Ibrahim Boubacar Kéïta dit IBK, candidat du RPM, et Soumaïla Cissé, porte-étendard de l’URD, arrivent au 2ème tour de la présidentielle avec respectivement 39,24 %  et 19,44% des suffrages exprimés, sous réserve d’éventuelles réclamations dont la Cour Constitutionnelle aura été saisie.

Photomontage de Soumaïla Cissé (gauche) et Ibrahim Boubacar Keïta (droite)  © AFP

Photomontage de Soumaïla Cissé (gauche) et Ibrahim Boubacar Keïta (droite)
© AFP

Prévu pour le 11 août prochain, ce scrutin nous renvoie à un véritable choc des Titans entre l’ancien Premier ministre IBK et l’ex-ministre des Finances, ancien Président de la Commission de l’UEMOA, Soumaïla Cissé. Tous deux sont des vétérans, rompus aux arcanes de la lutte politique au sommet, et disposent d’un imposant capital d’expériences des rouages de l’Etat.

 

 

Qui donc, de l’enfant de Banikane Narhawa  (cercle de Bourem), aux lunettes rondes d’intellectuel,  avec un visage poupin d’éternel jeune et un sourire commercial rivé au coin des lèvres, et du torero de Sébénincoro, à la force tranquille du buffle manding,  enverra l’autre dans le Tartare, c’est-à-dire la section la plus basse de l’Enfer, dans ce combat qui s’annonce singulier?

 

 

L’avenir immédiat nous le dira. Entre le serval du désert et le lion de la savane, qui  signera son nom en lettres d’or dans les annales de l’histoire en qualité de 5ème Président de la République du Mali? IBK confirmera-t-il son statut de favori en conservant sa large avance de 20 points, ou même en creusant l’écart? Confirmera-t-il sa stratégie gagnante du vote populaire et mettra-t-il ainsi échec et mat Soumaïla Cissé?

 

 

Ce dernier, au moyen d’une botte secrète, parviendra-t-il à combler son retard, et même à se tailler une longueur d’avance sur son concurrent, pour créer ainsi la surprise? L’avenir immédiat nous le dira. Même s’il convient  d’ajouter qu’un scénario à la guinéenne, avec Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo, est peu probable, les contextes n’étant pas les mêmes. Il convient aussi de prendre conscience que les réalités du 1er tour sont différentes de celles du second, le nombre de candidats, les regroupements et alliances, les inévitables trahisons et les volte-face de dernière minute entrant en ligne de compte.

 

 

C’est  à celui qui aura réussi à transformer la plus grande réserve de voix en votes réels et mobilisé le plus grand nombre d’électeurs que la victoire sourira au soir du 11 août. La récompense sera le Palais de Koulouba, avec ses ors et ses lambris dorés. Et le pouvoir, avec les honneurs et les immenses privilèges qui s’y rattachent. L’enjeu, c’est aussi la mission quasi-divine, fort exaltante, d’améliorer le sort de 15 millions de Maliens et de faire entrer le Mali dans le cercle envié des pays émergents.

Re-mo-bi-li-sa-tion tous azimuts et sans délai, tel devrait être le maître mot pendant ce 2ème tour. Les nuits des deux candidats et de leurs lieutenants devraient en blanchir. Il s’agit de faire sortir les électeurs de leur torpeur et de leur traditionnelle apathie politique. Historique, le taux de participation de 51,54 % a été salué par tous. Mais il reste entendu que près de 49 % des électeurs n’ont pas pu, ou surtout n’ont pas voulu, voter, malgré le fait qu’ils aient reçu leurs cartes NINA.

 

 

Il s’agit d’aller pêcher dans cet énorme lot d’indécis ou de déçus de la politique. Nous sommes en plein hivernage et la pluie pourrait s’inviter à la fête et impacter négativement sur la participation. Au détriment de qui? Allez savoir.

 

 

En définitive, le réveil des candidats et des fantassins qui se seraient laissé gagner par Morphée, le Dieu du sommeil, risque d’avoir un goût de cendres au soir du 11 août.

 

Enfin, il est clair qu’au-delà des images martiales par nous utilisées pour les besoins de l’écriture, ce vote doit être l’occasion d’une fête démocratique. Politique, le combat doit se dérouler avec fair-play et élégance et doit être exempt de toute violence, verbale ou physique.

 

Et, au-delà des ambitions et des agendas personnels des candidats et de leurs partisans, c’est le destin du Mali qui doit compter par-dessus tout. Le Mali, un pays meurtri, qui revient de très loin. Le patriotisme commande de lui donner la chance de se relever pour qu’il retrouve son honneur perdu, sa dignité et la place respectable qui est la sienne dans le concert des nations.

Yaya Sidibé