WaterAid a lancé un projet pilote visant à améliorer l’intégration du WASH dans la nutrition comprenant trois axes : la prévention et la prise en charge de la malnutrition ; le renforcement de la coordination intersectorielle ; le plaidoyer pour l’intégration du WASH dans le plan d’action multisectoriel. Dans quel environnement arrive cette nouvelle stratégie ? Enquête dans deux structures sanitaires de la capitale.

 

La Campagne ‘’Un Départ Saint’’ est l’axe prioritaire de plaidoyer de WaterAid sur la période 2015-2020. Elle met l’accent sur l’importance du WASH dans la réduction de la malnutrition, la santé néonatale et infantile. A ce secteur, s’ajoute celui de WASH&Nutrition. Selon le Larousse ‘’la nutrition est l’ensemble des processus d’assimilation et de dégradation des aliments qui ont lieu dans un organisme, lui permettant d’assurer ses fonctions essentielles et de croître’’.
‘’C’est aussi la science qui analyse les rapports entre la nourriture et la santé’’.
Jusque-là inconnue du grand public et de plusieurs acteurs du WASH, il était pertinent de partager avec les journalistes la stratégie WASH&Nutrition. Une réunion de partage avec 25 journalistes invités a été organisée à cet effet le vendredi 29 novembre, au Centre national de documentation et d’information sur la Femme et l’Enfant (CNDIFE).
De façon pratique, nous avons mené une enquête qui nous a conduit d’abord au Centre de santé communautaire (CSCOM) de Yirimadjo, en Commune VI du District de Bamako, l’un des quartiers les plus peuplés de la capitale avec 17 418 habitants, selon le recensement de 2008. Il couvre environ 400 000 habitants contre 11. 000 à sa création posant un problème d’inadaptation de cette structure au poids démographique actuel, à travers la réforme du système de santé.
Nonobstant les vulnérabilités diverses, dont le très faible soutien de la Collectivité, ce CSCOM tient son rang. Ici, les responsables sanitaires ont une perception globale des questions d’eau, d’hygiène et d’assainissement.
« On ne peut vraiment pas se plaindre des conditions d’hygiène et d’assainissement, pas plus que pour l’accès à l’eau potable. Comme vous le constatez, les salles sont propres, les draps sont remplacés et on veille à ce que les visiteurs ou les accompagnateurs observent scrupuleusement les mesures d’hygiène », nous a confié B.D. admis dans cette structure sanitaire.
Même son de cloche chez F.D. une accompagnatrice : «nous ne pouvons que féliciter les responsables du CSCOM qui se sont beaucoup investis pour fournir le service de l’eau potable. Nous avons un château d’eau et une adduction d’eau de la SOMAGEP. Quand nous déboursons, c’est juste parce que nous voulons de l’eau fraiche. Pour ce qui est des toilettes, on ne peut pas dire que cet endroit public a à envier à certains domiciles privés ».
Un tour dans les salles permet de constater que les actes médicaux sont posés dans le strict respect des précautions d’hygiène comme se frotter les mains avec de l’alcool.
En matière d’assainissement général, l’Association de santé communautaire de Yirimadjo (ASACOYIR) ne lésine pas sur les moyens. Pour les contrats passés avec les GIE et pour les salaires des agents de nettoyage, les achats de serpillières, de gants pour le personnel de nettoyage, d’eau de javel, de désinfectants, les charges d’assainissement peuvent atteindre les 300 000 FCFA par mois financées sur budget propre.
Quid du rapport entre le WASH et la nutrition ? Le concept paraît flou à nos interlocuteurs qui attendent d’être édifiés. Ce, quand bien même un agent de santé fait appel à des connaissances générales pour se jeter à l’eau : « je crois qu’il s’agit de questions étroitement liées. Par exemple, la consommation d’eau ou d’aliments infectes à cause d’un manque d’hygiène et d’assainissement, d’un environnement malsain, peut avoir des conséquences sanitaires découlant d’une mauvaise nutrition. Mais, j’espère que la stratégie dont vous venez de parler, nous aidera à mettre l’accent sur cette corrélation entre le WASH et la nutrition pour le plus grand bien des populations ».
Le CSCOM de Yirimadjo dispose d’une Unité de Récupération et d’Education Nutritionnelles Intensive (URENI) pour les enfants souffrants d’une malnutrition aiguë sévère avec un appétit médiocre et/ou présentant des complications.
Deuxième centre visité, le CSCOM de ACOFADJI, à Fadjiguila, en Commune I du District, où la réalité est sidérante. Cette structure sanitaire, à un jet de pierre de la Mairie, est simplement installée dans l’insalubrité. Un festival d’ordures dans une cour qui n’a pas rompu avec la période hivernale, tant les herbes persistent partout, des anciens lits et autres objets utilitaires représentant des nids de moustiques parsèment la cours, des flaques d’eaux usagers qu’il faut braver pour accéder au centre de santé, c’est le triste spectacle qu’offre ce CSCOM dont la fréquentation devient source d’insécurité sanitaire. Ici, apparemment, le WASH n’a pas été intégré dans le logiciel de fonctionnement.
Par conséquent, ce CSCOM a de grandes attentes par rapport à la Stratégie WASH&NUTRITION.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : Info-Matin