Boubacar Bah dit Bill « La démission du président par intérim n’est pas effective »boubacar bah dit bill vice president adema pasj

Dans cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, le vice-président de l’ADEMA-PASJ et maire de la commune V du district de Bamako, Boubacar Bah dit Bill analyse le contexte politique des lendemains de l’élection présidentielle 2013, la crise que traverse son parti, l’avenir du regroupement politique FDR auquel appartient le parti de l’abeille.

Pour ce haut responsable  et membre fondateur du PASJ, la Ruche doit s’auto-évaluer dans un débat franc et sincère pour définir clairement le chemin à prendre.

Ce chemin dépendra des résultats que le parti engrangera lors des prochaines élections législatives.  » L’ADEMA, c’est comme le phénix. Il renaîtra de ses cendres « , a-t-il assuré avant  de démentir la démission du président par intérim, Iba N’Diaye, du Comité exécutif du parti rouge et blanc.

Quelle analyse faites-vous de la présidentielle qui vient de se dérouler ?

Je pense que les résultats provisoires sont là et nous avons tous félicité le nouveau président de la République. Du fond du cœur, comme il l’a dit :  » le Mali d’abord  » ; tout le monde doit à son niveau se battre pour le renforcement de notre démocratie, afin que ce qui nous est arrivé n’arrive plus jamais. Il faut relever le niveau de la classe politique malienne.

Nous sommes tous conscients et la population sait que mars 1991 a eu lieu. C’est après cela que nous avons connu des errements. Il faut que nous tirons des leçons de tout cela. Il faut que nous ayons une classe politique digne ; c’est-à-dire qui accepte de construire la démocratie qui suppose une majorité et une opposition. De tout temps, il n’y a jamais eu d’unanimité ou d’unanimisme pour la construction démocratique.

L’ADEMA a perdu cette présidentielle au sein d’un regroupement qui est le FDR. Allez-vous animer l’opposition ?

Je crois qu’il faut attendre les résultats des élections législatives à venir avant de se positionner. Avant cela, c’est purement faire de la spéculation que de dire nous ou d’autres vont animer l’opposition.

Nous devons rester sereins et avoir le courage de nous asseoir, d’argumenter dans un débat d’idées franc afin d’établir le bilan de notre participation à l’élection présidentielle et dégager les attitudes à adopter pour aller aux législatives. S’il est vrai que tout le monde a le souci de l’unité et de la cohésion, nous allons passer cette étape; l’ADEMA vient de loin, ne l’oublions pas.

Ce sont des hommes et des femmes qui de part leur conviction, leur engagement se sont donné la main, pour fonder ce parti. Nous avons une histoire… Nous devons nous retrouver pour nous dire les quatre vérités, sans nous insulter pour analyser notre situation et faire jaillir la vérité.

Quelle lecture faites-vous de la crise actuelle au sein de l’ADEMA : son candidat a appelé à soutenir le président élu et une frange est restée au sein du FDR aux côtés du candidat malheureux Soumaïla Cissé ?

Dès que vous avez décidé à un moment donné de vous donner un accord politique, vous êtes tenu de le respecter. Souvenez-vous du groupe Espoir 2002. Ils ont formé une alliance commune : le RPM, le CNID et le MPR. Ils ont respecté cette charte et ça a marché. Il faut donc s’en tenir à cet accord. Dans cette situation, moi, je n’ai pas changé, c’est le candidat qui s’est dédit.

Il avait réaffirmé son appartenance au FDR, revoyez vos archives… S’il change d’avis, ce n’est pas que le parti doit le suivre. Regardez l’histoire politique de ces vingt dernières années. C’est vrai, il y a des postures opportunistes. C’est-à-dire des gens qui veulent toujours être du côté des gagnants.

On  a parlé du consensus mou. Je faisais partie de ceux qui ont dit en 2005 que l’ADEMA devait avoir son candidat à la présidentielle 2007 contre ATT. J’étais avec feu Mandé Sidibé et Soumeylou Boubèye Maïga. Trois sections de Bamako avaient soutenu cette position ; ce sont la Commune III, la Commune IV et la Commune V. Nous avons eu le courage politique de descendre à la base.

Section par section pour tenir des conférences. Si on a le souci de la cohésion et de l’unité, on doit se comprendre et poursuivre notre marche. Mais si on n’a pas le souci de l’unité, certainement, il y aura des séparations mais il faut qu’elles soient précédées de débats constructifs

Etes-vous optimiste quant à l’avenir du parti ?

Vous savez, l’ADEMA, c’est comme le phénix. Il renaîtra de ses cendres. Nous avons perdu les élections ; mais ce n’est pas la première fois que nous avons perdu. Depuis Alpha nous avons perdu en 2002. Il faut simplement que nous nous asseyons pour faire le bilan sans complaisance de nos forces et nos faiblesses; depuis la désignation de notre candidat jusqu’à l’élection. Nous devons discuter sans tabou afin de entrevoir sereinement notre avenir.

En politique, il n’y a pas de génération. On vient d’élire un président de 68 ans. Il faut voir quel chemin il a fait avec nous. Il a fait un long chemin. On parle d’Obama mais on n’oublie qu’il a été sénateur du Michigan d’abord. Si nous avons connu toutes ces ruptures là et qu’on les a surmontés, c’est que les esprits ont dominé les cœurs et la raison a fini par prévaloir.

De 1994 à aujourd’hui, nous sommes à la brèche. Cela fait 20 ans de combat, de militantisme. Nous partirons, mais après avoir évalué notre parcours… Nous ne cherchons pas un positionnement carriériste.

Quid de la démission du président par intérim du parti, Iba N’Diaye du comité exécutif ?

Cette démission n’est pas effective et nous sommes en en train de discuter pour aller à ce débat dont je parle.

Le FDR a-t-il un avenir politique ?

Les responsables du FDR vont s’asseoir pour faire le bilan. Ils peuvent se dire :   » nous nous sommes battus du 24 mars 2012 à aujourd’hui, il s’est passé ceci et cela, nous allons adopter telle ou telle attitude « . En un mot, je pense qu’ils peuvent se retrouver pour évaluer le chemin parcouru ; constater par exemple que le retour à l’ordre constitutionnel est effectif, la Constitution est sauvegardée, l’ordre républicain est réel, et chacun retrouve sa liberté. Mais, je ne suis pas membre du bureau du FDR, ce ne sont que mes propres réflexions.

Un message pour le nouveau président de la République et aux Maliens ?

Je souhaite bon vent au nouveau président de la République. Ce que je peux dire c’est sincèrement plaider pour qu’il ait les mains libres afin de diriger le pays dans l’intérêt exclusif des Maliens. C’est à lui de former son gouvernement avec les compétences dont il a besoin et faire face aux nombreux défis auxquels le paysest confronté.

J’appelle les Maliens à rester sereins et à se mobiliser pour le renforcement de notre démocratie.
Nous devons adopter les attitudes qui s’inscrivent en droite ligne de la réconciliation de notre peuple pour nous permettre d’avancer.

Interview réalisée par Bruno Djito SEGBEDJI

Source: L’independant