Le samedi 17 avril dernier, la Division des Affaires civiles (DAC) de la MINUSMA à Mopti a appuyé la quatrième et dernière réunion trimestrielle des organisations de la société civile sur leurs rôles et responsabilités dans la cohésion sociale. Près d’une vingtaine de personnes, dont la moitié étaient des femmes, ont pris part à ces échanges qui portaient principalement sur l’appui de la société civile à la transition au Mali.

Organisée par l’ONG AFAR (Action pour la Formation et l’Autopromotion Rurale), en étroite collaboration avec le Conseil Régional des Organisations de la société civile (CROSC) de Mopti, cette réunion vient clôturer une série de rencontres similaires tenues entre les organisations de la société civile entre février et mars 2021. Le but est de favoriser une meilleure participation de la société civile au processus décisionnel, au suivi et au contrôle de l’action publique, ainsi qu’à la gouvernance locale.

Cette dernière réunion tenue le 17 avril 2021 au siège de l’ONG AFAR à Sévaré, Mopti, a vu la participation des représentants du Haut Conseil Islamique (HCI), de la coordination régionale des ONG, de la CAFO ainsi que de ceux du conseil régional de la jeunesse venus des cercles de Mopti, Bandiagara, Douentza, Koro et Bankass.

La nouvelle charte de la société civile passée en revue

En mars 2021, lors d’une série d’ateliers de trois jours, parrainés par le Ministère de la refondation de l’Etat et des relations avec les Institutions, organisés simultanément à Bamako et dans les dix régions principales du Mali, les membres de la société civile avaient signé une charte de « Positionnement harmonisé de la société civile pour la refondation de l’Etat et une transition réussie au Mali ».

Au terme de ces réflexions, la société civile malienne avait officiellement remis au gouvernement cette nouvelle charte de positionnement qui entérine l’engagement commun et les propositions des organisations de la société civile, pour la refondation de l’Etat en vue d’une transition réussie au Mali. Ces ateliers ont été mis en œuvre avec l’appui technique et financier de la Division des Affaires civiles de la MINUSMA.

Afin d’en faciliter l’appropriation par l’ensemble des membres, chaque région représentée s’était engagée à restituer le contenu de la charte auprès des autres membres et recueillir des recommandations additionnelles, le cas échéant. C’est ainsi qu’a été passée en revue, au cours de cette dernière réunion du 17 avril, la charte structurée autour de six axes, à savoir : l’engagement de la société civile dans le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, la promotion de la bonne gouvernance, la refonte du système éducatif, les réformes politiques et institutionnelles, l’adoption d’un pacte de stabilité sociale, et l’organisation des élections générales.

Lors des discussions sur le premier axe, les membres de la société civile se sont longuement épanchés sur les causes de l’enrôlement des jeunes dans l’extrémisme violent. Plusieurs ont évoqué la radicalisation découlant de l’impossibilité d’exercer leur droit de vote dans les zones reculées, l’absence des services sociaux de base et les faibles moyens de subsistance. Selon une notabilité du cercle de Djenné, « le véritable problème chez la jeunesse dans le Centre est la consommation et l’accès à la drogue. Par conséquent, la lutte contre la drogue et la sensibilisation chez les jeunes doivent s’inscrire dans les priorités de l’Etat ».

Abordant le deuxième axe qui s’articule sur la promotion de la bonne gouvernance, à l’unanimité, les membres de la société civile ont identifié la gouvernance comme le second problème du Mali, après l’insécurité. Soulignant la corrélation entre la bonne gouvernance et la promotion de la citoyenneté, et le civisme à travers l’éducation et la culture, les représentants des jeunes ont insisté sur la nécessité de renforcer davantage la cohésion sociale et le vivre-ensemble entre les ethnies au Mali.

« Dans le Centre, nous devons veiller à ce qu’il ne se développe pas au sein des composantes de la société civile, des pratiques promouvant la division des communautés, mais de préférence, nous devons nous assurer de mettre en avant les bons exemples qui raffermissent et encouragent la culture de la bonne cohabitation des communautés », a insisté, un jeune participant.

Prenant la parole à l’ouverture de la réunion, le Coordonnateur de terrain de la DAC/MINUSMA à Mopti, a invité les membres de la société civile des régions de Mopti, Bandiagara et Douentza à réfléchir ensemble sur la mise en œuvre effective des recommandations. « Votre engagement en tant que société civile pour la réconciliation, la stabilisation et le développement de la société malienne est fondamental pour bâtir une société démocratique et stable », a souligné Jens Kristensen. Avant de clore ses propos, il a encouragé les participants « à persévérer dans le dialogue avec les autorités sur leurs préoccupations ».

Se réjouissant des échanges fructueux avec ses pairs, celui qui a facilité les discussions lors de cette dernière réunion trimestrielle des organisations de la société civile tenue à Sévaré, se dit pleins d’espoir quant à leur détermination à s’impliquer de plus en plus pour valoriser le dialogue et la cohésion sociale. Car, « s’il n’y a pas de paix dans le Centre, il n’y aura pas la paix au Mali. Sauver le Centre, c’est sauver tout le Mali, » a confié le Secrétaire général de la société civile de Mopti, Cheickné NIANG.

Une démarche plus large pour renforcer des capacités de la société civile dans le Centre

Cette dernière réunion, appuyée par la DAC de la MINUSMA, entre dans le cadre du « Projet de renforcement des capacités de la société civile dans les domaines de la mise en réseaux, de la transparence, de la redevabilité et de l’engagement citoyen dans les régions de Mopti et Ségou ». Ce projet de renforcement des capacités de la société civile, entamé depuis octobre 2020, a permis la tenue régulière de réunions formelles et informelles entre les représentants des différents regroupements et faitières de la société civile autour des questions d’influence et de participation à la vie socio-culturelle et civique.

Les réunions trimestrielles avec les organisations de la société civile dans le cadre de ce projet associent également les groupes de femmes et de jeunes afin de contribuer à renforcer leurs réseaux associatifs respectifs et leurs capacités, dans la transparence, la responsabilité et l’engagement citoyen. À travers ses fonds programmatiques, la MINUSMA les a financés à hauteur de 5 millions de francs CFA, au profit des régions du Centre.

Organisées entre février et mars 2021, les trois premières réunions ont porté sur les rôle et responsabilité de la société civile dans la cohésion sociale, leur engagement dans le contexte d’extrémisme violent, la promotion de l’engagement civique de jeunes dans la gouvernance et la cohésion sociale ; ainsi que l’engagement des organisations de la société civile dans les questions liées à la redevabilité, la gouvernance et le contrôle citoyen.

Cette initiative de soutien à la société civile au Mali et de renforcement de leurs capacités s’inscrit au cœur de la Résolution du Conseil de Sécurité (2531) 2020. Il y est confié, à la Mission onusienne au Mali, la tâche « … de favoriser une large participation de la société civile, y compris les organisations de femmes, les femmes œuvrant à la consolidation de la paix, les organisations de jeunes et les jeunes œuvrant à la consolidation de la paix ».

MINUSMA