Un civil ou un militaire… ? Et voilà qu’on tombe même dans des comptes d’apothicaires, à trier, calculer les années sous régime militaire et celles sous civils. Comme si ça avait eu une différence dans nos vies.

 

Moi en fait, je me souviens du jour que je me suis écriée, consternée par l’incivisme : «Il nous faut un militaire au pouvoir» ! A l’époque, c’était ATT (Amadou Toumani Touré, 8 juin 2002-22 mars 2012) au pouvoir. En fait, cet homme, je ne sais pas s’il est militaire ou s’il ne l’est pas. Il le fut certainement, mais à partir de 2002 l’est-il resté ?

Au début de la démocratie, sous Alpha, un Monsieur, très content m’a dit : «tu as vu les routes ? Alpha a bien travaillé» ! Je n’étais même pas encore active ou éveillée politiquement, mais je me souviens avoir répondu ceci : «au point où en était le Mali, même bouger une aiguille aurait pu être vu de tous» !

Un civil ou un militaire ? Est-ce la bonne formulation pour le bonheur de notre peuple ? Pour le changement qu’il a réclamé de son sang ? Être civil ne fait pas de l’individu un «Républicain démocrate», pour respecter la formule consacrée. Être militaire, n’est point signe d’autorité, que l’on pourra exercer au sommet de l’Etat.

En tout cas, si dans notre histoire récente, vous avez vu une différence pour le peuple et le pays sur la base du régime, militaire ou civil, merci de partager avec nous. J’ai l’impression, que la question a été posée ainsi pour nous faire oublier les points essentiels de notre révolution, du changement que le peuple exige.

Nous avons trouvé, le nouveau «pro-antisme» autour duquel nous déchirer, chacun ayant des arguments et mêmes des noms qu’il cite avec conviction. Et le pire, c’est que ça se passe autour d’individus qui sont déjà là, positionnés en «Messieurs changement», que ce soit du côté des militaires ou des civils.

Je veux, personnellement un patriote, incapable de mettre en balance ses intérêts personnels et ceux de la nation. Quelqu’un d’humain profondément, de juste, de fort, de courageux, élevé ne serait-ce qu’en partie selon notre tradition.

Quelqu’un de digne, n’ayant aucun attrait pour les tapis rouges, les vins rouges, les femmes rouges, car ça finit toujours dans le rouge du sang du peuple. Il y a beaucoup de militaires. Il y a beaucoup de civils. Mais, combien il y a-t-il, parmi eux, de gens comme celui que j’ai décrit ? Et puis j’ai envie de dire une chose : un pouvoir fort, n’est pas fait par le costume !

Notre Etat, a vu son autorité s’effondrer sous le pouvoir d’un militaire… ATT ! Il a même accueilli, avec de l’argent de poche, des gens dont lui-même disait qu’ils avaient des armes que l’armée malienne n’avait pas… Un militaire qui commet cette erreur…hum !

Aussi, la corruption, le népotisme, les détournements abjects n’ont jamais été aussi ouvertement assumés et exhibés que sous IBK, le soi-disant Kankelentigui (homme de parole), dont le slogan fut et demeure peut être : «Le Mali d’abord» ! En tout cas, j’ai envie de lui demander du Mali dont il s’agissait. Nous avons en fait besoin de références, et non de carottes ou de bâtons. La carotte, chez nous finit toujours par être happée par un individu ou un petit groupe, au détriment des autres et le bâton finit par se retourner contre celui qui l’utilise.

Nous avons besoin d’exemples, de références, en termes de dignité d’honnêteté, d’abnégation, de droiture, d’humanisme… Et j’ai même envie de dire, qu’il faut les chercher, hors du «Star système politico-social». Des inconnus, auquel le Mali sera reconnaissant. Tenter de noyer la révolution dans un combat pro-militaire contre pro-civils, c’est faire preuve de mauvaise foi, consciente ou non, et aussi de peur du changement.

C’est aussi s’engager dans le chemin de l’incertitude pour l’avenir qui est très fragile pour nous. Tout peut basculer et nous le savons. Et si certains ne le veulent pas, d’autres, ceux qui se nourrissent du chaos et qui carburent à l’intolérance et à la haine en pensant que tout leur est dû parce qu’ils sont eux, veulent cette incertitude. Incertitude transformable en réalité de guerre civile ou de matage et de maltraitances accrues envers le peuple.

Euh, le CNSP, punaise ! Vous avez rencontré un vrai «Djo» (un vrai Monsieur) à Accra, à savoir le Capitaine Jerry John Rawlings… J’espère qu’il vous servira de référence… Qu’il vous inspirera par son amour de la justice, sa proximité avec son peuple et son envie de voir une Afrique fièrement dressée.

Peut-être aussi, avez-vous eu l’occasion de voir, ressentir, combien Modibo Kéita, le président enterré instituteur, est respecté dans le dit pays. J’avoue, sans honte, qu’à cause des rumeurs, dont on ne peut se soustraire quand on vit dans ce monde, j’ai parfois des doutes…sur votre bonne foi et vos intentions !

Les rumeurs que j’ai entendues, disent le porte-parole du CNSP proche de certains tenants de l’ancien régime, est-ce vrai ? L’avenir nous dira… Cet avenir, qui pour le CNSP, sera peut-être à l’image de celui du CNRDRE, l’organe de la junte de 2012. A vous de voir !

Mais ce qui est sûr, c’est que l’avenir du peuple malien, lui appartient. Et il s’est levé pour ça, en juin dernier.

Moussalaha té ni niénabo… Ni tièw désséra, ayé musow ni dènmisènw wélé, do kéra tibi taba la.

Autrement, on n’avancera pas en se voilant la face. Si les hommes sont incapables de nous faire avancer, faites alors confiance aux femmes et aux jeunes. On a déjà trop tergiversé !

KKS

LE MATIN