À 24 heures de l’ouverture des concertations au niveau national du dialogue national inclusif, prévus demain samedi, la plateforme Anw ko Mali dron dit ne pas y aller. Ses membres se sont expliqués sur les motifs de ce rejet, mardi, face à la presse, au mémorial Modibo Keita.

Six mois après sa déclaration sur la situation sociopolitique et sécuritaire, la plateforme Anw ko Mali dron a encore porté son regard sur le dialogue national inclusif, dont les concertations au niveau national s’ouvriront demain samedi. Sa position n’a pas évolué : elle ne participera pas non plus à cette phase du dialogue national inclusif annonce-t-elle. La plateforme n’avait pas participé à l’atelier de validation des TDR par le comité national d’organisation.

La plateforme déclare que le changement de dénomination de dialogue politique inclusif en dialogue nationale n’a pas pris en compte toutes les dimensions du Mali en crise, la globalité, sa profondeur de la crise et les citoyens de l’intérieur comme de l’extérieur et en se voulant être le conducteur pertinent pour une véritable union sacrée.

D’autres motifs de rejet évoqués par la plateforme concernent les changements apportés à la question de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et à la révision de la constitution. Les formulations des objets et dans les résultats attendus, la thématique N° 1, laissent entendre que le seul objectif inavoué de ce dialogue n’est autre que la révision constitutionnelle en lien avec l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, s’indigne la plateforme.

Pour Anw Ko Mali dron, en fixant la date du 14 décembre pour l’ouverture des concertations du niveau national, le président de la République parachève un processus de dialogue national inclusif bien loin de celui qu’il avait promis à la nation le 16 avril passé.

De l’avis de la présidente d’AKMD, Mme Sy Kadiatou Sow, l’adresse du président de la République ne règle pas le problème. L’annonce de la mise en place d’un mécanisme n’a rien de nouveau. Il a beau être indépendant, ceux qui vont le suivre quel pouvoir ont-ils pour rendre obligatoire les recommandations et résolutions issues du dialogue national inclusif. Cela n’est pas de leur rôle souligne-t-elle.

A en croire la conférencière, la plateforme recommande aujourd’hui que le chef de l’Etat s’engage lui-même à donner une force contraignante à toutes les recommandations issues de ce dialogue national inclusif.

Se disant consciente qu’aucun sacrifice n’est de trop pour le Mali, pourquoi s’oppose-t-elle donc à prendre aux travaux à ses assises ? Ce n’est pas un refus pour le plaisir de s’opposer à une initiative des autorités, répond Mme Sy Kadiatou Sow. Nous ne sommes pas opposés à des rencontres avec les facilitateurs. Nous n’avons pas fermé les portes. Nous avons la conviction que ce n’est pas la bonne voie pour permettre au Mali de sortir de cette situation.

La plateforme considère qu’il faut un autre dialogue, pour autant, précise la présidente, cela ne signifie pas que AKMD va tenir un contre dialogue la question n’est pas exclue, mais cela ne dépend pas seulement de la plateforme Anw Ko Mali dron. Ce dialogue national véritablement inclusif est indispensable et incontournable si on veut sortir de cette situation, mais nous considérons que ce dialogue tenu comme tel on n’est pas bon pour le Mali.

La conférence de presse a aussi abordé la situation sécuritaire du Mali. AKMD a réaffirmé son soutien aux forces de défense et de sécurité et invité le gouvernement à les doter en moyens adéquats et conséquents pour mener à bien leurs missions, de changer radicalement la gouvernance de la défense et de la sécurité et consacrer, exige-t-elle, des ressources suffisantes au financement des opérations de défense et de sécurité. Pour la plateforme Anw Ko Mali Dron, il est aussi important que la France clarifie sa position par rapport à Kidal et de créer des conditions d’une rencontre stratégique et davantage de synergies entre les Fama et les autres forces de sécurités.

 

Redéfinir les contours

L’invitation du président Macron adressée aux présidents du G 5 Sahel de se rendre à Pau le 16 décembre, pour Anw ko Mali dron doit être une opportunité de lever toutes les ambiguïtés autour des relations entre le G 5 Sahel et la France. Nous ne sommes pas apposés au départ du président, a éclaircie Mme Sy, mais il doit y aller pour défendre les intérêts du MaliNous ne refusons aucun partenariat s’il peut être avantageux pour le Mali, mais à condition que les autorités aient ce courage politique et la volonté réelle de se soustraire de cette forme de tutelle qui, depuis maintenant de longues années s’exerce sur notre pays. Au-delà de cette rencontre, qui est importante, c’est de redéfinir les contours de ce partenariat avec la France comme avec d’autres. Aucun de ces pays ne viendra juste pour visiter le pays. Ils viennent dans leurs intérêts.

Kadiatou Mouyi Doumbia

Source: Mali Tribune