Il était dans l’imaginaire populaire au Mali,  surtout à Bamako, qu’un ressortissant de Sébénikoro ne pouvait accéder à une haute fonction d’Etat compte tenu de la position géographique de ce quartier de la capitale malienne. Cette légende vient de tomber avec l’élection fracassante d’Ibrahim Boubacar Kéita à la plus haute fonction du pays.

ibrahim boubacar keita bureau de vote sebenikoro groupe scolaire urne isoloir gardes du corpsQuartier périphérique situé en commune IV du district de Bamako, Sébénikoro était considéré dans le temps comme un quartier ‘’maudit’’. Et pour cause, toute personne y résidant ne pouvait connaitre l’ascension ni sur le plan professionnel encore moins sur le plan politique ou économique. C’était cette légende, c’est-à-dire l’histoire qui relève de la rumeur et qui n’a aucun fondement, qui était propagée dans l’esprit de nombreux de nos compatriotes. Selon certaines personnes, un couple en manque d’enfant avait de la chance d’en avoir s’il aménageait à Sébénicoro. Et par contre, un haut fonctionnaire se voyait perdre son poste ou était révoqué si jamais il aménageait derrière le pont ‘’Woyowayanko’’. Un riche commerçant perdait sa richesse s’il déménageait à Sébénicoro.

 

Avec cette croyance, beaucoup de nos arrières-parents ont ainsi bradé leurs biens notamment des parcelles situées à Sébénicoro pour échapper à la malédiction divine. Leurs descendants sont de nos jours dans le regret et, souvent, très démunis.

 Aucun fondement scientifique ou religieux

Cette croyance, faut-il le rappeler, n’a aucun fondement ni social ni juridique, encore moins religieux. Interrogés par nos soins, des chefs religieux et notables du quartier n’ont pas démenti cette rumeur même s’ils ne sont pas en mesure de donner l’origine de ce mythe.

Depuis le bitumage du tronçon reliant Djicoroni-para à Sébénicoro, le quartier a changé de visage. Des édifices y ont été construits et des familles aisées sont venues s’y installer. Des ministres d’ATT, et non des moindres, y résidaient, dont Hamed Diane Séméga. Avec ce gouvernement de transition, plusieurs ministres y logent avec leur famille. Il s’agit entre autres de Malick Coulibaly, ministre de la Justice, Baba Berthé, ministre de l’Agriculture,  le ministre de l’Education, Bocar Moussa Diarra. En outre, plusieurs directeurs de service et surtout des magistrats, avocats, inspecteurs des douanes, professeurs d’enseignement supérieur, médecins…vivent à Sébénicoro. La construction de la Cité Ifabaco par le régime ATT a été l’apothéose pour ce quartier. En plus de sa proximité avec le centre-ville et notamment la Cité administrative, son accès est très facile. Ces habitants font à peine 15 minutes pour rallier le centre des affaires, c’est-à-dire l’Aci 2000 ou le grand marché. Sébénicoro est de nos jours un quartier prisé par bon nombre de Bamakois.

L’élection d’IBK à la magistrature suprême de notre pays vient ainsi mettre fin définitivement à cette fameuse légende selon laquelle tout responsable politique aspirant au pouvoir ne l’aura pas tant qu’il habite Sébénicoro, un quartier où IBK réside depuis 2000. De cette date à nos jours, IBK a occupé toutes les hautes fonctions du pays. Il fut député et de surcroit président de l’Assemblée nationale et aujourd’hui Président de la République.

Un moment donné, des rumeurs couraient sur le déménagement du prince de Sébénicoro en Commune I du district de Bamako. IBK avait-il privilégié sa résidence secondaire au profit de son domicile ? Etait-ce pour échapper à la fameuse légende ? En tout cas, il fait habituellement ses prières de vendredi à la grande mosquée de Sébénicoro, de 2000 à nos jours. Il n’a jamais interrompu ce rituel. On peut dire sans risque de se tromper que le pouvoir est désormais derrière le pont Woyowayanko,sur la route de la Guinée.

Birama FALL