Mali-Mauritanie : Abdel Aziz boude IBK

Entre Bamako et Nouakchott, les relations sont au bord de la rupture. Ce qui explique l’absence du président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, à la cérémonie d’investiture de Ibrahim Boubacar Keïta, le 19 septembre dernier. Pourquoi cette absence du putschiste mauritanien à Bamako ? Que se passe-t-il entre Bamako et Nouakchott ? Réponses.

En effet, invité à prendre part à la cérémonie d’investiture d’IBK, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, a décliné l’invitation contrairement à plusieurs chefs d’Etat de la sous-région qui ont fait le déplacement à Bamako. L’absence du putschiste mauritanien n’est pas passée inaperçue d’autant que les deux pays (Mali et Mauritanie) partagent une longue frontière commune et ont toujours entretenu le bon rapport jusqu’à une date récente. D’où la décision du chef de l’Etat mauritanien de ne pas assister à l’investiture du nouveau président du Mali.

 

Le fait nouveau dans ses rapports difficiles entre les deux Etats ? C’est à chercher du côté de la Minusma où la Mauritanie brille par son absence contrairement aux autres pays voisins qui participent à la stabilisation du nord du Mali. Mais Nouakchott avait conditionné sa participation au déploiement de ses troupes dans des zones précises du nord que les autorités mauritaniennes avaient déjà choisi. Histoire pour la Mauritanie de choisir et de contrôler ces mêmes zones en territoire malien. Cette exigence de Nouakchott a été catégoriquement rejetée par les autorités de la transition qui ont estimé que les troupes mauritaniennes doivent être déployées au sein de la Minusma comme le sont les autres forces. Dès lors, Abdel Aziz est resté sur sa position et a refusé la participation de son armée à la Minusma. Au-delà de sa non participation à la Minusma, les informations font état actuellement de manœuvres qui seraient en cours entre le régime mauritanien et les activistes de Kidal qui se réclament du Mnla. Selon les mêmes informations, de nombreux éléments du Mnla (responsables et combattants) seraient actuellement en Mauritanie pour préparer des actions de déstabilisation au nord du Mali. Aussi, le régime d’Abdel Aziz (comme il l’a toujours fait) apporterait sa contribution à cette manœuvre de déstabilisation afin de punir Bamako. Informé de ces manœuvres en cours sur le sol mauritanien, IBK aurait décidé d’envoyer des émissaires auprès de son homologue mauritanien. Objectif : désamorcer la bombe entre Bamako et Nouakchott. Et les émissaires du chef de l’Etat malien seraient attendus à Nouakchott dans les prochains jours.

 

Il faut dire que le régime du putschiste mauritanien a largement contribué à la déstabilisation du nord du Mali par l’intermédiaire du Mnla. Ce mouvement a bénéficié du soutien logistique et financier de ce régime à l’éclatement de la rébellion au nord du Mali, en janvier 2012. Et les autorités maliennes, sous le régime d’ATT, étaient informées de toutes les manœuvres entreprises à l’époque par Nouakchott pour soutenir les rebelles.

 

C. H. Sylla

Source: L’Aube