Mohamed Akotey, 46 ans, figure touareg et ex-ministre nigérien, est le grand artisan de la libération mardi des quatre otages français capturés en 2010 par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

otages français nord-mali

Né à Tidène, dans une vallée à 80 km au nord d’Agadez, le négociateur de Niamey est connu comme un homme de réseau, que sa naissance dans une grande famille touareg et ses études – interrompues – en France ont favorisé.

L’épais carnet d’adresses de cet homme à la peau claire, souvent coiffé d’un turban, lui « ouvre toutes les pistes et les secrets du désert », commente à l’AFP l’un de ses cousins, Rhissa Feltou, le maire d’Agadez, la grande ville du nord nigérien.

Dans l’affaire des otages français, son principal atout est son appartenance à la tribu Ifoghas, un groupe touareg minoritaire au Niger, que l’on retrouve également au Mali voisin, notamment dans la zone de Kidal, et dont Iyad Ag Ghali, le chef du mouvement islamiste Ansar Dine (défenseurs de l’islam), est issu.

« Ses relations composées d’ex-rebelles touareg maliens et des membres de la tribu Ifoghas ont été déterminantes dans la réussite de cette mission », estime Ibrahim Mohamed, un ex-chef rebelle nigérien.

Décrit par ses proches comme un homme « pacifique, discret et très efficace », Mohamed Akotey, est tout d’abord l’un des hommes clé des accords de paix de Ouagadougou en 1995, qui mettent un terme à la première révolte touareg contre Niamey.

Il devient ensuite notamment conseiller en sécurité (1996-1999) du général Ibrahim Baré Maïnassara, ancien président du Niger, puis ministre de l’Environnement de son successeur Mamadou Tandja (2007-2009).

Areva le nomme en 2009 président du conseil d’administration d’Imouraren SA, sa filiale dans la région d’Agadez, un poste qu’il occupe encore aujourd’hui.

Il assiste depuis cette position à l’attaque par Aqmi du site du géant nucléaire français à Arlit (nord), qui aboutit à la capture de sept otages, dont les quatre Français libérés mardi.

Les trois autres séquestrés, la femme de l’un otages, un Togolais et un Malgache, sont relâchés en février 2011 en « territoire nigérien ».

D’après plusieurs sources touareg, Mohamed Akotey entretient de « bonnes relations » avec le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, qui avait permis la libération de plusieurs otages occidentaux enlevés par Aqmi (notamment en juillet 2012 avec la libération de trois otages européens – deux Espagnols dont une femme et une Italienne – enlevés en octobre 2011 en Algérie).

« Toutes ces qualités lui ont conféré une vraie stature et une certaine expérience en matière de négociation », relève l’un des ses amis.

« Ce n’est donc pas un hasard si le président du Niger lui a confié cette mission très délicate d’obtenir la libération des otages français », commente-t-il.

Une mission qu’aurait facilitée la rançon de 20 à 25 millions d’euros payée par la France aux ravisseurs, selon une source proche des négociateurs nigériens, ce que conteste Paris.