Après dix longs mois de profil bas et de stoïcisme politique, l’ancien chef du Gouvernement a décidé de lever les équivoques sur sa position au sein du Rassemblement Pour le Mali. Il opté pour une rupture en douceur;sans point de chute et sans la théatralisation des démissions fracassantes à coups de tambour et trompette.

L’ancien Premier ministre d’IBK, Abdoulaye Idrissa Maiga, peut être appelé depuis la semaine dernière ancien vice-président et ancien militant du parti présidentiel. Il a mis fin, en effet, à dix-huit années d’appartenance à une formation dont il a contribué à concevoir l’embryon depuis 2000, dans la foulée des tout premiers ennuis d’IBK à l’Adema-PASJ.

Recoupements faits, aucune lettre de démission – du moins pour l’heure – n’est encore formellement adressée à une structure quelconque du parti ni au Bureau Politique National. En fait foi, toutefois, un communiqué en bonne et due forme dont copie nous est parvenue et qui porte une signature authentifiée du prédécesseur de Soumeylou Boubeye Maiga à la Primature. Dans ledit communiqué, les motivations profondes de l’illustre démissionnaire ne sont pas assez saillantes, même s’il évoque son choix de servir le Mali à hauteur de son «engagement et des défis» consécutifs à la crise de 2012. On peut dire néanmoins qu’une rupture de confiance entre lui et les décideurs de sa famille politique ne paraît pas étrangère à la démarche de celui qui a manifestement pris ses distances depuis son départ de la Primature sur fond d’inconvenance éthique et de dysharmonie avec IBK. Dans le sillage de la dernière Présidentielle, sa retenue et sa prise de distance étaient si perturbantes que cette posture lui avait coûté d’être annoncé du côté de l’opposition et de son chef-de-file, Soumaila Cissé. Des rumeurs aussitôt démenties avec la plus grande fermeté par Abdoulaye Idrissa Maiga, qui s’estimait encore en devoir de ne pas fausser compagnie à un quinquennat dont il fut le principal artisan en tant que Directeur de campagne d’IBK en 2013. Autant dire, en définitive, que l’intéressé s’estime désormais libre de tout engagement moral envers le président de la République, dès l’instant qu’il est investi d’un mandat autre que celui auquel il avait contribué. C’est d’ailleurs l’argument qu’il avait donnée en apportant précédemment un cinglant démenti aux colporteurs de sa démission avant l’heure. Cette fois-ci également, il nous revient qu’AIM aurait pu renoncer à abandonner le navire s’il avait cédé aux pressions et sollicitations de fidèles compagnons politiques avec qui le cheminement avait été plus honorable. Mais sa décision de quitter  le navire, confie un proche, est d’autant plus solidement conçu qu’elle repose sur la nette conviction que le RPM ne répond plus à ses principes et à ses perceptions d’un parti. Seulement voilà : même en optant pour une démission sans point de chute politique, Abdoulaye Idrissa n’aura pas levé l’équivoque sur la consigne reçue par ses nombreux soutiens au RPM. A quelques encablures des élections législatives.

A KEITA

 Le Témoin