Le 18 septembre 2022, à seulement quelques jours de l’ouverture de la 77e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a accordé une interview à nos confrères de la Radio France Internationale (RFI) dans laquelle il a  évoqué plusieurs sujets à travers le monde : la guerre en Ukraine, la crise financière générale, la question de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, etc.

Au cours de cette sortie médiatique, Antonio Guterres s’est également prononcé sur l’affaire des soldats ivoiriens détenus au Mali. Interrogé sur la question, le secrétaire général des Nations Unies a clairement dit que les militaires détenus ne sont pas des mercenaires. « Non ! Ce ne sont pas des mercenaires. C’est évident, et je fais appel aux autorités maliennes pour que ce problème puisse se résoudre », voilà ce que l’on peut retenir de l’étonnante déclaration d’Antonio Guterres sur les ondes de Radio France Internationale.

Cette prise de position du secrétaire général des Nations Unies a vite fait le tour des réseaux sociaux au Mali et a été perçue par la plupart des Maliens comme une volte-face de la part de l’ONU qui était sensée dire la vérité dans ce dossier si sensible pour nos deux pays voisins. Le pire, c’est qu’Antonio Guterres a tenu ses propos sans avancer la moindre preuve capable d’établir l’innocence desdits soldats incarcérés à Bamako depuis des semaines. « Je n’ai pas parlé directement à Monsieur Goïta, mais on est en contact permanent. Et je vais recevoir la délégation du Mali, c’est une chose qui est pour moi très importante. Il faut résoudre ce problème », a-t-il ajouté.

Aussi, cette sortie du secrétaire général contredit les premières positions de l’ONU, à travers la MINUSMA, sur cette affaire qui dure depuis bientôt deux mois. « Il apparaît que certaines mesures n’ont pas été suivies et la Mission s’efforce de mieux comprendre comment ces dysfonctionnements ont pu se produire afin d’éviter qu’ils ne se reproduisent à l’avenir. Cependant, il y a des dysfonctionnements à la base ». C’est là, une partie de la première déclaration de la MINUSMA sur la question que le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, semble dédire.

Dans leurs premières réactions après l’arrestation des quarante-neuf soldats et la publication du premier communiqué du gouvernement malien les qualifiant des mercenaires, les autorités ivoiriennes avaient fait savoir que ces soldats devaient prendre la relève d’autres Ivoiriens déployés au Mali en tant qu’Eléments nationaux de soutien (NSE), une procédure de l’ONU permettant aux contingents des missions de maintien de la paix de faire appel à des prestataires extérieurs pour des appuis logistiques.

Sauf que dans sa déclaration, la MINUSMA avait tenu à préciser : « La Minusma n’a pas connaissance d’un contrat entre l’Allemagne et des tiers pour la protection de la base allemande de NSE », avant d’ajouter qu’elle n’a pas été informée de la présence et du nombre de NSE de la Côte d’Ivoire. « Cependant, en recoupant des documents internes, la Minusma estime que le détachement ivoirien s’élève à 50 hommes et femmes », peut-on lire dans la déclaration.

C’est dire que cette sortie de Antonio Guterres, ajoutée à l’intention du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, de saisir la CEDEAO sur la question ne sont pas du tout de bonnes démarches permettant de résoudre cette affaire hautement sensible de la manière la plus idoine, par les deux pays concernés.

Amadou Kodio

Source : Ziré