Accusé de vouloir se rapprocher d’Abou Walid Al-Sahraoui, l’émir de l’Etat islamique au grand Sahara, pour étendre son influence sur toute la région ouest-africaine, le chef terroriste touareg est devenu la cible prioritaire de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

« Iyad était, déjà, le patron du jihad malien. Avec ce rapprochement, il veut élargir son influence au niveau régional », s’inquiète une source sécuritaire occidentale.

Une cible prioritaire

Devenu leader du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), créé en mars 2017, et placé sous la bannière d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), Iyad et Abou Walid Al-Sahraoui se seraient rencontrés, début décembre, dans la région de Kidal. Quelques jours plus tard, l’émir de l’Etat Islamique au grand Sahara se serait entretenu avec les lieutenants d’Iyad à Tin-Abao, au sud de Ménaka. Ce n’est pas tout.
Ces six derniers mois, Abou Walid Al-Sahraoui aurait été repéré, par les services de renseignements occidentaux, entre Ansongo et Ménaka où, il a des discussions avec les hommes d’Iyad. Notamment, Malick Ag Wanasnat, mort dans le raid effectué, dans la nuit du 13 au 14 février derniers, par Barkhane dans son fief de Tinzawatten, localité située à la frontière algérienne, non loin d’Abeïbara, dans l’extrême nord-est du Mali.

Iyad, protégé des services secrets algériens ?

Selon les services secrets occidentaux, Iyad et Al-Sahraoui envisageaient de mener des opérations communes aux confins des frontières de trois pays où, la Force conjointe du G5 Sahel s’apprête à se déployer.
Effectué, dans la nuit du 13 au 14 février derniers dans son fief à Tinzawatten, le raid de Barkhane, qui s’est soldé par la mort d’une dizaine de terroristes, dont deux de ses plus fidèles lieutenants, et la destruction d’une partie de son matériel militaire, n’a pas permis d’éliminer le chef terroriste touareg. Qui a sauvé, in extrémis, sa peau. Mais son mythe d’invincibilité a volé en éclats.
Celui, qui se plaît à narguer les Chefs d’Etats ouest- africains et les chancelleries occidentales à travers des vidéos diffusées sur internet, a, désormais, à ses trousses les forces armées malienne, française et américaine.
Notable de la tribu des Ifoghas, reconverti dans le djihadisme, Iyad Ag Ghali a, grâce à sa connaissance du terrain, échappé aux services de renseignements occidentaux et ouest-africains. Mais, surtout, à la protection des services de renseignements algériens.
« Il ne doit son salut qu’au soutien des services algériens », murmure- t-on dans les couloirs du ministère français de la Défense.

La traque se poursuit

Outre Abou Walid Al-Sahraoui, Iyad Ag Ghali entend s’associer avec Abou Yahya Al Hamman, l’émir d’Aqmi pour le grand Sahara ; Hamadoun Koufa, le chef de la Katiba Macina d’Ançar Dine ; Abou Hassan Al Ansari, leader d’Al-Mourabitoune au Mali ; Ibrahim Malam Dicko, chef djihadiste règnant dans le nord du Burkina Faso… pour fonder leur « Etat islamique » en Afrique de l’Ouest.
C’est pour mettre fin à ce « projet criminel », que Barkhane est passé à l’action dans la nuit du 13 au 14 février derniers.
Après l’avoir localisé, les forces spéciales françaises ont décidé de le neutraliser. La suite, on la connaît.
Sorti indemne du raid de Barkhane, Iyad est devenu la cible prioritaire de Barkhane.
Pour ce faire, la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) adopte la technique des 3F : find, fix, finish. En clair, « traquer, trouver, terminer ».
« L’objectif n’est pas de tuer pour tuer, mais avant tout d’éliminer x ou y parce qu’il constitue un rouage essentiel de l’adversaire », précise un expert des questions de défense de la sous-région.
Comme on le voit, tous les moyens sont mis en œuvre pour mettre la main sur le « Pitbull de l’Adrar ». Mort ou vif.

Oumar Babi

Source: Canard Déchaîne