La tendance, après le début du dépouillement du premier tour de l’élection présidentielle au Mali, est à une nette avance pour l’un des favoris, Ibrahim Boubacar Keita. Les résultats provisoires et officiels doivent être publiés au plus tard vendredi, mais de premiers chiffres collectés par des journalistes maliens montrent que Keita, 69 ans, pourrait créer la surprise et l’emporter dès le premier tour.ibrahim boubacar keita rpm ibk bureau de vote sebenikoro koulouba

En cas de second tour, le scrutin se tiendrait le 11 août.

Dès que ces informations ont été diffusées par les radios locales, des milliers de partisans d’Ibrahim Boubacar Keita, dit IBK, se sont rendus au quartier général de son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM) et à son domicile de Bamako. Ils scandaient «IBK, l’homme qu’il nous faut». «C’est le peuple qui a parlé !», hurlait l’un d’eux. Ibrahim Boubacar Keita, ex-Premier ministre, cacique de la vie politique malienne, est l’un des deux grands favoris du scrutin avec Soumaïla Cissé, 63 ans, ancien ministre des Finances et ex-président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa).

Les Maliens ont voté sans incidents, et en nombre. Des observateurs nationaux indépendants ont constaté «une grande mobilisation des électeurs», surtout dans le sud, où se trouve Bamako, la capitale.

Après avoir voté à Bamako, entouré d’une cohorte de partisans, Ibrahim Boubacar Keita a affirmé qu’après cette élection, «seul le Mali sera gagnant» pour «oublier le cauchemar» qu’il vient de vivre. «Aujourd’hui, il faut tourner la page», a de son côté déclaré Soumaïla Cissé en votant dans la capitale ; «il faut retourner dans le calme à des institutions républicaines».

Un vote sous surveillance de l’ONU, de l’armée malienne et de 3 200 soldats français

La présidentielle doit rétablir l’ordre constitutionnel interrompu le 22 mars 2012 par un coup d’Etat qui a précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes islamistes de la mouvance Al-Qaïda. Ces groupes étaient, dans dans un premier temps, alliés à la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Le scrutin intervient six mois après le début d’une intervention militaire internationale menée par la France. Il s’agissait de stopper une avancée vers le sud des islamistes armés et de les chasser du nord qu’ils occupaient depuis neuf mois.

Dans les villes du Nord, Kidal, Gao et Tombouctou, région qui a subi en 2012 la violence et l’occupation de rebelles touareg et de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, le vote s’est tenu sous la surveillance de casques bleus de la force de l’ONU, la Minusma, et de l’armée malienne, assistés par 3 200 soldats français restés au Mali. Un des groupes jihadistes qui ont occupé le nord, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), avait menacé samedi de «frapper» les bureaux de vote et tenté de dissuader «les musulmans maliens» de prendre part au scrutin.

Le président par intérim, Dioncounda Traoré, qui ne se présentait pas, a affirmé en votant que c’était «le meilleur scrutin» que le Mali ait organisé depuis son indépendance de la France en 1960. De son côté, le président français, François Hollande, a salué «le bon déroulement du scrutin présidentiel malien, marqué par une mobilisation importante et une absence d’incident majeur».