Le 18 mai dernier, le bureau régional de la MINUSMA à Tombouctou a effectué une mission conjointe de médiation dirigée par le Commandant du Secteur Ouest à Lerneb, une localité de la commune de Tilemsi, dans le cercle de Goundam à 210 km au sud-ouest de Tombouctou et à 40 km de la frontière mauritanienne. Cette mission de bons offices visait à apaiser les tensions entre deux tribus arabes, les Tourmouz et les Oulad Ich.

 

La délégation de la Mission onusienne était composée des Chefs d’équipes des sections des Affaires politiques, des Affaires civiles, du JMAC, de la Police des Nations Unies (UNPOL), de Stabilisation et Relèvement, des Droits de l’Homme, du bureau de la communication, ainsi que du chef de la gendarmerie de Tombouctou en tant que représentant de l’Etat.

 

Comprendre la dynamique sociale sur place

 

Pour ramener la paix à Lerneb, de multiples tentatives d’apaisement à plusieurs niveaux de médiation ont eu lieu, notamment grâce à des protocoles d’armistice signés à Bamako à travers des émissaires mauritaniens de haut niveau, des notables tribaux régionaux arabes, des cadis islamiques et plus récemment un protocole d’accord signé entre les hautes autorités de la Plateforme MAA et du MAA-CMA en mars 2021.

Il s’agit à travers cette mission de bons offices de la MINUSMA, auprès du commandement de la base MAA-Plateforme à Lerneb, le maire de Lerneb, des chefs de villages et de fractions, des enseignants locaux et des imams, tous membres de la tribu arabe Oulad Ich, d’avoir une meilleure compréhension de la dynamique de sécurité à Lerneb. Il est plus précisément question d’obtenir un retour sur la mise en œuvre du protocole d’accord signé à Lerneb, le 22 mars 2021, entre le MAA-Plateforme et le MAA-CMA soutenus d’une part par les Oulad-Ich et d’autre par les Tourmouz. Ceci, afin d’envisager un appui via des projets à impact rapide (QIPs) qui contribueraient à créer les conditions favorables à la réalisation des dividendes durables du processus de paix et du retour des réfugiés installés au camp de M’Berra en Mauritanie voisine.

 

Ce déplacement aura permis aux membres de la délégation d’obtenir des informations pertinentes et une expérience de première main sur la situation sécuritaire, socio-économique et humanitaire dans la zone. Ils ont également pu être édifiés sur les exigences les plus importantes et les besoins de cette population nomade vivant isolée dans le désert, sans services sociaux de base. « Ce voyage a été une mission d’opportunité. Nous avons trouvé une population en détresse par rapport aux problèmes d’eau, d’éducation et de santé. Nous allons partager ces préoccupations aux autorités compétentes et nous pensons qu’une solution idoine pourra être trouvée » a indiqué le lieutenant-Colonel Teme DIARRA, Commandant de brigade de la gendarmerie de Tombouctou.

Un contexte sécuritaire difficile

Les tensions persistent dans le village depuis au moins 2020, aggravées par les mouvements de groupes armés et de contrebande dans la région frontalière avec la Mauritanie, un constat établi à plusieurs reprises par le Groupe d’Experts des Nations Unies sur le Mali. Des affrontements entre tribus affiliées aux Mouvements signataires risquent d’entraver la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, autant qu’ils empêchent la tenue des marchés hebdomadaires, essentiels à la survie des populations de la zone.

Contribuer au retour de la paix et de la sécurité

Le 21 juin dernier, la MINUSMA a invité à Tombouctou les représentants de ces deux tribus à une réunion de médiation et de réconciliation présidée par le Chef par intérim du bureau régional de la MINUSMA, Djibo ABDOU. Le commandant du secteur ouest de la force, les Chef d’équipes des Affaires politiques, des Affaires civiles ainsi que le représentant du Président de l’équipe régionale d’appui à la réconciliation (ERAR) de Tombouctou, M. Diadié HAMADOUN, y ont participé. Elle s’est focalisée sur les tensions répétitives et l’insécurité affectant la localité de Lerneb. Il s’agissait à travers cette rencontre d’avoir une bonne compréhension du conflit et de trouver une piste de sortie de crise.

Les deux tribus, qui étaient chacune représentées par quatre membres, dont des notables locaux, ont réaffirmé que le conflit à Lerneb n’était pas au niveau communautaire, mais plutôt entre des éléments de groupes armés de la zone. « Les vrais acteurs de ce conflit sont habilités à trouver une solution avec l’implication des communautés concernées avec l’appui de la MINUSMA » affirment les participants.

 

À l’issue de la rencontre, les représentants de ces deux communautés ont conjointement identifié des acteurs clés qui pourraient être engagés afin de stabiliser la zone de manière plus durable. Ils ont aussi fourni une proposition unanime, comprenant une liste de quatre personnes, deux de chaque origine tribale, au niveau national, qui auraient un poids significatif dans la résolution du conflit.

Les bons offices et la médiation une exigence du Mandat de la MINUSMA

La Résolution 2584 (2021) demande à la MINUSMA d’encourager les initiatives visant à atténuer les tensions, y compris, inter et intracommunautaires, en gardant à l’esprit la responsabilité prépondérante des autorités maliennes en la matière. Le Commandant du Secteur Ouest, a rassuré les interlocuteurs du soutien de la MINUSMA, conformément à son Mandat et du suivi de ses différentes sections dans le but d’avoir une solution plus durable au conflit de Lerneb.

Source : MINUSMA