Pour sauver son fauteuil, le président- candidat Ibrahim Boubacar Keïta a bénéficié de l’appui des rebelles du nord à travers des responsables de la CMA (coordination des mouvements de l’Azawad). Les localités du septentrion malien ont connu des bourrages d’urnes sans précèdent dans l’histoire des élections du Mali.

Le vote pour le second tour de la présidentielle le 12 aout dernier  a bien eu lieu dans le Nord. Mais les écarts de voix entre le président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, et  le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal font peser de forts soupçons de fraude électorale en faveur du candidat du pouvoir de la part  de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), dont les combattants ont sécurisé une partie des bureaux de vote à Kidal et Ménaka Tombouctou, Gao, Taoudenit…

Ainsi, dans une déclaration, le directeur de campagne de Soumaïla Cissé, a mis en cause plusieurs résultats dans le nord. Tiébilé Dramé a donné des exemples dont ceux de la  commune de Gourma Rharous où il n’y a pas eu d’opération de vote dans plusieurs communes, l’on a attribué au candidat Ibrahim Boubacar Keïta 30 674 voix et à Soumaïla Cissé 6 467 voix, une zone qui, selon Tiébilé Dramé, est traditionnellement le fief de Soumaïla Cissé.  Il a  également cité  l’exemple  de la commune  de Salam dans la nouvelle région de Taoudéni où le candidat IBK aurait obtenu 11 316 voix tandis que Soumaïla Cissé s’est vu attribué 379 voix. « Anderamboukane dans le cercle de Ménaka, IBK : 9865 voix, Soumaïla Cissé : 1158 voix, Talataye dans le cercle d’Ansongo, IBK : 8 646, Soumaïla Cissé : 547 voix. Tidermène dans la nouvelle région de Ménaka, IBK : 6360 voix, Soumaïla Cissé 87 voix.

Déjà au premier tour il avait de fortes suspicions de bourrages d’urne. En effet, à  Gao,  IBK a obtenu 58,4% de voix contre 22,4% pour Soumaïla Cissé. A Tombouctou, IBK a engrangé 44,5% des voix contre 36,4% pour Cissé. Seule exception, à Kidal, où IBK n’a obtenu « que » 36,5% des voix, contre 20,5% pour Soumaïla Cissé. Ces résultats avaient soulevé beaucoup d’interrogations. Quand dans un village, il y a 5.000 personnes mais 6.000 qui votent… c’est du bourrage, c’est trop! », s’interroge cet homme de 45 ans, observateur électoral à Gao lors du premier tour le 29 juillet, dont le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, est sorti largement en tête dans une commune, ils ont eu 9.772 voix pour IBK et seulement 01 pour Cissé… alors qu’il y a 9.000 inscrits! ». En clair, la présidentielle a révélé des bourreurs d’urnes dans toutes les localités sous contrôle de la CMA. Alors des questions se posent : quel deal le candidat IBK a-t-il conclu avec la coordination des mouvements de l’Azawad ? En contrepartie de ces bourrages d’urne que demandera la CMA pour service rendu ? Autant de questions que les Maliens se posent.

Mémé Sanogo

L’Aube