Au travail, on lie parfois de véritables amitiés et de forte relation de confiance, et lorsqu’un collègue comme l’ambassadeur Vieux Touré nous quitte si brutalement, on peut ressentir une grande tristesse semblable à la perte d’un trésor.

Les mots me manquent pour exprimer ce que je ressens. Je m’efforcerai de me souvenir de certains faits ayant marqué notre relation d’amitié. Je sais que le film de nos confidences et de nos interactions est celui d’un long-métrage. Que de beaux souvenirs et des moments agréables passés ensemble. Il ne reste que des souvenirs – que des souvenirs. Hélas !

De retour de l’ENA de France en 2006, je fis la connaissance de l’ambassadeur Vieux Touré à la direction des affaires politiques comme chef de département Afrique, puis directeur adjoint. Avec l’ambassadeur Daou et Vieux Touré c’était l’exemple type d’une complicité remarquable entre un directeur et son adjoint qui partagent des valeurs communes d’humanité. C’est dans cette atmosphère de collaboration franche et sincère que je découvris l’homme. Il m’a vite adopté, et est devenu au fil du temps un chef, un ami, un frère et un confident.

Tu as été à mes côtés dans toutes les épreuves professionnelles et sociales. Même étant mon directeur adjoint, j’étais honoré fréquemment par tes visites surprises dans mon célibatorium au quartier de la Cité Unicef à Bamako.

Tes conseils avisés m’ont incliné à la sagesse et souvent à la retenue. Ils ont aidé à renforcer ma résilience face à de nombreuses situations. Je me souviendrai toujours de notre dernière conversation, la veille de ton départ sur Bamako pour assister aux obsèques de ton frère aîné, le président ATT.

Après m’avoir confié une mission personnelle, tu terminas la conversation avec un ton très amical : “Cher ami après la pandémie Covid-19 je viendrai à Washington DC pour passer quelques jours de repos”. Je comprends maintenant que c’était un adieu. Tu vas beaucoup nous manquer surtout la jeune génération des affaires étrangères en laquelle tu fondas beaucoup d’espoir. Tu entretenais avec chacun une relation toute singulière, teintée de courtoisie et de respect malgré la différence d’âge.

Je n’ai plus la force de poursuivre ni l’énergie pour tenir la plume si longtemps. Je vais devoir me résumer :

L’ambassadeur Touré était un modèle d’humilité, de compétence et d’engagement au service du Mali. Malgré les conditions de vie difficile en Libye, tu avais constamment souci de tes collaborateurs et de la communauté malienne. Il était très généreux dans le partage d’expérience et de conseil.

Dors en paix, cher aîné et ami. Puisse Allah t’accueillir en son Paradis. Amine

“Les morts vivent tant qu’un seul vivant les porte encore en lui”.

Source: Aujourd’hui-Mali