, chef de village de Téhigrène, a acheté son poisson sur le site pour son plat du jour : « Nous nous en réjouissons vivement. Je suis vraiment ravi de la récolte de nos étangs. C’est symbolique mais significative, puisque cela fait des décennies qu’on n’a plus vu ça. Le poisson frais d’une telle qualité nous réconforte vraiment ».

Retour des déplacés

Pour le maire de la commune rurale de Bintagoungou, Hama Abacrine, c’est un signal très fort qui occasionnera le retour des pêcheurs déplacés de la commune. « La réussite de cette expérience pourrait susciter l’espoir du retour des autres pêcheurs déplacés. Si l’on parvient désormais à y pratiquer de la pisciculture de façon permanente à travers des aménagements si simples, les étangs piscicoles, c’est vraiment bénéfique pour nous », se réjouit-il

Pour les bénéficiaires, la pisciculture constitue une alternative au chômage des jeunes. L’État malien et ses partenaires devraient faire de la promotion de la pisciculture leur cheval de bataille en formant et équipant des jeunes ruraux. Cette alternative permettra de résorber le chômage dans des zones où les jeunes sont enrôlés dans les groupes armés.

 

Source: Benbere