Blessés dans leur amour propre, les magistrats ont finalement transformé leur engagement syndical en un baroud d’honneur. Ce durcissement de ton indique que le plus difficile pour IBK n’aura pas été sa victoire contestée à la présidentielle passée, mais le début d’un mandat programmé pour être difficile. Le commandant de bord du bateau Mali semble avoir raté le tir dès l’amorce de son second quinquennat : le navire est ivre, corrompu et les passagers sont malades.

On peut surtout reprocher au président IBK d’avoir négligé l’humeur des syndicats de la magistrature qu’il a choisi de négliger superbement. L’audience du lundi dernier entre lui et les syndicalistes, si elle avait eu lieu plus tôt, aurait largement suffit à arracher un moratoire aux grévistes en attendant que les finances du pays se portent mieux.

Mais le président et son Premier ministre ont choisi de saboter l’élan des magistrats dans un premier temps en voulant les réquisitionner. Le tour de vis passe mal, les magistrats décident de ne rien lâcher. Par ailleurs, il n’y a pas que les magistrats qui soient mécontents du mutisme et de la négligence de la part des hautes autorités du pays.

Il y a aussi les écoles privées qui ont entamé une grève à l’ouverture des classes, même s’ils sont moins radicaux que les magistrats. Eux, ils réclament un dû qui était acquis bien longtemps: le paiement des subventions accordées par le gouvernement pour que des élèves puissent être encadrés dans leurs établissements.

Là encore, un dialogue aurait pu prévenir le débrayage qui est une réponse au détournement d’objectifs budgétaires. En effet, le peuple s’interroge : Comment comprendre que des dépenses inscrites dans le budget national puissent être bloquées si longtemps? Où sont donc partis les fonds programmés pour ces dépenses?

Le cauchemar des promoteurs d’écoles privées est de voir les arriérés de subvention s’accumuler. L’urgence pour eux, c’est obtenir de l’argent afin de s’acquitter de leur devoir social : payer les enseignants qui encadrent les élèves subventionnés.

Le drame pour le Mali est que la liste des mécontents s’allonge de jour en jour. On peut notamment citer les producteurs d’aliments bétail, matière première produite sur place ; les fournisseurs de gaz, produit de première nécessité pour les ménages. Même les Directeurs de finance et du matériel (DFM) et les responsables de ressources humaines  sont sur les dents. Chacun de ces services tend vers une crise aigue, faute d’un engagement de l’Etat à prendre le devant pour soulager les populations.

C’est décidément un mandat piégé que le président IBK entame avec des contingences politiques qui risquent de l’affaiblir davantage. Le report des législatives met déjà le parti présidentiel(le RPM) en ébullition en exacerbant le conflit interne qui la mine. Par ailleurs, de nombreuses personnes commencent à s’impatienter au sein de l’alliance qui a contribué à la réélection  d’IBK ; histoire d’avoir leur part du « gâteau Mali ».

Dans ces conditions, le pouvoir peut dire adieu aux reformes politiques promises devant les Nations Unies. L’on doute fort que l’application de l’Accord d’Alger la goûte d’eau qui déborde le vase. L’opposition qui se prépare à de nouvelles batailles a de quoi acculer le régime désormais en déphasage avec toutes les forces vives du pays.

Soumaila T. Diarra

SourceLerepublicainmali