La lutte contre la corruption s’invite une fois de plus dans la déclaration de la politique générale du gouvernement Moussa Mara. En proie à une forte corruption dans son circuit administratif, le Mali veut prendre des mesures pour lutter efficacement contre le phénomène et, partant, libérer les victimes de leurs prédateurs.

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«La corruption a atteint un état critique qui a fait dire aux plus pessimistes qu’elle est incurable au Mali. Mais je puis vous assurer qu’il n’en est rien car la centralité de la lutte contre la corruption est au cœur des préoccupations du Président de la République… », a déclaré le Premier ministre lors de son  oral devant les députés.

Pratique illicite, la corruption est la perversion ou le détournement d’un processus ou d’une interaction avec une ou plusieurs personnes dans le but, pour le corrupteur, d’obtenir des avantages ou des prérogatives particuliers ou, pour le corrompu, de bénéficier d’une rétribution en échange de sa bienveillance. Elle conduit en général à l’enrichissement personnel du corrompu ou à l’enrichissement de l’organisation corruptrice.

C’est donc en vue de bannir de sa société de telles pratiques que le Mali veut engager la lutte contre ce fléau qui gangrène la société.

Nous pensons que pour lutter efficacement contre ce mal, le Mali, vu l’excellente coopération avec le Maroc, peut en effet se référer à ce pays. En effet, les réformes mises en œuvre en matière de corruption par le Royaume chérifien sont considérables et aident, bien évidemment, à la bonne gouvernance.

Cette dernière constitue, pour l’heure, le cheval de bataille des autorités maliennes qui travaillent à intégrer la transparence et la légalité dans le fonctionnement de l’Administration publique. Le but étant non seulement de faire avancer cette dernière sur la voie du progrès, mais également de participer à l’épanouissement et au développement de la population malienne. Tout comme bien d’autres pays avant lui, le Mali est en phase d’un processus anticorruption et entend déployer les moyens qu’il faut pour atteindre les objectifs escomptés.

Certes, depuis plusieurs décennies, les gouvernements successifs ont essayé, chacun en sa manière, d’engager une lutte contre la corruption. Toutefois, il s’agit d’actions sporadiques des politiques qui ne suffisent pas pour mener une bataille de fond contre la corruption. Les commissions d’enquête s’enchevêtrent sans donner de probants résultats si, elles n’apparaissent au final comme des effets d’annonce ou de propagande de l’Exécutif. La lutte échoue parce que la stratégie n’agit pas sur les bons leviers.

Il est donc impérieux d’aller plus loin et en profondeur. Néanmoins, en amont, la priorité doit être accordée à l’éducation civique et à la culture du respect du bien public ; des valeurs qui induisent de réels changements dans la société. L’élaboration et la mise en œuvre de procédures administratives simplifiées qui laissent place à une clarté de l’action publique sont indispensables pour gagner cette lutte. Car moins de bureaucratie signifie moins d’opportunités que les fonctionnaires abusent de leur pouvoir. Si nous voulons voir, la corruption reculer un jour au Mali, la justice doit aussi jouer sa partition, une justice indépendante capable de s’affranchir des pouvoirs politiques, des milieux économiques etc.

Paul N’Guessan

 

source:Le pretoire