Les négociations de paix à Alger ont connu une pause jeudi dernier sans réelle avancée. Car les groupes armés sont prêts à poursuivre  les négociations à la seule condition que le mot fédéralisme ne choque pas Bamako. Comme quoi, on retourne à la case de départ, et cela risque de réveiller les vieux démons.

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Ce devait être la dernière étape. Lancée il y a une semaine, la nouvelle phase des négociations de paix entre les mouvements du Nord et les autorités de Bamako s’est terminée jeudi dernier. Depuis le lundi 24 novembre, les discussions sont bloquées par la question du fédéralisme. Ce jour-là, les mouvements armés de la Coordination ont pu, à la demande du chef de file de la médiation, Ramtane Lamamra, expliquer les détails de leur proposition d’Etat fédéral. Les représentants du gouvernement malien «se sont fâchés». «On nous a ramené dans l’étude du projet de fédération qui, lui-même, avait déjà fait l’objet de rejet il y a quelques semaines par la médiation», explique le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop. Les représentants des groupes armés affirment, de leur côté, qu’il n’est pas question de céder sur cette revendication. «Après 50 ans et à cause du retard de développement, nous considérons que c’est le système qui ne fonctionne pas», estime Mohamed Ousmane Ag Mohamadoun, porte-parole de la Coordination. La session plénière des négociations devait officiellement se terminer le jeudi. Elle a été prolongée de fait. Tous les participants affirment être optimistes, mais l’actualité du terrain rattrape les négociateurs.

La crainte de la radicalisation de la position gouvernementale

Un observateur se dit très préoccupé. «Tous les ingrédients qui ont mené à la guerre de 2012 sont à nouveau réunis.» Certains s’inquiètent d’une «radicalisation de la position du gouvernement»; des propos tenus par des responsables à Alger et à Bamako laissent penser qu’une aile dure, partisane d’actions militaires, a désormais plus d’influence. En face, les représentants des mouvements armés estiment que si aucun accord n’est signé, ce sera le retour à la guerre. «La menace est grande. Les rebelles menacent mais d’autres acteurs, plus dangereux, menacent également», explique un observateur, car, de chaque côté, «chacun se prépare».

Lamamra a précisé à la fin de la 4e phase du round 3 du dialogue intermalien que «celle-ci a été extrêmement avantageuse du fait qu’elle nous a permis d’élargir le cercle d’entente entre les parties maliennes concernant de nombreuses questions et de cerner les divergences en quatre voire cinq points.» Il a ajouté qu’à travers ses contacts avec toutes les parties maliennes, le groupe de médiation, que préside l’Algérie, a retenu «certaines voies pouvant nous conduire vers une plate-forme de médiation à même d’amener les parties à dépasser leurs différends et d’aboutir à des formules acceptables par tous’’.  Il a précisé que ces voies sont de nature à «permettre au processus d’Alger d’aller vers la réalisation du traité de paix globale et définitif au Mali dans le cadre de la réconciliation nationale». Le chef de la diplomatie algérienne s’est dit convaincu que dans les prochaines semaines, les parties maliennes auront l’occasion d’étudier le document révisé, soumis par l’équipe de médiation à toutes les parties et intitulé «projet de paix et de réconciliation au Mali».

Mais, le hic est que, dans une déclaration, les responsables des groupes armés du Nord maintiennent leur idée de fédéralisme, car selon eux, si ce mot  fâche les autorités de Bamako, alors il vaut mieux mettre fin aux négociations. Face à cette intransigeance, quelle sera la réaction des autorités maliennes ? Et si la position du Mnla et ses alliés venait à se radicaliser, ne tirons-nous acheminons pas vers l’ouverture d’un nouveau front armé ?

Paul N’GUESSAN

SOURCE: Le Prétoire  du   2 déc 2014.