Avec la multiplicité des attaques terroristes contre les forces armées maliennes, symptomatique et symbole d’un pays insécurisé mais aussi en difficulté, les ministres de la Défense Dahirou Emmanuel Dembélé et son homologue de la Sécurité intérieure et de la protection civile Salif Traoré, ont fait l’objet d’interpellation de la part des élus de l’Assemblée Nationale la semaine dernière. Les questions ont porté sur les pertes en vies humaines, militaires et civils, le cas des déplacés et la protection des populations.Les explications données par l’Exécutif auront permis aux députés de savoir que seule une union sacrée autour de l’armée est la panacée nationale.

 

Aujourd’hui, on assiste à « la sanctuarisation de Kidal », selon les députés maliens qui ont expliqué que le cas malien ressemble,actuellement, à « une hécatombe » malgré la présence sur nos terres de 4500 éléments de la force Barkhane, du G5 sahel et surtout de la MINUSMA.

Lors de cette interpellation, les élus de la Nation ont expliqué la responsabilité et la complicité dela France et des forces étrangères basées dans notre pays dans les attaques de Mondoro etBoulkessi. Pour eux, le Mali est trahi par ceux qui semblent être ses partenaires extérieurs. Voilà pourquoi les députés à l’unanimité ont demandé un sursaut national pour soutenir les FAMAs au moment où la situation des déplacés, tantôt logés dans des écoles, tantôt dans des logements sociaux, est devenue un cas de conscience.

Aucours de cette interpellation, le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile, le Général de Division Salif Traoré a fait une intervention très remarquée. « Aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années », ce dicton colle bien à Monsieur Traoré. Sur la question du député Sangaré, l’insécurité règne sur les lignes de démarcation entre le Mali et le Burkina Faso et le concept de pays frontières semble occulté dans une zone où Dialassagou, Beye et Sokourasont laissés à leur propre sort. La problématique de la lenteur de nos troupes a été signalée en cas d’alerte sur la présence ennemi. Pour le ministre Salif, l’envoi des troupes pour protéger les populations et traquer les terroristes obéit à un minimum de précaution. Selon lui, la hiérarchie prépare les forces de sécurité, donne des consignes dès que l’alerte est donnée. « Il faut se préserver avant de secourir » a fait savoir le ministre pour qui il ne faut pas envoyer nos braves militaires à la boucherie. Avant d’ajouter que la menace est diffuse et que la stratégie utilisée est le pré-déploiement par petits groupes très mobiles pour taper l’ennemi.

Pour la sécurisation d’ensemble du pays, le ministre a lancé un appel à tous les Maliens sans exclusive pour la cohésion sociale. Pour le cas des réseaux sociaux incontrôlés dans notre pays, le Général est formel :« Il faut éviter un désarmement moral des troupes ». Et de conclure par ces conseils porteurs : « Attention ! chacun doit se poser des limites ».

Comme on le voit, c’est un ministre très informé, dissuasif, mais aussi au parfum de l’actualité qui avait atterri au Perchoir pour éclairer la lanterne des députés dans les moindres détails concernant la situation sécuritaire au centre et au nord du Mali. Aussi, faut-il rappeler que c’est encore le ministre Salif qui a inculqué la notion de sécurité de proximité à nos troupes. Cela les sert plutôt bien sur les fronts.

C’est la France surtout qui a reçu des morsures à pleines dents des députés. Elle s’en est sortie avec des plaies béantes difficilement cicatrisables. « Elle n’est ni notre père ni notre mère » a dénoncé un Elu national. Décidément, l’Hexagone doit changer sa politique sécuritaire au Mali sinon la vengeance est un plat qui se mange froid.

Issiaka Sidibé

 Le Matinal