Après l’annulation à la dernière minute de la 38ème session du Comité de suivi de l’Accord pour la Paix (CSA), qui était prévue en septembre dernier, et un nouveau report de celle qui avait  été entre temps fixée au 11 décembre, le processus de paix est à l’arrêt. En attendant la reprise effective des travaux du CSA, l’impact de ce ralentissement dans la mise en œuvre de l’Accord est négatif.

 

Composé notamment de représentants des pays voisins du Mali et de la médiation internationale, dont l’ONU, le CSA ne s’est plus réuni depuis septembre dernier et la date fixée pour la prochaine session n’est toujours pas connue.

De report en report, les lignes ne semblent pas bouger pour faire avancer le processus de paix, dans lequel s’étaient engagés le gouvernement et l’ensemble des parties signataires.

« Le fait qu’il y ait des reports peut avoir un impact sur l’application de l’Accord, parce qu’à un moment donné, si la tenue des réunions du CSA fait défaut, les parties signataires de l’Accord peuvent prendre à la légère les dispositions de ce dernier et sa mise en œuvre », estime Ballan Diakité, chercheur au CRAPES.

« Par contre, la tenue régulière de ces réunions peut être l’un des facteurs motivants pour les parties à respecter l’application en bonne et due forme du texte », ajoute-t-il.

Même son de cloche chez Attaye Ag Mohamed, chargé des questions de droits de l’Homme au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), pour lequel le CSA est un organe important de délibération, au sein duquel les parties proposent des initiatives, fixent les priorités et négocient également entre elles.

« Quand un tel organe ne se réunit pas, il y a indéniablement des difficultés à fixer des objectifs immédiats. Aujourd’hui, au niveau du processus, il n’y a pas d’avancée, chacun restant campé sur sa position. On ne parle plus de DDR au Nord, ni des réformes qui doivent être effectuées. Évidemment, le processus devient latent », pointe-t-il.

Blocage au fond

Des informations imputaient le report de la réunion du 11 décembre à la tenue de l’élection présidentielle en Algérie, fixée au 12 décembre, alors que la présence des représentants algériens est indispensable, étant donné les enjeux.

Mais parmi les possibles causes de ces reports incessants figure aussi la suspension de la participation de la CMA, qui, pour prendre part aux prochaines réunions, exige la tenue tout d’abord « d’une réunion préparatoire pour clarifier l’ensemble des questions, notamment celles de la gouvernance de l’Accord, du règlement de la question de représentation de la Plateforme au sein du CSA et d’autres aspects connexes ».

« Nous y tenons, parce que nous supposons que le gouvernement, à un moment où nous pensions avoir passé des étapes importantes en ce qui concerne les mesures de confiance, en prenant des décisions de façon unilatérale sur des choses qu’on pouvait discuter, s’éloigne de son engagement politique », explique  M. Ag Mohamed.

Même si le gouvernement et la médiation internationale multiplient les rencontres pour rallier à nouveau les mouvements des ex-rebelles, ces derniers semblent ne pas vouloir lâcher du lest sur leur principale condition : la tenue au préalable d’une rencontre préparatoire en terrain neutre.

Un blocus qui n’exclut pas la tenue d’un CSA sans la CMA, ce qui, aux yeux de certains analystes, serait un échec.

« Il ne faut pas tenir le CSA juste pour le tenir. Tant que les différents signataires de l’Accord ne sont pas réunis, il ne faut rien forcer, parce qu’on en reviendra toujours à la case départ. Autant essayer d’arrondir les angles pour avoir tous les signataires et avancer dans le processus plutôt que d’opérer un forcing », conseille Salia Samaké, analyste politique.

Germain KENOUVI

Journal du mali