Une fois n’est pas coutume, je donne raison à mon cousin. Il a affirmé devant ses compatriotes aux Etats Unis que les «les Maliens ne l’ont pas élu pour qu’il se suicide». Je te le concède, cousin. D’ailleurs, j’aime mieux te savoir à mes côtés qu’à six pieds sous terre.

 IBK ibrahim boubacar keita rpm

Oui, cousin, les Maliens ne t’ont pas élu pour ça. Néanmoins, tes propos sont d’une énormité incroyable. Car, vouloir présenter les choses de cette manière, ceci relève d’une démarche dépourvue de tout sens. En effet, présentés comme tu l’as fait, parce qu’ils ne sont mis dans leur contexte, les faits paraissent biaisés ; la vérité s’en trouve donc écorchée.

Les Maliens ne souhaitent pas te voir mort en ce moment, puisqu’ils que tu as une dette envers eux : celle d’honorer le contrat moral et d’honneur qu’ils ont signé avec toi en t’élisant à la magistrature suprême du pays. Par contre, ils, les Maliens, souhaitent que tu puisses donner un peu de toi, te sacrifier à la mesure de leurs aspirations. Car, quoi que tu sois le premier Malien, de par ta position, tu n’es pas seul Malien et le plus méritant d’entre tous.

Au demeurant, les Maliens t’ont donné une grande leçon d’humanisme. Ils t’ont montré qu’ils ne sont pas des aigris et ne ressassent pas les rancœurs. Autrement, ils ne t’auront pas élu président de la République, surtout ceux qui souffrent encore des fâcheuses conséquences de tes décisions mal inspirées. C’est toi qui as fermé les écoles en 1993 au dessein prétexté de retrouver une accalmie et, in fine, trouver des solutions durables aux problèmes de l’école. Vingt ans après, les mêmes problèmes perdurent. Malgré tout, les Maliens ont voté pour toi, dont des victimes de cette situation.

Les Maliens n’ont pas la rancune tenace comme tu sembles en avoir pour ceux qui dénoncent la vanité de l’achat de «ton» avion. À ta place, je me sentirais ridicule de ne dire que des vanités aux Maliens de l’étranger. Lors même qu’ils souhaitent que tu leur apportes l’espoir d’un Mali résolument tourné vers le progrès et la prospérité. Ils soupirent que tu aies souci de leurs préoccupations au quotidien.

Tu mérites un avion, mais les Maliens méritent mieux qu’une certaine morgue qui, toutes proportions gardées, ne te sied guère. Je me permets de te rappeler un lieu commun : «La main qui donne vaut mieux que celle qui reçoit». Les Maliens t’ont donné, ils valent mieux que toi. Entend les cris de ces désespérés de ta gouvernance, dont la plupart se recrute parmi tes «électeurs», et accepte de donner un peu de toi. Je sais qu’une tête de mule n’en est pas capable.

Issiaka SISSOKO 

SOURCE: Le Reporter  du   20 août 2014.