La persistance des scandales financiers au sommet de l’Etat (achat du bœing 737, passation de contrats douteux avec la société Guo Star), pose beaucoup d’interrogations au sein de l’opinion malienne. IBK a-t-il jeté aux oubliettes ses nombreuses promesses électorales ? Où sont passés ses discours (moralisateurs) sur la bonne conduite des dirigeants ? Et ces beaux discours sur la fierté malienne, le patriotisme ? L’honneur et la dignité ? Le candidat qui promettait aux Maliens ciel et terre et qui jurait de mener une lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière, est rattrapé par ses propres promesses, et surtout par la réalité. Au pouvoir, ce champion des promesses non tenues  est embourbé dans des scandales politico-financiers qui n’en finissent pas d’éclabousser la République.

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 «Le 28 juillet (ndlr : 2013), au moment de déposer son bulletin dans l’urne, chaque Malien, chaque Malienne, se posera une question simple : quel genre d’homme dois-je choisir pour mon pays ? Un homme intègre qui va SERVIR ou un homme faible qui ne résistera pas à la tentation de SE SERVIR ? Un homme qui se dévoue pour l’intérêt général ou un homme qui privilégie des intérêts particuliers ? Un homme qui a toujours défendu son pays ou un homme dont les décisions peuvent le mettre en danger ?». Ce sont là, entre autres, des propos entendus de la bouche du candidat, Ibrahim Boubacar Keïta. Il lançait par un discours plein de promesses sa campagne présidentielle, au stade du 26 mars.

Profitant de la crise que traversait le Mali, le candidat du Rpm s’est affiché en Homme providentiel. Ce messie dont le Mali a fortement et urgemment besoin. Au même moment, il n’avait pas hésité à enfiler l’étoffe de redresseur, celui qui a en main toutes les chances pour le Mali. Et surtout, celui qui peut le sortir de la crise et permettre au pays de renouer avec des valeurs de justice, de respect, d’autorité ainsi que de sauvegarde des biens publics. «Je l’ai dit et je le ferai ! », martelait-il incessamment.

En lançant sa campagne électorale devant une foule déchaînée, IBK savait qu’il s’adressait à un peuple à la fois désorienté et traumatisé par tout ce qui est arrivé au pays à partir de mars 2012…Un peuple à la recherche de l’homme providence. Ce qui poussa le candidat à surfer sur un certain nombre de thèmes mobilisateurs, dont la justice et l’équité dans la gestion des affaires publiques, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, la restauration de l’autorité de l’Etat, la sécurité. Bref : rien que des discours populistes qui pouvaient faire recettes.

 

Rien que des scandales…

Dans les mosquées et garnisons militaires, la mobilisation des ouailles a achevé le travail d’endoctrinement du peuple. Mais aujourd’hui, ce même peuple est désabusé et déçu par le comportement d’un homme plébiscité. Un homme qui, en réalité, n’avait ni programme, ni vision claire pour le Mali. La preuve. Alors qu’il vient d’entamer la deuxième année de son mandat, IBK envers qui le peuple malien a rempli son devoir, en le portant au pouvoir avec un score de plus de 77%, est-il toujours en phase avec ses propres promesses électorales ? IBK est-il en accord avec son peuple ? Que sont devenues ses nombreuses promesses faites aux Maliens ? La sécurité au nord ? Le recouvrement de l’intégrité territoriale ? La lutte contre la corruption ? Et ces valeurs morales chantées aux Maliens ? Autant de questions qui interpellent le chef de l’Etat.

Par contre, il y a de nombreuses affaires qui ébranlent aujourd’hui la République. Des affaires qui amènent à s’interroger sur la vraie nature du régime en place. Celui qui promettait hier l’équité dans la gestion des affaires publiques, se soucie plus de la promotion de sa famille, de ses proches et du cercle des amis et des fistons.

Le candidat s’était engagé à  mener une lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière, mais le Mali est miné par des scandales financiers : acquisition d’un 2è avion (l’achat est entouré d’une totale opacité), passation d’un marché pour l’équipement de l’armée. Un marché dans lequel plusieurs membres du pouvoir ont été pris en flagrant délit de surfacturation portant sur plusieurs milliards de nos francs.

 

L’insécurité au nord et au sud

Ce n’est pas tout. Le candidat avait également promis, dès son installation à Koulouba, de prendre à bras le corps la dégradation de la sécurité dans la capitale et à l’intérieur du pays.

«Ma deuxième priorité sera votre sécurité. Car aucun pays ne peut se développer dans la peur, aucun pays ne peut entamer sa marche en avant si les biens et les personnes ne sont pas sécurisés. Pour l’honneur du Mali, je rétablirai la sécurité sur l’ensemble de notre territoire. Je serai le garant de la sécurité de tous les maliens. Mais aussi des étrangers qui viennent sur notre territoire, et dont l’appui nous est décisif (…). Je le dis, je le ferai ! Inch’Allah !».

Depuis des mois, et l’installation d’IBK au pouvoir, outre Kidal qui échappe à l’Etat depuis la visite de Moussa Mara le 17 mai 2014, la situation sécuritaire se dégrade progressivement, partout, notamment à Bamako où les bandits agissent quand ils veulent et où ils veulent. Pendant que des milliards de nos francs sont injectés dans l’achat d’un avion, les forces de sécurité manquent cruellement de moyens. Est- ce cela qui avait été promis aux Maliens ?

Au nord, l’Etat est totalement absent, contrairement à ce que IBK promettait aux Maliens. La preuve ? Une mission d’un membre du gouvernement a fait, la semaine dernière, les frais du retour des djihadistes sur le terrain. En effet, dans la journée du lundi au mardi dernier, alors qu’il se rendait en mission à Bourem (Gao), le ministre du développement rural a failli être du nombre des victimes d’une mine qui a explosé, juste au moment du passage de son convoi. On déplore la perte de 2 soldats maliens et plusieurs blessés.

Au-delà, tout le nord devient actuellement une zone interdite pour les autorités maliennes. C’est cela restaurer l’autorité de l’Etat et sauvegarder l’intégrité du territoire national ?

A Bamako, il y a juste 5 jours, un ressortissant français a été froidement assassiné devant sa résidence, en zone ACI. Il s’agit là d’un cas isolé parmi les nombreux actes de vol et de braquage opérés parfois en plein jour dans la capitale. Pendant ce temps, du coté de Sébénincoro, l’on a préféré renforcer sa propre garde rapprochée (au frais du contribuable malien) quand les populations, elles, ne dorment que d’un seul oeil…

                                                                                                                      

 Oumar Diamoye

SOURCE: L’Aube  du   1 déc 2014.