Dans l’entretien qu’il nous a accordé le mercredi dernier dans son bureau de l’Ecole de maintien de la paix, le Général de brigade Moussa Sinko Coulibaly, qui a démissionné de l’Armée, le 30 novembre dernier pour, disait-il, «contribuer à trouver des solutions aux défis politiques… »se donne le « devoir d’envoyer une nouvelle équipe à Koulouba ».

Ses motivations ? L’Officier supérieur saint-cyrien est sans équivoque. «J’aimerais apporter plus de contributions au débat politique. La situation actuelle n’échappe à personne. Depuis quatre ans, la situation sociale, sécuritaire, économique, politique, scolaire ne fait que se dégrader. Il est impératif qu’on essaie d’inverser la tendance qui fait qu’aujourd’hui nous nous enfonçons toujours un peu plus dans la crise et on a les yeux rivés sur un rendez-vous important de l’année prochaine, l’élection présidentielle ».

Il précise c’est une devoir et une opportunité formidable pour notre pays «d’envoyer une nouvelle équipe à Koulouba, parce que nous pensons que l’équipe actuelle a complètement échoué. Elle n’a pas la solution, elle n’a pas envie, elle n’a pas la volonté d’essayer de faire face aux défis de l’heure actuelle. Donc, nous pensons que le changement, le vrai changement passe par un certain nombre d’étapes et la première étape qu’il faut réussir c’est les hommes et femmes qui seront chargés d’animer la vie politique, économique et sociale de ce pays. Nous allons nous mobiliser et nous donner tous les moyens pour que l’année prochaine, on ait les élections et  une nouvelle équipe à Koulouba ».

A la question de savoir si le Général Coulilaby sera candidat, il répondra qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs et que le plus important, c’est l’objectif. « Il faut que chacun de nous soit prêt à assumer pleinement le rôle qui lui sera attribué. Aujourd’hui, je me prépare à assumer tout rôle qui me sera attribué par les Maliens…. Les ambitions personnelles doivent être placées au second plan. J’ai envie de contribuer à ce projet à 100%. Je n’ai pas une ambition particulière pour dire que ce projet c’est pour le général Sinko, c’est pour  l’amener à telle fonction particulière, non ».

A propos de cette surprenante démission de l’Armée dans un Mali en guerre, il souligne qu’il a quitté l’armée, «mais en fait, la vraie démission aurait été de s’asseoir et croiser les bras à ne rien faire. Quelqu’un qui dit oui je vais servir davantage le pays, on peut difficilement qualifier ça de démission. Je pense que c’est l’inverse qui aurait été une démission. Pouvoir apporter une contribution et ne pas le faire serait plus grave ».

Comment peut-il atteindre cet ambitieux objectif sans appareil politique de soutien ? Moussa Sinko Coulilaby estime que le Mali a besoin de toutes les forces vives, de toutes les énergies positives qui existent dans le pays. «On ne va pas créer forcément un appareil spécifique, mais un mouvement, une plateforme qui permettra d’absorber toutes les énergies positives, une plateforme qui va accueillir des partis politiques, des associations, des ONG, des individus, toutes personnes soucieuses d’un vrai changement  dans ce pays. C’est vers là qu’on veut aller, c’est-à-dire un mouvement populaire qui permettra de fédérer toutes les énergies ».

A la question de savoir s’il encore très proche de l’ex-junte d’Amadou Haya Sanogo, notre interlocuteur dira que cet élément n’est pas déterminant dans son projet. « Le projet que nous voulons s’adresse à tous les Maliens, les rapports particuliers restent dans le domaine privé, donc pas d’impact particulier sur notreobjectif. Nous voulons un projet national; que tous ceux qui vivent sur le sol national et ceux qui sont en dehors, les Maliens qui sont là, les étrangers que tout le monde trouve un espace d’épanouissement dans ce projet ».

Et d’ajouter queses fonctions au ministère de l’Administration territoriale lui ont permis de créer des contacts avec des partis politiques, des associations, des hommes politiques et que ces rapports sont entretenus. « Ce n’est pas maintenant que j’ai commencé à travailler avec eux ou à les contacter. Cela fait très longtemps qu’on mûrit la réflexion, les partis politiques et les hommes politiques font partie de la solution et il faut intégrer tout le monde… », a-t-il expliqué. Et de conclureque le changement est possible. «Il faut y croire et se mobiliser pour cela. Ce qui nous arrive aujourd’hui n’est pas forcément une fatalité. Nous pouvons aujourd’hui faire de notre pays un beau pays, prospère… », a-t-il confié.

Bruno et Harouna KONE

Par Mali-Horizon