De deux choses, l’une pour le Chef du gouvernement : se retirer en toute élégance après le désaveu du CNT agréé par le président de la transition à travers le Décret de promulgation? Attendre tout bonnement d’être limogé ?

Le patron du Conseil national de transition (CNT), Colonel Malick Diaw, est un des cinq officiers qui ont renversé IBK, parachevant ainsi le mouvement insurrectionnel du M5-RFP. Le président de la Transition, Colonel Assimi Goita, n’a jamais eu une opportunité que celle qui s’offre à lui actuellement de se débarrasser de Choguel. Car ce n’est pas lui qui serait indexé, mais plutôt le CNT, dont les membres ne sont pas moins des protégés des principaux auteurs du coup d’Etat militaire.
Les langues se délient. Nombreux sont les Maliens à se demander quelle attitude adopterait un Premier ministre «lâché en plein vol» (du fait de ses propres turpitudes) par des «amis» du M5-RFP, et d’une bonne frange de la classe polémique malienne. Un Premier ministre devenu le «mouton noir» du troupeau aux yeux de la communauté internationale. Dans ces conditions, une «bouée de sauvetage» pour sauver sa tête paraît impensable tout comme ambigüe la situation pour lui et son clan.
Prendra-t-il sa belle plume pour déposer (selon les bonnes mœurs politiques) sa lettre de démission sur la table du chef de l’Etat, ou attend-il d’être chassé comme un malpropre, la pire humiliation pour le premier des ministres qui reste dans tous les cas un simple fusible pour son chef ?
Mais comme la démarche du Colonel Assimi Goita n’a rien de celle d’un Machiavel, tant mieux donc pour Choguel Maïga, dont nous nous gardons de juger le bilan au regard de la complexité de la situation malienne.
Mais que se passerait-il si, demain, le PM Choguel était remercié pour avoir perdu l’estime et la confiance d’un Colonel Goita mis devant le « fait accompli » par le vote massif de la loi électorale par le CNT contre l’avis du gouvernement ? Bien malin qui pourrait répondre pour l’heure à cette interrogation.
Et si cela devait arriver, il ne resterait plus qu’à lui trouver un nouveau point de chute digne de son rang. Comme un poste d’ambassadeur «extraordinaire et plénipotentiaire» en Russie ? Cela ne devrait pas trop faire grincer les dents vu sa parfaite maîtrise de l’univers russe.
Mais une chose est certaine : Choguel parait « ’inoxydable ». Dans un passé pas trop lointain, il était l’un des principaux animateurs du radical Collectif des partis politiques de l’opposition – COPPO – contre le régime d’Alpha Oumar Konaré. Plus récemment encore, il a été une «éminence grise» du très composite mouvement du M5-RFP. Devrait-on oublier pour autant qu’il est aussi le président du MPR qui a toujours revendiqué fièrement l’héritage politique et moral du régime de Moussa Traoré ?

B.CAMARA/Le Challenger