Son départ de la primature a constitué, pour Soumeylou Boubèye Maïga, un moment tragédie. Les conditions dans lesquelles le président de la République a orchestré ce départ constituaient un lâchage en règle, une trahison, la seconde que IBK venait de lui infliger. SBM avait déjà encaissé l’épisode de l’humiliation de sa sortie manu militari du gouvernement en 2014, à la suite de l’esprit d’aventure du Premier ministre Moussa Mara. Son retour en grâce, on le comprend aujourd’hui, procédait d’un calcul de deux parrains, dont l’Algérie, qui concédaient à IBK une réélection, en contrepartie de son désengagement de la conduite de certains dossiers en faveur de SBM qui était leur choix.

 

Cela se justifiait à tort ou à raison, aux yeux de ces parrains, par la capacité de l’homme à pouvoir manœuvrer pour remporter les élections et sa supposée poigne de fer. De plus, les cinq ans du premier mandat avaient convaincu même les plus patients que l’homme, IBK, n’était pas taillé pour la fonction mais qui estimaient tout de même que son départ pouvait ouvrir la voie à une crise autrement plus aiguë, l’opposition à l’image de la classe politique dans son ensemble, jugée disposant de peu d’assise populaire. D’où une reconduction-récompense le 4 septembre 2018, en prélude à un agenda pour l’exécution duquel le dévolu avait été un temps jeté sur le… Général Moussa Sinko Coulibaly et qui avait bâclé ses chances par sa précipitation à ouvrir les hostilités. Déjà avant l’année électorale de 2018 !

Mais le fait pour SBM de précéder la motion de censure qui allait inévitablement l’éjecter n’a pas manqué de susciter l’appréhension du Palais. S’en suivirent dès lors moult tractations, pour IBK et ses fils dont Karim qui n’avait pas peu contribué à glisser peau de banane et autres sous les pieds du Premier ministre sortant, avec la mobilisation des ressources pour contrer les réactions d’un homme considéré à tort ou à raison comme dangereux et à la capacité de nuisance supposée élevée. A cet effet, le clan présidentiel, quelque peu hanté par sa propre audace et dans l’expectative voire l’appréhension, va dès lors s’entourer du chef des renseignements, le Général Diawara et autres officiers et aura recours, nous précise une source sollicitée, aux services d’une officine française d’obédience corse. C’est ce cabinet ainsi que les ‘’conseillers’’ au plan national qui pousseront IBK et son fils à faire des déclarations, presqu’identiques sur les conditions d’acquisition des aéronefs cloués au sol, hélicos pumas et avions Tucano. L’objectif était ni plus ni moins de ternir la réputation de SBM en le rendant responsable de toutes les avanies et sanglants revers subis par l’armée nationale du fait de pratiques de prédation et de corruption dont il se serait rendu coupable en tant que Ministre de la défense, escomptaient-ils faire croire à l’opinion.

IBK tombe dans le piège tendu devant SBM

La suite, on la connaît qui n’a pas encore fini de produire tous ses effets. Et pour cause, la lettre de plaidoyer pro domo de l’ancien ministre de la défense adressée au Végal a été un sommet dans l’art de l’euphémisme qui a enfoncé le Président de la République dont on apprenait ainsi qu’il était personnellement englué jusqu’au cou dans la sombre et sordide affaire de surfacturation du marché des fournitures accordé à Mohamed Kagnassy, alors son conseiller spécial. De révélations en révélations, les scandales des marchés de fournitures et d’équipements de l’armée, depuis le début de l’ère IBK, ponctués de cadavres de militaires morts assassinés faute de matériels adéquats pour se défendre, ont si bien éclaboussé le Chef suprême des armées, l’aéropage de généraux ‘’embreloqués’’ l’entourant et surtout son puissant fils, président de la Commission défense de l’armée qui semble ignorer tout des dessous des marchés d’armements, que le Président de la République a dû allumer des contre-feux pour réduire l’incendie qui commençait à dévorer les marches mêmes du Palais. A cet effet, IBK, profitant d’une absence du pays, s’est résolu à lâcher le tonitruant Bakary Togola, devenu encombrant et peu cher à jeter en pâture.

Mais la boite de Pandore était déjà ouverte et IBK peine à y refermer les malheurs qui en sortent. En effet, d’après le confrère Aujourd’hui-Mali, c’est à la faveur de la plainte du BIPREM que l’on a appris que le marché des fournitures de l’armée, relancé malencontreusement par le Vérificateur (la maladresse est le propre des amateurs), avait déjà fait l’objet d’un classement sans suite, alors qu’à l’époque le même IBK avait juré, la main sur le cœur que des «têtes allaient tomber». Vu sous cet angle, quel crédit faut-il encore accorder aux assurances d’un Président de la République qui a à nouveau assuré, à la faveur de l’embastillement de son pus que soutien Président de l’APCAM, qu’il n’interviendrait pas pour arrêter le cours de la justice ? Car, jusque-là, aucune tête n’est encore tombée dans le dossier de surfacturations des fournitures de l’armée dont aucune chaussette même à 40.000 Fcfa la paire, n’a été livrée et dont plus d’une dizaine de milliards Fcfa ont été empochées en guise de commission, du moins le croit-on. Pourtant, d’après certains PTF, un ministre de la République a été épinglé pour avoir fait transférer, au cours de cette affaire,  environ 500 millions Fcfa sur le compte de son rejeton.

SBM, l’obsession de IBK et de ses fils

Depuis quelques semaines, IBK s’évertue en dénégations et ne cesse de donner des assurances, en soulevant la question des marchés sulfureux d’acquisition des fournitures et d’équipements de l’armée. Mais plutôt que la traduction d’une volonté de lutter contre la corruption, la seule préoccupation de IBK n’a été jusque-là que de durablement détruire la réputation de son ancien Premier ministre.

En effet, on a constaté que déjà quelques jours seulement après le départ de celui-ci, survenait sur l’affaire des 18,5 milliards Fcfa accordés sur traites par Bakary Togola et Baba Berthé. Le premier se revendique comme l’artisan mercantile de la ‘’victoire’’ électorale de la dernière présidentielle dans les zones rurales CMDT et Office du Niger, pratiquement toutes les régions sud et centre du pays à forte densité de population, où sont concentrés presque les deux tiers des électeurs. Quant au second, ancien Ministre de l’agriculture et actuel PDG de la CMDT, il doit sa longévité à la tête du géant cotonnier à son appartenance maritale à ‘’Ma Famille d’abord’’. Dans ce dossier, tout avait été mis en œuvre pour compromettre SBM considéré comme l’ami de l’opérateur Doucouré, bénéficiaire de cette soudaine générosité. Nous en avons eu la preuve quand le principal protagoniste nous a assuré personnellement qu’à la fois ‘’Ibrim’’ (IBK soi-même) et ‘’Diawara’’ (le puissant et inamovible Directeur général de la Sécurité d’Etat) ont dépêché des ‘’agents’’ auprès de lui pour obtenir copies des documents (traites et factures produites), tout lui demandant, avait-il alors assuré, de rester serein.

Par la suite, c’est le Vérificateur général lui-même qui sera sollicité, en publiant de façon inopportune, un rapport 2014 de son prédécesseur qui ne l’avait pas jugé utile. Le fait est que Samba Alhamdou BABY, en veine de servilité, n’est autre que l’ancien Secrétaire général de Hamadoun Konaté, l’inamovible ministre de la solidarité et des affaires sociales par ailleurs, comme par un heureux hasard, beau-frère par alliance du Président de la République comme un certain PDG. Certains confrères se sont d’ailleurs étonnés, de façon perfide, quant à l’empressement de Baby à publier un rapport vieux de cinq ans, alors des structures comme l’INPS ou la CANAM, qu’il avait institutionnellement eu en charge, avaient besoin de vérification, tant ces deux structures souffraient de carence de gestion, notamment la filiale parisienne de l’INPS, dirigée par une certaine Mme… BABY nommée dans de sombres conditions.

On comprend alors que le soudain souci du Président IBK et de son fils Karim Kéita, président de la Commission défense de l’Assemblée, relatif aux scandales financiers et détournements autour des marchés de fournitures et d’équipements militaires procèdent d’une opération Com savamment planifiée. Quand le python avale un hérisson, le repas, si petit soit-il, lui reste en travers de la gorge, en s’accrochant par ses petits piquants jusqu’à ce que mort s’en suive !Bakary Mamadou Coulibaly

EchosMédias