Sécurité, école, carte Nina, les élections locales du 17 décembre prochain, des organisations  de la société civile,  des syndicats et l’opposition politique ont décidé de rompre le silence.

 

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Hier face aux hommes de médias à la Maison de la presse, le chef de file de l’opposition politique, l’honorable Soumaila Cissé, s’est indigné de la gouvernance du président Ibrahim Boubacar Keita. « Le peuple malien ne mérite pas cette gouvernance », a-t-il dénoncé.   

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11 partis politiques de l’opposition, des organisations de la société civile, le Conseil supérieur de la diaspora et des syndicats ont animé hier une conférence de presse à la Maison de la presse pour dénoncer un certain nombre de situations et de pratiques dans le pays. Selon eux, leur sortie médiatique se justifie par la situation socio- économique, sécuritaire, scolaire, la  restriction de la liberté de la presse et la mauvaise gouvernance. « La situation qui meurtrit notre pays est d’une extrême gravité car le Mali n’a jamais été confronté à de telles et persistantes difficultés qui constituent aujourd’hui une réelle menace pour son existence. Elle est caractérisée par l’insécurité, la politisation de l’école, l’occupation illicite de l’espace médiatique (ORTM), l’envahissement des panneaux publicitaires et affiches de campagnes à but exclusif électoraliste et les élections programmées en 2017 et 2018 », a égrené l’honorable Amadou Thiam, par ailleurs président de l’ADP-Maliba, anciennement membre de la mouvance présidentielle. « L’embrasement du nord du Mali s’est généralisé à travers le centre qui constitue aujourd’hui le nœud névralgique de l’insécurité; le sud et l’Ouest connaissent des actes de banditismes sans pareils. Cette crise profonde s’amplifie de jour en jour avec son cortège de victimes innocentes », a-t-il commenté. Et avant de déplorer qu’aucun progrès n’a été enregistré après la signature des accords de paix issus du processus d’Alger. « Plus qu’au nord, la situation sécuritaire dans le delta est telle que l’Etat n’y exerce quasiment plus son autorité sur plus de la moitié de ce territoire, laissant le champ libre aux terroristes et bandits d’appliquer leurs infâmes lois et qui, depuis l’installation de l’état-major du G5 sahel, accentuent la pression. Les récentes incursions des groupuscules armés qui se sont rendus maitres de certaines localités confirment l’occupation totale ou partielle d’une grande partie de la région par des hommes armés. L’illustration la plus parfaite est le cas de Kouakourou dans le cercle de Djenné. Face à cette situation, le pouvoir garde un silence coupable. Il faut en conclure que cette situation traduit l’échec du président de la République qui, en moins d’un an de la fin de son mandat, ne peut que constater les indiscutables dégâts de sa politique… »

S’agissant de la politisation de l’école et l’occupation illicite de l’espace médiatique (ORTM), l’envahissement des panneaux publicitaires et affiches de campagnes à but exclusivement électoraliste, le président de l’ADP-Maliba a rappelé que « la rentrée scolaire 2017-2018 s’est déroulée dans un contexte où plus de 500 établissements scolaires restent fermés dans les régions de Gao, Kidal, Ségou, Mopti et Tombouctou. Plus de 150 000 enfants sont ainsi privés de leur droit à l’éducation, et forcés à rester à la maison en raison de la persistance de l’insécurité dans le Nord et le Centre du Pays. Au Sud du pays, les autorités s’adonnent à la politisation de toutes les sphères de la société y compris la communauté scolaire sans se préoccuper des conséquences désastreuses sur l’unité nationale. Les présidents des partis politiques de l’opposition républicaine et démocratiques à l’issue de leur réunion du vendredi 13 octobre 2017 se sont préoccupés de cette situation qui perdure dans l’indifférence totale d’un gouvernement.  Il s’agit de la distribution de cahiers à l’effigie du président de la République, de son fils, du président et du 1er vice-président de l’Assemblée nationale, en violation flagrante des lois de la République qui répriment ces libéralités en période électorale, l’octroi d’un véhicule confligène à l’AEEM quand le campus est dépourvu de matériels didactiques », a-t-il dénoncé.

Le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaila Cissé. a demandé aux partenaires de l’école de poursuivre leurs efforts afin de maintenir la quiétude et l’égalité des chances entre tous les enfants du pays. « Rien n’est contrôlé par le gouvernement, même les élections du 17 décembre prochain. Nous avons ont été surpris de constater que le gouvernement a fixé la date des prochaines élections communales, de cercles et de régions au 17 décembre 2017. Nous condamnons cette attitude unilatérale du gouvernement qui avait pourtant été saisi par l’opposition par une lettre en date du 19 septembre 2017 dans laquelle elle avait exprimé ses préalables à toute discussion sur les élections. C’est pourquoi, nous réitérons la pleine réalisation de ses préoccupations à savoir la résolution dans la transparence des 900 000 cartes NINA de trop évoquées par le vérificateur général, donc suspecte d’une manipulation programmée par le régime en place, l’utilisation de la biométrie pour garantir la transparence des élections, comme c’est le cas dans la plupart des pays de la sous-région et l’audit du fichier électoral… »

« Si les rapports 2013 et 2014 du Vérificateur général ont fait ressortir un préjudice de 153 milliards, celui de 2015 parle de plus de 70 milliards de nos francs détournés ou dilapidés suite à une évaluation partielle. Ainsi de 2013 à 2015, on déplore une perte  totale de 223 milliards pour notre pays qui peine à équiper son armée faute de moyens. Et pourtant l’année 2014 avait été déclarée année de lutte contre la corruption », s’est étonné le chef de file de l’opposition. « Le peuple malien ne mérite pas cette gouvernance. Il faut une alternance en 2018 » a-t-il conclu.

Bréhima Sogoba, Moctar Dramane Koné, stagiaire

Source: L indicateur du renouveau