Désormais, le colonel de la garde nationale, Hassan Ag Fagaga, prend sa disponibilité. C’est un ancien déserteur de l’armée malienne et réintégré dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, issu du processus d’Alger qui a décidé le 17 novembre 2021 de démissionner de la Garde nationale pour convenance personnelle. Que faut-il retenir de cet homme qui semble avoir la rébellion dans le sang et qui connaît bien le grand nord par cœur ?

 

Agé de plus de soixante ans, Hassan Ag Fagaga est bien connu dans le septentrion malien, et même au-delà. C’est un ancien pivot de la rébellion touarègue basée à Kidal, mais qui a fait sa formation militaire en Libye et en Syrie. Il prend part à la rébellion touarègue de 1990 à 1996 et combat ainsi pendant six ans sous les ordres de Iyad Ag Ghali, au sein du Mouvement populaire de l’Azawa (MPA). C’est en 1996, après les accords de paix, qu’il intègre l’Armée malienne avec le grade de commandant.

En 2006, alors qu’il est colonel de la Garde nationale, Hassan Ag Fagaga déserte et prend la tête d’une rébellion touarègue avec Iyad Ag Ghali et Ibrahim Ag Bahanga et lance la même année un raid contre Kidal. Nous sommes le 23 mai 2006. Après ce forfait, il dépose les armes en janvier 2009 avec 300 compagnons tous combattants. Trois ans après, soit en 2012, il rejoint cette fois-ci le Mouvement national pour la Libération de l’Azawad (MNLA). Ainsi, il combat l’armée malienne et proclame l’indépendance de l’Azawad. C’est dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, issu du processus d’Alger que Hassan Ag Fagaga réintègre les Forces armées maliennes, avant être nommé en mars 2017 à la tête des autorités intérimaires de Kidal.

En mai 2017, dans une interview accordée à Jeune Afrique, Hassan Ag Fagaga affirmait : « Iyad est un cousin, mais ceux qui me connaissent depuis longtemps savent bien qu’on ne partage pas la même vision. Pendant la rébellion de 2005-2006, j’avais demandé un statut particulier pour les régions du Nord, qu’on appelle Azawad. Iyad lui, était pour le gouvernement malien à l’époque. »

Dans la même interview, Hassan Ag Fagaga soulignait : « Iyad dit qu’il se bat pour l’application de la charia. C’est une cause noble. Par contre, je n’approuve pas sa méthode pour y parvenir. J’ai même un doute sur sa volonté réelle d’appliquer la charia. Notre prophète nous a enseigné que si on veut réussir une chose, il faut la faire dans la plus grande discrétion. C’est tout le contraire de ce que fait Iyad. »

Certes dans le décret N° 0818/PT-RM du 17 novembre 2021, portant acceptation de démission d’un officier supérieur des Forces armées et de Sécurité, le président de la transition, Colonel Assimi Goïta, précise que Hassan Ag Fagaga sera versé dans la réserve des Forces armées et de Sécurité du pays, mais l’on a le droit de se poser la question de savoir si son intention est toujours de servir le Mali avec loyauté. Mais le temps nous édifiera davantage.

Ousmane BALLO

Source : Ziré