Le Premier ministre Dr. Boubou Cissé, à la tête du nouveau gouvernement, cumule à lui seul le poste de Premier ministre et celui du ministre de l’Economie et des Finances. Après la formation du gouvernement, quels sont les défis qui attendent les différents ministres ? Zoom sur quelques départements ministériels.

 

Général de Division Salif Traoré (Ministre de la sécurité et de la protection civile)
Redonner la quiétude aux populations

Le ministère de la Sécurité et de la Protection civile n’est guère un lieu facile. Sans être un cadeau empoisonné, c’est à ce ministère qu’il revient tout de même de relever les premiers défis du président Ibrahim Boubacar Kéita. Il s’agit de la sécurité et de la réconciliation. À preuve, les premières angoisses des Maliens viennent de ce secteur. Qu’il soit de la mouvance ou de l’opposition chaque Malien rêve aujourd’hui de vivre dans un pays où il se sent en sécurité. Un pays où l’usager, le citoyen et l’opérateur économique nesont plus victimes du racket policier. Un gros chantier.

La police est un corps capricieux. La police est indispensable à la réconciliation, car en contact direct et permanent avec les populations. Voici entre autres les gros défis que doit relever le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général de division Salif Traoré.

Heureusement, il n’est pas à sa première expérience au gouvernement. Il affectionne les défis. Et sait se donner les moyens de les relever. Avec son directeur de cabinet, ils ont pris l’ampleur de la tâche.

La situation sécuritaire sans être satisfaisante s’améliore sur l’ensemble du territoire. Dans l’urgence, beaucoup a été fait. Cesont de bons augures. Pour autant, rien n’est fait. Le ministre a promis une grande police, moderne, professionnelle et respectée, sa touche doit être visible.

Hamadou Konaté (Ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté)
Un chantier vaste, mais exaltant !

On peut dire qu’il a le profil de la solidarité. Homme de devoir, Hamadoun Konaté est capable de donner un autre visage plus reluisant à ce département ministériel. Aussi, les défis qui l’attendent, sont-ils grands et dont le peuple attend avec impatience la réalisation. Les périodes post-crises ont toujours été des périodes de fortes demandes de cohésion sociale.

La crise ayant détruit ou déchiré le tissu social, il va de soi que la population, en particulier ceux des régions nord et centre attendent beaucoup de ce ministère. Aussi, est-il important qu’il s’entoure des techniciens du domaine dont la technicité, la compétence et surtout la probité ne font l’ombre d’aucun doute. La solidarité est un maillon fort de la gouvernance en Afrique.

Docteur TémoréTioulenta (Ministre de l’Education nationale)
Ramener l’Education et l’excellence à l’école

S’il y a un secteur qui nécessite qu’on s’y attarde un peu, c’est bel et bien l’école. Tant les chantiers sont énormes. Depuis le renouveau démocratique, l’école malienne qui était un substrat du miracle économique malien, est devenue la dernière roue de la charrue. L’école s’est délitée. Pire, elle n’existe que de nom. Le niveau des écoliers et collégiens a considérablement baissé. Les instituteurs et enseignants sont plus préoccupés à faire des grèves qu’à suivre leurs élèves. Surtout dans le public.

Le taux d’absentéisme, du coup, au niveau des enseignants, s’est accru ces dernières années. Car l’affairisme et la démotivation ont pris le pas sur la conscience professionnelle et l’amour du métier. À côté de cela, l’éruption de l’AEEM dans les lycées et collèges a conduit le système éducatif malien sur les sentiers de la délinquance scolaire. Pour un oui ou pour non, quelques excités et agités peuvent bloquer les cours et dicter leurs lois aux enseignants et à la majorité silencieuse qui n’aspire qu’à apprendre dans la quiétude.

C’est donc tous ces problèmes que le nouveau ministre chargé de l’Education nationale se doit de résoudre pour le bonheur des parents d’élèves et pour l’avenir du Mali. Car c’est dès les classes du primaire et du secondaire que l’élite de demain, qui doit gérer le pays, se prépare.

Professeur Mahamadou Famanta (Ministre de l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique)

 Redorer le blason de l’Université malienne

La mission première du ministre Pr. Mahamadou Famanta est de redorer le blason de l’Ecole malienne terni par des décennies de gangstérisme politique. La principale organisation scolaire et estudiantine, l’AEEM, se comporte en une milice, un bras armé des différents régimes. Il urge d’assainir l’université de cette nébuleuse pour ainsi rappeler la paix, la quiétude à l’Ecole. Cette structure a semé la désolation et commis des crimes dans l’impunité totale. Le ministre Famanta doit attaquer le chantier de la revalorisation des diplômes maliens. Il doit également réformer l’enseignement privé supérieur. L’adéquation formation-emploi doit être une préoccupation de premier ordre. Aujourd’hui, ministre du gouvernement, Famanta devrait avoir les coudées franches pour relever ces défis.

Moulaye Ahmed Boubacar (Ministre de l’Agriculture)
Parfaire la colonne vertébrale de notre économie

C’est un fleuron de l’économie nationale que garde Moulaye Ahmed Boubacar. Longtemps, il a occupé d’autres postes au sein du gouvernement comme celui du développement industriel et de la promotion des Investissements et celui des Transports et du Désenclavement. Il en connaît donc les gros défis. Il s’agit de la fixation équitable des prix des matières premières notamment le coton–l’anacarde, la pomme de terre, etc.

Sans parler du reprofilage des pistes villageoises et du recensement des producteurs maliens. En un mot, c’est l’intérêt des producteurs et celui du Mali qui priment. Plusieurs fois ministre, nul ne doute qu’il fera un grand ministre. Autrement, Ibrahim Boubacar Kéita ne l’aurait pas désigné. Il attend qu’il soit à la hauteur de ses attentes.
Hama Ould Sidi Mohamed Arbi (Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Logement social)
Mettre fin aux constructions anarchiques

Il lui revient de mériter toute cette marque de confiance dans un ministère coutumier de la complaisance et des magouilles. Et pourtant, un ministère clef dans le programme de gouvernement du président Ibrahim Boubacar Kéita. Depuis longtemps, acquérir un terrain, obtenir un permis de construire sont un cauchemar pour le citoyen. Cela est le monopole de gros bonnets, de barons du pouvoir et d’hommes d’affaires véreux qui construisent à tout va.

Les trottoirs, les espaces verts, les terrains d’autrui, etc., tout est vendu et construit. On ne compte plus les constructions anarchiques. Les conflits fonciers sont courants. La construction au Mali est un secteur qui écœure. Il a vraiment besoin d’un grand coup de balai. Il a besoin d’un ministre courageux, honnête, pas du tout affairiste, rigoureux, voire intransigeant. Ce sont des qualités qui ne manquent pas au ministre Hama Ould Sidi Mohamed Arbi. C’est sans doute pourquoi le choix du président s’est porté sur lui pour diriger ce département. Il lui revient de relever ces défis et de faire honneur au chef de l’Etat.

Ibrahima Abdoul LY (Ministre des Transports et de la Mobilité urbaine)

Mettre de l’ordre dans un secteur désorganisé

Le secteur du transport, au Mali, est le secteur où règne plus de désordre. Il suffit d’aller dans les nombreuses gares qui pullulent sur tout le territoire national pour s’en convaincre et s’en rendre compte. Si ce n’est pas les cars, les minicars et les taxis qui garent n’importe comment, ce sont les nombreux syndicats qui se font la guerre sur le terrain.

Le transport, au Mali, surtout terrestre, est un véritable casse-tête chinois. Les gouvernements qui se sont succédé dans notre pays ont tenté plus ou moins d’y mettre de l’ordre. Mais en vain. Le nouveau ministre qui vient de prendre fonction doit non seulement s’atteler à mettre fin à l’anarchie qui prévaut dans le milieu, mais aussi à réformer un secteur en constante expansion.

Le transport terrestre assaini, c’est le paysage urbain qui est libéré et la violence qui y a cours réduite. Certains ont essayé et ont échoué. D’autres n’ont pas osé s’y attaquer. Il appartient au ministre Ly d’user de tact et de sagesse pour assainir le secteur des transports. S’il réussit, ce serait à son honneur et à son mérite.

Paul Dembélé

 Nouvelle Libération