Au fur et à mesure que nous nous approchons des législatives  qui s’ouvrent en termes de campagnes électorales avec la journée de la femme (8 mars), l’arène entre en ébullition, les fronts politiques se resserrent, les jalousies et les antagonismes avec en toile de fond, la stratégique position politique du ministre Soumana Mori Coulibaly écartelé violemment entre l’Adema, le FARE et le RPM.

 

Mais les observateurs les plus avisés savaient pertinemment que les querelles se focaliseraient autour du RPM, de l’ASMA et de Soumana Mori Coulibaly, un faiseur de rois de grande dimension qui sait ce qu’il fait, là où il se trouverait. Aujourd’hui, la communication politique des sympathisants du RPM, des adversaires de Soumana Mori et pire, ceux de l’ASMA, ne vont que dans un seul sens, celui du ministre détesté, mais absolument craint. À tort ou à raison, le RPM n’a jamais arrêté de guerroyer son cadre militant, celui-là même que son bureau politique national avait élu au poste de premier secrétaire à la communication et président de sa fédération régionale à Ségou. Le premier croc en jambe est intervenu lorsque, au sein  du parti, des cadres s’étaient essayés à un jeu qui consistait à le faire coiffer au poteau par le Chef de Cabinet du président, Bou Touré de Niono. La suite est connue. Il a fallu sa propre intervention pour que Boua, son rival au fauteuil  de président soit élu à la vice- présidence de la fédération de Ségou.

Soumana Mori a accepté le RPM, mais jamais le RPM, n’a voulu de Soumana Mori.

En 2013, après les incompréhensions entre lui et les FARE AnkaWuli qu’il venait d’honorer avec un bataillon de députés, il aurait sans doute pu retourner à l’Adema et les députés fraîchement élus avec sa bénédiction, mais il prit sur lui, la résolution de rejoindre les rangs de ses anciens camarades du RPM. Après tout, le RPM, L’ASMA et l’Adema, c’est du blanc bonnet, bonnet blanc. Les deux et mêmes l’URD, le Miria et l’APR sont tous issus du même Adema. On se précipitera à dire que, son ralliement au RPM se justifiait par la position dominante de cette formation censée très proche du président de la République fraîchement élu, ignorant que personne dans le proche entourage du président n’est réellement RPM. La Première dame, la personne la plus proche du président est RDA, fidèle et loyale au parti de l’indépendance, le parti de son père Attaher Maïga, qu’il repose en paix à jamais. Karim son fils est parti en indépendant alors qu’il aurait pu briguer en qualité de candidat RPM. Le RPM, disons les choses comme elles sont, n’a jamais accepté tous ceux qui sont venus après l’élection du président. Ils ont tous été perçus et traités comme des opportunistes. Et qui est-ce qui ne ferait pas de l’opportunisme lorsqu’il est question de la politique, de postes liés à l’exercice dans ce pays ? Proche de Soumeylou qu’il soutiendrait en ces législatives ? Mais qui est-ce qui ne serait pas proche de Soumeylou Boubèye Maïga ? À l’avènement de la démocratie pluraliste, on ne pouvait être à l’Adema si on n’était pas sous la protection de l’un des deux puissantes abeilles : Le président Konaré et le puissant patron de sa Sécurité d’État, son homme de confiance, Soumeylou. Un groupe de cadres sans attache réelle avec les tombeurs de Moussa au nombre desquels, Assarid Ag Imbarcaouane, Ibrahima Abba Kantao, Soumana Mori Coulibaly, Marimantia Diarra, Issa Diarra, le loyal chef de cabinet, le ministre Ag Moussa et tant d’autres, constituaient les fidèles lieutenants de Soumeylou et tous ont profité de sa puissance pour émerger en occupant des postes stratégiques dans l’administration. Abdoul Karim Konaté et Sékou Diakité dans la catégorie des petites abeilles à protéger, à aider et à grandir politiquement parlant.

Le RPM pourrait-il s’en prendre à quelqu’un ?

Il n’est désormais un secret pour personne que, l’éviction de Soumana Mori du Gouvernement Boubou Cissé, n’est que l’œuvre du RPM qui selon des sources dignes de foi, a mis tout son poids dans la balance pour qu’il ne revienne plus dans un gouvernement dont il serait la tête de pont. Et puisque les tisserands étaient prêts à renoncer à toute participation au cas où Soumana Mori aurait été ministrable retenu dans le premier gouvernement de Boubou Cissé. Dès lors, Soumana Mori avait-il d’autres choix que de rallier l’homme pour lequel son parti le combattait avec tant de hargne, de détermination ? Cela était un secret de polichinelle, Soumana Mori était considéré au RPM comme l’homme lige de Soumeylou qui était haï et détesté dans le camp des tisserands.

Soumana Mori aussi

Si le RPM ne peut s’en prendre qu’à lui-même aujourd’hui avec le soutien de Soumana Mori pour le candidat ASMA, qui n’est autre que son jeune frère, Soumana Mori aussi paie la rançon de sa bruyante transhumance entre l’Adema, les FareAnkaWuli et le RPM. En 2012, il justifiait son départ par le fait que l’Adema grande force politique de l’époque, n’avait en son sein aucun candidat crédible susceptible selon lui de faire la différence, et ce malgré la présence de Dioncounda dans le starting-bloc. Et après la présidence de 2013, sa supposée opposition à un congrès qui ferait de Modibo Sidibé le président du parti. Des choses que le citoyen lambda n’est pas en mesure d’étudier pour en cerner les contours, se contentant de ce qui lui est reporté via les médias. Les leaders politiques sont connus pour être de vraies tombes, discrets et aphones sur tout ce qui concerne leur propre personne. Mais, à notre humble avis, Soumana Mori Coulibaly après son départ du parti FARE, devrait directement revenir à l’Adema avec l’ensemble de ses élus nationaux de la 4e région. Mais, il préféra le RPM sans une analyse sobre et percutante de ce qui lui arriverait en regardant du côté de ce parti qui, continuait à voir le président Ibrahim Boubacar Keïta, sa chose à lui. La récompense de sa longue traversée du désert. Et c’est là tout le malheur de ce parti que le président Keïta personnellement tiendrait à bonne distance. Les inimitiés en politique sont courantes et féroces et c’est dans cette insolente transhumance que Soumana Mori fait l’objet de tant de haine, tant de repoussement, au RPM, au Fare, à l’Adema. Craint, mais horriblement détesté parce que politiquement très puissant et adulé par tous dans son bled natal qu’est le cercle de Bla. Mais une fois de plus, pourquoi toutes ses transhumances ?

Cheick Alpha Sow

LE COMBAT