«…la priorité pour nous aujourd’hui c’est de resserrer nos rangs et de commencer à préparer ce Dialogue national inclusif, à réfléchir sur les réformes qui, à notre avis, feront avancer le Mali».

 

C’est par cet appel, entre autres propos que le chef-de-file de l’opposition, Soumaila Cissé, s’est adressé à ses camarades du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie dans une missive consécutive à la signature de l’Accord politique dont il n’est pas partie prenante.

A la différence de bien d’autres composantes du FSD avec lesquels il partage l’initiative dudit accord politique et auxquels il a choisi de fausser compagnie, le président de l’Urd a préféré sa position d’opposant à la place qui lui est faite dans le gouvernement d’ouverture et de mission préconisé par le président de la République en vue d’amorcer un virage plus décisif dans la stabilisation du Mali et la conduite des réformes institutionnelles pour ce faire.

Visiblement esseulé et se confondant dans les justifications de sa posture à peine déchiffrable par ses compagnons, le chef de file de l’opposition tente désespérément, par ce cri de détresse, de resserrer les rangs d’un regroupement post-présidentiel ayant vaillamment résisté aux vagues précédentes avant la proposition des hautes autorités d’ouvrir du gouvernement aux différentes composantes politique.

Son appel insiste ainsi sur le chemin de croix traversé ainsi que sur les adversités rencontrées et s’échine tant bien que mal à démontrer que l’option de se désolidariser de l’Accord politique équivaut à celle d’y adhérer car sans le premier comme dans le second cas l’interêt supérieur du pays est au cœur de sa motivation, explique-t-il, dans son adresse aux alliés.

Comme il est loisible de le comprendre, en définitive, l’effort de sauver la consistance de l’opposition est tout aussi évident que la chimère dont il relève. Et pour cause, le texte en vigueur sur l’opposition est clair comme l’eau de roche dans son article 2 qui dispose que l’opposition est constituée de partis politiques ou groupement de partis politiques ne participant pas au gouvernement ou ne soutenant pas son action.

En concédant un soutien à l’action gouvernementale avec l’éventualité d’une participation au gouvernement, les partis signataires de l’Accord politique marquent du coup leur rupture avec un camp politique d’origine où Soumaila Cissé s’efforce à les maintenir par les ficelles d’une mémoire partagée des souffrances infligées par le camp de destination.

Ce faisant, le chef de file de l’opposition veut sauver les meubles d’une force politique qu’il qualifie lui-même incontournable mais au prix d’une invite à peine voilée à la déloyauté politique là où la sincérité est de mise pour atteindre les objectifs sous-tendus par l’ouverture politique.

Quoi qu’il en soit, le malaise de la dissonance – ainsi que le péril de l’implosion qu’elle recèle – ne se limite pas au seul champ du FSD. Il semble s’être propagé jusque dans les profondeurs de la famille politique de Soumaila Cissé, l’URD, où l’option de demeurer en marge de l’action gouvernementale – après en avoir tracé tous les sillons – rend pour le moins perplexes les militants les plus indifférents et occasionne des frustrés parmi les responsables intéressés par la main-tendue des pouvoirs.

Les uns s’interrogent sur l’incohérence qui consiste à se dissocier d’une initiative que le parti a portée et conduite à son terme, tandis que les autres ne se l’expliquent pas autrement que par la considération des seuls intérêts politiques propres de leur président. En définitive, sauver les meubles au sein de l’Urd, locomotive principale de l’opposition, relève d’une autre gageure.

A Keïta

Le Témoin