Le dossier wagner était au cœur de la visite de la ministre française des armées à Bamako ce lundi. Un déplacement qui visait à dissiper les tensions entre Paris et les autorités maliennes. Des tensions qui font suite à des discussions entre le Mali et la société de sécurité russe Wagner. L’Allemagne, et l’union Européenne ont aussi mis en garde contre un éventuel recours à des mercenaires russes.

 

A son arrivée à Bamako, la ministre française des armées s’est entretenue avec son homologue malien le Colonel Sadio Camara. Selon Florence Parly, les échanges au cours de ce tête à tête, ont été francs discrets et complets. Tout en affirmant que « son pays ne quittera pas le Mali », Florence Parly a annoncé que la France allait « renforcer son dispositif sécuritaire dans la zone dite des trois frontières ».

En prélude à la 76e assemblée générale de l‘ONU à New York, son collègue des affaires étrangères, Jean Yves Le Drian a déclaré ceci “Nous avons fait savoir aux autorités de Bamako qu’un tel partenairat avec des mercenaires russes serait incompatible avec l’action internationale”. Il a aussi rappelé que les agents du groupe de sécurité russe Wagner sont des mercenaires.

D’après Le Drian, ceux-ci interviennent à la fois en Syrie, en Libye, au Donbass, en République centrafricaine et multiplient les exactions avec les mêmes méthodes, A sa suite, Josep Borell chef de la diplomatie de l’union européenne a aussi indiqué qu’un accord avec le groupe de sécurité russe wagner affecterait ‘”sérieusement” la relation entre l’UE et le Mali.

La question divise des organisations de la société civile
Au sein de la société civile malienne, deux camps se dégagent dans ce débat sur un éventuel partenariat entre le Mali et la société de sécurité privée russe “Wagner”. Ceux qui soutiennent l’arrivée de forces russes dans le pays, et la fin du partenariat avec la France. Et ceux qui estiment qu’il faut plutôt compter sur nos propres forces.
“la question de sécurité d’un pays ne doit pas être négligée”, affirme Pape Diallo, membre du mouvement « Yèrèwolo », débout sur les remparts, Il estime que le Mali a le droit d’user d’autres moyens pour “garantir sa sécurité”. « Depuis que nous avons commencé à avoir un partenariat avec la France tout s’est mal passé, donc Yèrèwolo débout sur les remparts a dit qu’il faut aller vers ce qui marche et laisser ce qui ne marche pas. C’est pourquoi nous nous sommes mobilisés pour qu’il y ait un partenariat entre le Mali et la Russie » dit Pape Diallo.
Ibrahima Kebe, de l’association « Faso Kanu » ne partage pas ce point de vue. Selon lui, le Mali ne doit compter que sur ses propres moyens. « L’URSS d’hier et la Russie d’aujourd’hui sont diamétralement opposées. La Russie actuelle est impérialiste comme la France d’aujourd’hui », soutient-il. Et d’ajouter « Nous ne sommes pas contre le fait de demander de l’aide à un pays étranger. Mais nous devons garder en tête que chaque pays qui prétend venir nous aider ou nous sauver viendra pour défendre ses propres intérêt ».
Des spécialistes des questions sécuritaires pensent que les Maliens ont aujourd’hui une soif d’autonomisation en matière de sécurité. Toutefois ils les invitent à “plus de prudence et de lucidité” pour éviter d’autres erreurs.

Source: studiotamani